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© AFP/DIMITAR DILKOFF
Le Luxembourgeois Gérard Lopez, alors propriétaire de lotus Renault pose devant le stand de l'écurie au Nürburgring lors du GP d'Allemagne, le 24 juillet 2011
L'homme d'affaires luxembourgeois Gérard Lopez, candidat exclusif au rachat de Lille, après avoir été écarté de celui de l'OM, est un fondu de foot, investisseur à succès, mais dont le passage en Formule 1, avec l'écurie Lotus, a laissé une impression contrastée.
Lopez, 44 ans, est actuellement en "négociations exclusives" avec le président Michel Seydoux pour racheter le club nordiste. Si elles durent aussi longtemps que celles de Lopez avec Renault pour revendre l'écurie Lotus, il faudra attendre le mercato hivernal pour que la situation se décante.
Une chose est déjà sûre: Lopez, d'origine espagnole, est un dingue de football, propriétaire et président depuis 2007 du club de sa ville natale, le CS Fola Esch. Et il était candidat cet été au rachat de l'Olympique de Marseille, jusqu'à la man?uvre de dépassement réussie dans la dernière ligne droite, comme sur une piste de F1, par l'Américain Frank McCourt.
Quand cet homme, barbe poivre et sel contrebalançant une calvitie, était sur les rangs pour reprendre l'OM, la rumeur, ensuite démentie, lui prêtait le projet de faire revenir sur la Canebière Marcelo Bielsa. Et quand il a repris l'écurie Renault en 2011, pour la rebaptiser Lotus, il a réussi à sortir de sa retraite Kimi Räikkönen, champion du monde 2007, qui venait de prendre deux années sabbatiques, en rallye.
- 4e avec Räikkönen -
Lopez a alors vécu deux saisons de rêve, grâce à Räikkönen et à Romain Grosjean. La petite équipe d'Enstone, avec ses moteurs Renault, a réussi à terminer deux fois au 4e rang mondial (2012-2013), derrière les écuries de pointe (Red Bull, Ferrari, Mercedes), avec un budget raisonnable (150 à 200 millions d'euros par an), celui d'un gros club de Ligue 1. En faisant venir en F1 des gros parraineurs comme Unilever, Coca-Cola et Microsoft.
Puis tout s'est gâté assez vite: le taciturne et très populaire Räikkönen est retourné chez Ferrari, les moteurs français sont devenus moins performants, à cause d'une nouvelle règlementation technique, et un pilote payant est arrivé, Pastor Maldonado, plus doué pour remplir les caisses d'Enstone avec ses pétrodollars que pour marquer des points en ralliant l'arrivée.
Comme si la F1 ne l'intéressait plus, parce que son écurie était rentrée dans le rang, Lopez n'est plus venu sur les GP, ou si peu. Et fin 2015, après six mois de négociations laborieuses, car techniques et juridiques, il a revendu son jouet à Carlos Ghosn pour un euro symbolique, à cause des pertes accumulées en 2014 et 2015.
Renault a trouvé à Enstone un champ de ruines, à cause de fournisseurs pas payés, de troupes démotivées et surtout d'un manque cruel de matière grise, les meilleurs éléments étant partis chez la concurrence, comme le Team Principal Eric Boullier chez McLaren et le directeur technique James Allison chez Ferrari.
- Un séducteur bien entouré -
Ses atouts dans le monde du foot ? Le Luxembourgeois est un homme de réseaux et l'un de ses amis de longue date n'est autre que le Catalan Marc Ingla, ex-directeur marketing du FC Barcelone (2003-2007). Il pourrait endosser un rôle majeur dans le projet nordiste.
Car Lopez sait s'entourer et, en grand séducteur, au sourire facile, sait attirer vers lui des gens a priori capables. Comme il sait réunir des investisseurs au sein de ses fonds luxembourgeois, notamment les deux plus connus, Mangrove et Genii Capital. Le premier était à l'origine du succès planétaire de Skype, ce qui a rendu Lopez très riche. Le deuxième, via sa filiale Gravity, a investi, entre autres, dans une filière de jeunes pilotes automobiles.
Ainsi, sur le terrain du foot, Lopez a reçu cette semaine le renfort de Luis Campos, ex-directeur sportif de Monaco convoité par Manchester United, l'AC Milan et le Real Madrid.
Mais attention, le charmant Gérard Lopez peut s'énerver. Quand il s'est rendu compte que les écuries de F1 indépendantes, comme Lotus, n'étaient pas aussi bien traitées, commercialement, que les "top teams", il a porté plainte, avec l'écurie indienne Force India, propriété du milliardaire Vijay Mallya, devant l'Union européenne, pour "concurrence déloyale".