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© AFP/Lionel BONAVENTURE
L'entraîneur du Paris Saint-Germain, Unai Emery au cours du 8e de finale aller, à Paris, de la Ligue des champions face au Barça, le 14 février 2017
Quand il était gamin, à Fontarrabie, Unai Emery pouvait presque toucher du doigt la France, de l'autre côté de la baie de Chingoudy. Sans s'imaginer qu'il y écrirait peut-être un jour l'histoire avec le PSG, tout proche d'un exploit mercredi soir à Barcelone en Ligue des champions.
Ses premiers pas de joueur, Emery les a faits sur le terrain de cette ville du Pays basque espagnol aux allures de carte postale, avec son port de pêche et ses maisons aux balcons colorés parfois couverts d'ikurriñas, le drapeau basque rouge, vert et blanc. A quelques encablures de la plage, où sa mère se baigne encore tous les jours de l'année.
Pour Unai, le foot est alors une affaire de famille: son grand-père, deux fois vainqueur de la Coupe d'Espagne avec Irun, et son père, qui a joué notamment à La Corogne, étaient tous les deux gardiens.
"C'était un bon joueur. Il était petit, très léger mais très habile avec une bonne conduite de balle, c'était un bon dribbleur et il avait une bonne vision du jeu", se souvient son entraîneur au Hondarribia (le nom basque de Fontarrabie) Futbol Elkartea, Mikel Jauregui, devenu vingt ans plus tard son adjoint à Valence et au Spartak Moscou et resté l'un de ses amis les plus proches.
- De joueur modeste à entraîneur à succès -
Doué, le jeune Emery part logiquement durant l'adolescence au centre de formation de la Real Sociedad de Saint-Sébastien. Joueur durant cinq saisons du "Sanse", l'équipe réserve de "la Real", il ne parvient pas à s'installer en équipe première, avec laquelle il ne jouera que cinq rencontres en première division en 1995-1996.
Il quitte alors le Pays basque pour jouer en deuxième (Tolède, Ferrol, Leganés) et troisième divisions (Lorca) et entame, dans ce dernier club à 32 ans, un parcours d'entraîneur météorique qui le mène en à peine plus de dix ans de la Segunda B (D3 espagnole) à trois titres consécutifs en Europa League avec Séville (2014, 2015, 2016).
Joueur modeste, il devient un entraîneur acharné et brillant. Une consécration sur le banc qui était écrite depuis le début.
"Unai avait beaucoup de personnalité, il débattait tout le temps. Si la forme de jeu ne lui convenait pas, il en discutait avec l'entraîneur. Il ne te disait pas oui pour te dire oui. Il était un peu le chef de l'équipe, le directeur du jeu et il donnait des conseils de placement" à ses coéquipiers, un peu comme un coach, raconte Mikel Etxarri, qui a été son entraîneur à "la Real".
S'il manquait de "compétitivité" en tant que joueur, "meilleur aux entraînements qu'en match", il a transformé ce défaut en "force" sur le banc où il est au contraire "très compétitif", souligne Jauregui. "C'est un travailleur, un passionné, qui pense 24 heures sur 24 au football".
Couronné de succès à Séville, aurait-il pensé un jour qu'il deviendrait l'entraîneur le plus en vue dans ce pays qui fait face à Fontarrabie ?
"Il n'y a que la Bidassoa (le fleuve qui marque la frontière entre Espagne et France, ndlr) qui nous sépare", souligne son cousin Iñaki Artola, assis sur un quai du port en montrant Hendaye et la France où lui-même a grandi.
"Je ne sais pas si le destin était écrit" pour Unai avec la France "mais quand il a commencé sa carrière d'entraîneur, j'ai essayé de le taquiner pour qu'il vienne entraîner le club des Eglantins d'Hendaye mais je pense que ce n'était pas trop son objectif", plaisante-t-il.
- Fêtes de Fontarrabie et sanctuaire de la Guadalupe -
Passant sa vie au Camp des Loges, Emery redescend dès qu'il le peut dans son Pays basque natal. "Il est très aimé et il vient beaucoup ici. Tout son parcours rend les gens fiers. Il n'a pas été un joueur d'élite et on ne lui a rien offert", juge Jauregui.
Quand il ne monte pas prier au sanctuaire de la Guadalupe sur les hauteurs de la ville, Emery passe son temps en famille, avec ses amis d'enfance ou à marcher sur le front de mer, confient ses proches, selon qui il ne raterait pour rien au monde les fêtes de Fontarrabie qui célèbrent, début septembre, la victoire sur les Français après le siège de la ville en 1638.
"C'est quelque chose auquel il tient. D'ailleurs, je crois que quand il prie" sur le banc durant les matches, "il doit se demander +pourvu que le calendrier tombe un jour où je n'ai pas entraînement pour que je puisse venir aux fêtes+", sourit son cousin Iñaki.
Et du Pays Basque au toit de l'Europe, il n'y aura un jour qu'un pas pour Unai (45 ans), jure Mikel Jauregui. "Je ne sais pas avec quelle équipe ce sera mais j'en suis convaincu, il va gagner la Ligue des Champions".