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Tous les deux doivent vivre avec le fantôme et l'héritage de Carlo Ancelotti : Laurent Blanc , qui vit sa troisième saison sur le banc du Paris SG, et Rafael Benitez , qui vient de succéder à l'Italien sur celui du Real Madrid, ont plus d'une difficulté en commun.
. Vus du vestiaire
Arrivé à l'été 2013 sur la pointe des pieds, Blanc s'est attaché à séduire un vestiaire qui regrettait le départ d'Ancelotti. Du "Mister" italien respecté de tous, notamment des stars (Ibrahimovic, Silva, Motta), au "Président" dont l'aura et le surnom ne prévalaient qu'en France, il y avait un déficit que Blanc a entrepris de combler par sa philosophie de jeu, favorisant autant le beau que l'efficace. Et qui a fini par remporter l'adhésion. Réfractaire aux conflits, Blanc, à qui il est reproché de laisser trop de place à l'autogestion, a cependant aussi su faire preuve d'autorité vis-à-vis de certains (Cavani, Lavezzi), en janvier lors du stage au Maroc. Sa reprise en mains du groupe a payé et Blanc a gagné du respect, tout en maintenant l'empathie. En témoigne cette image des joueurs embrassant Blanc après l'exploit réalisé à Chelsea en 8e de finale retour de C1 (2-2 a.p.) en mars.
Malgré son imposant palmarès, avec notamment une Ligue des champions remportée avec Liverpool (2005), Benitez est loin d'avoir l'aura d'Ancelotti, qui a été un joueur de haut niveau, notamment à l'AC Milan. Cela s'est ressenti à Madrid dans la connaissance du vestiaire de l'Italien et sa gestion tout en rondeur des stars et des egos. Ronaldo et Ramos, deux poids lourds du vestiaire, avaient d'ailleurs pris position pour le maintien de "Carletto" en fin de saison dernière. Pire: peu après sa nomination, Benitez a commis un impair en refusant de qualifier publiquement Ronaldo de "meilleur joueur du monde", une habituelle figure imposée au Real, avant de devoir rétropédaler... C'est dire si l'Espagnol a fort à faire pour conquérir son effectif.
. Vus du club et des supporteurs
Les dirigeants voulaient Mourinho, Wenger, Capello voire Benitez... Les supporteurs rêvaient d'un grand nom. Ils ont eu Blanc. Un choix subsidiaire. Pas assez bon ni respectable, Blanc ? Le temps a retourné la tendance, avec notamment le quadruplé historique domestique de la saison passée. Blanc, prolongé jusqu'en juin 2016, a balayé le scepticisme en France. Mais ce territoire ne suffit plus, il faut conquérir pour toutes l'Europe. Après trois chutes en quarts de finale (dont deux avec lui aux commandes), Blanc sait qu'il joue surtout son avenir sur une progression marquante en C1.
Ancelotti a gagné l'affection du public en remportant la tant attendue "Decima" (2014), la dixième C1 de l'histoire du club. Benitez sait qu'il va devoir faire aussi bien, avec la contrainte permanente au Real de devoir développer un jeu léché. A son arrivée, Benitez a dit vouloir mettre sur pied "un Real qui attaque aussi bien que ces dernières années et qui défende un petit peu mieux". Pour le moment, seule la seconde condition semble remplie. Quant à l'attaque, certes amoindrie par les blessures, elle patine un peu. Et même si son équipe est leader de la Liga et invaincue, il est encore trop tôt pour dire si Santiago-Bernabeu est vraiment séduit par le jeu merengue. "Le meilleur entraîneur que j'ai eu, c'est +Rafa+ Benitez", l'a toutefois soutenu le président Florentino Pérez le mois dernier.
. Vu des médias
Si Blanc a trouvé le bon discours en interne, l'entraîneur n'apprécie guère l'exercice devant les journalistes, qu'il n'hésite pas au mieux à chambrer.
Face à la presse espagnole, toujours friande de polémiques, Carlo Ancelotti s'en sortait par un bon mot ou un haussement de son fameux sourcil gauche. Benitez, lui, semble crispé devant les médias. Les larmes aux yeux le jour de sa nomination dans son club de coeur, il a adopté depuis en conférence de presse un ton professoral, voire cassant.