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"Non, le club n'est pas mort!". Un an après les rêves brisés de montée en Ligue 2, Luzenac poursuit son chemin en amateur, cinq divisions plus bas, entre colère et passion pour le ballon rond.
Pas mort, Luzenac? L'inscription sonne comme un cri du coeur sur le tableau blanc des bureaux du stade, aux murs recouverts de fanions et de photos.
Avril 2014. Luzenac gagne sur le terrain le droit de monter dans le championnat professionnel de L2, un rêve pour ce village d'environ 600 habitants niché sur les rives de l'Ariège.
Le club amateur a pris son envol sportif grâce au soutien financier de son président, le promoteur immobilier toulousain Jérôme Ducros, et à l'arrivée comme directeur général de l'ancien champion du monde Fabien Barthez . Mais il se heurte rapidement au niet des instances du football pour des raisons financières puis de non conformité du stade.
L'affaire Luzenac deviendra le feuilleton à rebondissements de l'été, avant l'issue négative de septembre.
- 'Messi, Ronaldo' -
Christophe Rodriguez en est encore marqué. "Cela a été terrible à vivre psychologiquement", confie l'ancien directeur sportif et administratif du club, redevenu entraîneur bénévole des moins de 11 ans.
"On en garde beaucoup de rancoeur, la colère commence à se dissiper mais la plaie va rester ouverte toute la vie. On nous a enlevé le fruit d'une réussite sportive. La situation nous a échappé, c'était le pot de terre contre le pot de fer", souffle-t-il.
Une explication qui revient dans toutes les bouches au village: Luzenac a subi l'intransigeance de la Ligue de football professionnel (LFP) car il n'était qu'un "petit".
"On l'a tous très mal vécu, le LAP (Luzenac Ariège Pyrénées), c'était une fierté dans la vallée. Ca fait mal surtout quand on voit ce qui se passe à Nîmes", peste Carlos Pires, patron de l'hôtel restaurant La Pierre Blanche, en référence à l'annulation mercredi par la FFF de la rétrogradation du club de L2 décidée par la LFP dans l'affaire des matches truqués.
"On n'a pas le droit de laisser rêver les gens, les gosses, avant de leur dire non, vous n'avez pas les sous. Ici c'était la folie quand le LAP est monté, les gamins sautaient partout, les joueurs pour eux c'était Messi, Ronaldo !", poursuit-il.
Alors que l'affaire Luzenac est encore jugée sur le fond pour de longs mois par la justice administrative, le club poursuit son aventure cinq divisions plus bas, en DHR. Le retour au football du dimanche, un bond de près de 20 ans en arrière.
Tous les joueurs de l'équipe une sont partis, pour d'autres clubs de CFA, de National ou de L2, sauf Nicolas Dieuze, ancien joueur de Ligue 1 du TFC, et Franck Akaza.
"Le club n'est pas mort, loin de là. On a pris un KO mais on se relève et on repart à la bagarre avec beaucoup d'envie et de détermination", insiste Dieuze, 36 ans.
-'Ramer, ramer'-
Ce retour à l'amateurisme a un prix: les galères financières, la nécessité pour les bénévoles de reprendre leur bâton de pèlerin pour convaincre les entreprises d'être partenaires dans une vallée pauvre.
"Le quotidien, c'est ramer, ramer", explique Jacques Florence, secrétaire général. "Ce sont les finances qui vont nous bloquer. On a du mal à trouver 200.000 euros pour boucler le budget de DHR, comment on fera pour en trouver 400-500.000 ?", si le club remonte à terme à l'échelon national, en CFA 2?
Car à Luzenac, l'équipe n'a pas perdu son esprit de revanche et rêve en secret de regravir les marches une à une.
Samedi 30 mai, elle jouera face à L'Union, club de la banlieue toulousaine, sa montée en DH, le dernier échelon régional.
"Ca n'effacera rien mais ce serait une belle récompense pour le groupe, les bénévoles qui s'investissent malgré l'échec", espère Christophe Rodriguez. Avant pourquoi pas d'aller plus haut...
"Avant de mourir, je voudrais qu'on soit au moins en CFA 2. Pour que (Frédéric) Thiriez, (le président de la LFP) nous entende de là-haut", sourit Jacques Florence.