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Le Cosmos de New-York a dominé mardi la jeune sélection nationale cubaine (4-1) lors d'un match qui restera dans les mémoires comme le premier de l'ère du rapprochement engagé depuis fin 2014 entre les Etats-Unis et Cuba.
Sur la pelouse détrempée du stade Pedro Marrero de La Havane, le club de la star espagnole Raul a comblé en fin d'après-midi quelque 20.000 spectateurs pourtant contraints par les averses de se réfugier sous les deux tribunes couvertes de l'enceinte vieillissante.
Juste avant la rencontre, un coeur cubain a chanté les hymnes des deux pays qui ont décidé voici cinq mois de tourner la page de l'antagonisme forcené de la guerre froide. Rarement joué à Cuba, l'hymne américain a été accueilli par des applaudissements nourris.
Puis les spectateurs ont laissé éclater leur joie lorsque la légende brésilienne Pelé, ancien joueur du Cosmos dans les années 1970, est apparue en tribune d'honneur avant le coup d'envoi. Alors que la foule scandait son nom, le "roi" Pelé, a levé les bras en l'air en arborant son légendaire sourire.
Au coup d'envoi, la colonie internationale du Cosmos (9 nationalités) a vite pris la mesure d'une sélection cubaine visiblement rendue fébrile par l'émotion. Au milieu de terrain, Raul enfilait son nouveau costume de chef d'orchestre en distribuant le jeu.
Tour à tour, Lucky Mkosana (8e), Sebastian Guenzatti (32), puis Chirishian Hagop (35), ont impitoyablement profité des errements de la défense cubaine avant que le puissant Mkosana, de nouveau, fige le score à 4-0 à la mi-temps.
Après la pause, les joueurs du Cosmos ont levé le pied, permettant aux jeunes pousses cubaines (6 joueurs issus de l'équipe de moins de 21 ans sur la feuille de match) de s'illustrer enfin et de réduire le score par Andy Vaquero (50).
Ragaillardis et poussés par leur public, les jeunes Cubains auraient même pu prétendre à un score plus serré s'ils n'avaient pas tant pêché par précipitation devant la cage de Jimmy Maurer.
- 'Ces cracks vont nous aider'-
"Le football rassemble les peuples, et nous l'avons constaté aujourd'hui à la Havane", a commenté à la fin du match Raul, premier à l'applaudimètre de spectateurs peu rancuniers.
Dans l'enthousiasme ambiant, l'entraîneur vénézuélien du Cosmos Giovanni Savarese a même évoqué la possibilité d'une revanche aux Etats-Unis.
"La porte s'est ouverte aujourd'hui et nous pensons évidemment que cela pourrait être le premier volet d'un échange", a déclaré à la presse le technicien de cette équipe légendaire qui évolue aujourd'hui en NASL, l'équivalent américain de la 2e division.
De leur côté, les fans cubains étaient aux anges, et certains ont même brandi des drapeaux américains, vision encore impensable il y a quelques années sur l'île de Fidel Castro.
"Je joue au football depuis tout petit. Aujourd'hui c'est une grande joie de voir l'équipe du Cosmos jouer contre nous. Ces +cracks+ vont nous aider à nous améliorer", se réjouissait Leonel Hernandez en agitant deux drapeaux américain et cubain fixés sur un même manche.
"Pour nous les Cubains c'est quasiment impossible de voir une star de renom (telle que Raul) en face de nous, on ne peut pas laisser passer des événements comme ça", jubilait de son côté Manuel Diaz.
Il aura fallu attendre 26 ans depuis le dernier voyage d'une équipe de football américaine à Cuba. Le Chicago Sting avait alors profité d'une légère détente entre le régime castriste et l'administration du démocrate Jimmy Carter.
Mais depuis décembre dernier, tout s'est accéléré: une délégation de la NBA, la Ligue nord-américaine de basket-ball, est déjà venue pour un stage en avril, et les Baltimore Orioles, de la Ligue professionnelle américaine de baseball, ont prévu de disputer cette année une rencontre à La Havane.