Happy Birthday : |
© AFP/Filippo Monteforte
Des supporteurs de la Lazio, lors de la finale de la Coupe d'Italie, le 26 mai 2013 à Rome
Le Championnat d'Italie, toujours confronté au problème du racisme dans ses stades, a changé de méthode cette saison et déjà fermé quatre fois les tribunes incriminées depuis le début de la saison, mais les offenses continuent.
Dimanche, les redoutés tifosi de l'Hellas Vérone ont entaché à Bologne la minute de silence à la mémoire des centaines de victimes du naufrage de la barque de réfugiés de Lampedusa. Rien de condamnable pénalement, mais le chant funèbre entonné avec ironie a choqué, et abimé l'image de la Serie A.
Déjà les deux clubs romains et les deux clubs milanais ont dû jouer cette saison chacun un match avec la tribune de leurs plus ardents tifosi fermée pour cause de racisme: insultes à Mario Balotelli , cris de singe contre Paul Pogba ou Kwadwo Asamoah, chant anti-napolitain ("Vésuve, lave-les tous")...
Et à la première nouvelle incartade, le stade sera à huis clos, conformément au tour de vis voulu par l'Uefa et adopté par la Fédération italienne (FIGC).
Les autorités essayent également de lutter contre les banderoles offensantes. Depuis 2007, il faut une autorisation préventive, mais les tifosi contournent la règle en entrant dans le stade avec chacun un bout de tissu sous le tee-shirt et font des travaux de couture avant-match.
"Isoler les coupables"
Alors les sanctions tombent. La Lazio Rome, club dont le public a la plus mauvaise réputation avec Vérone, devra même jouer un match à huis clos en Europa League. La saison dernière, la Lazio a déjà disputé dans un Olimpico vide ses deux derniers tours de C3, le 8e et le quart de finale, un gros manque à gagner, financier et d'image.
Pour Mauro Valeri, sociologue, directeur de l'Observatoire sur le racisme et l'antiracisme dans le calcio, "la Lazio n'est pas par hasard sur la liste noire de l'Uefa."
Le président Claudio Lotito, dénonce "une criminilisation a priori" de son club. Il rappelle que lors du match incriminé, les hooligans du Legia Varsovie ont "mis la ville à feu et à sang", et que son club est condamné "pour quelques supporters laziali insultant des polonais. Mais à ce compte-là tous les stades devraient être fermés!"
Mauro Valeri suggère à Lotito "de se mettre d'accord avec l'Uefa sur une ligne commune, plutôt que de se défendre des accusations". Prônant également la prévention antiraciste, il ajoute qu'il faut "isoler les coupables et ne plus leur permettre d'entrer au stade. Mais en Italie il y a trop de collusion entre équipes et tifosi".
"Une mauvaise image de l'Italie"
Tout cela se produit "dans un pays où un sénateur de la Ligue du Nord, Roberto Calderoli, a pu comparer publiquement le ministre - noir - de l'intégration Cecilia Kyenge à un orang-outan", rappelle le magazine Sportweek de la Gazzetta dello sport dans un dossier consacré au racisme dans le calcio.
Les incidents racistes au stade "donnent une mauvaise image de l'Italie en Europe, dit à l'AFP le sélectionneur national, Cesare Prandelli. Il faut impliquer les jeunes, eux peuvent grandir avec une culture différente du football, mais pour les adultes, selon moi, on aura du mal maintenant..."
"Si sur 50.000 personnes 49.999 sifflent le seul qui insulte, c'est culturel, si en revanche il y en a cent qui disent ce qu'ils veulent, sans filtre, et que personne ne dit rien, alors on ne va nulle part. Les gens doivent s'indigner quand un hymne est sifflé ou quand ils entendent un chant insultant ou raciste. Mais je ne pense pas que l'Italie soit un pays raciste".
Les "ouh! ouh!" simiesques adressés aux noirs, les insultes, "c'est odieux, commente le vice-capitaine de la Roma, Daniele De Rossi, mais combien parmi ceux qui lancent ces chants dans les stades sont vraiment racistes ou seulement ignorants? Ils le font pour insulter un joueur, pour se payer une rigolade sur ce qui n'est pas drôle. Et l'ignorance ne s'arrêtera jamais, comme le racisme."