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Zlatan Ibrahimovic revient à Malmö sous le maillot du Paris SG en Ligue des champions mercredi: Et voilà ses fans tiraillés entre l'envie de voir briller l'enfant du quartier "toujours partant pour des bêtises" et le soutien à l'équipe qui a lancé sa carrière.
Sur le terrain de foot urbain de Rosengard, le quartier populaire où a grandi le meilleur buteur suédois de l'histoire, l'un de ses coéquipiers d'enfance soupire quand on lui demande à qui va sa préférence.
"Aux deux, aux deux. Peut-être un peu plus à Malmö", répond Ivan Milosevic, avant de sourire et d'ajouter: "Je suis de Malmö."
Nés la même année, ils ont tous deux commencé le football au FBK Balkan qui, fondé par des immigrés yougoslaves en 1962, revendique d'être le plus vieux club communautaire d'Europe.
"C'était un drôle de personnage, toujours partant pour des bêtises. Il fauchait des vélos, venait avec à l'entraînement, il avait toujours un ballon, il plaisantait avec les autres de l'équipe...", se souvient-il.
"Il courait dans tous les sens et il n'écoutait pas les entraîneurs. Il faisait ce qu'il avait envie, il dribblait quand il était censé faire une passe".
- 'Pauvre Zlatan' -
Près de 15 ans après avoir quitté sa ville natale, Ibrahimovic garde cette image d'homme complètement imprévisible, générateur de polémiques, lui qui a "placé la France sur la carte du monde" ou s'est proposé d'offrir "un vélo" à la recordwoman des sélections en équipe de Suède, oubliée quand le recordman obtenait une Volvo.
Dans les quartiers à majorité immigrée de l'est de Malmö, la popularité d'Ibrahimovic n'a fait que croître avec les années.
"C'est la grande idole ici, tout le monde l'admire", selon Ivan Milosevic. "Je pense que c'est vraiment bien. Un foot un peu plus technique, pas juste de longs ballons mais du jeu au sol et un ballon qui circule."
Ibrahimovic est arrivé en 1994 au Malmö FF, son adversaire de mercredi, encourageant d'autres jeunes talents issus de l'immigration à faire de même. Leur arrivée a ajouté un peu de ciment à une ville qui reste marquée par une forte ségrégation sociale, Ibrahimovic racontant dans son autobiographie que dans ce pays opulent il se couchait parfois affamé.
Une ancienne voisine d'origine grecque, Aneta Moura, se souvient de lui: "Un peu espiègle, sa mère devait venir le chercher ici ou là."
À l'âge de 8 ou 10 ans, il était le "chef" d'une bande d'enfants qu'il amenait à acheter des bonbons pour lui. "Le pauvre Zlatan n'avait pas d'argent pour en acheter. Il n'a pas été élevé exactement comme les autres enfants. Je le sais, je pouvais le sentir chez lui."
- 'Peu importe qui ils jouent' -
Ibrahimovic attend ces retrouvailles depuis le jour du tirage au sort qui a mis les champions de France et de Suède dans la même poule.
En septembre, il annonçait sur Facebook: "J'ai réservé la Grand Place, où le match sera diffusé en direct."
Au centre commercial de Rosengard, Muhsen Awad, interprète arabe-suédois qui arrondit ses fins de mois en vendant des drapeaux et des CD, dit avoir "essayé par tous les moyens possibles" d'acheter un billet d'entrée, en vain.
Il évoquait des prix allant jusqu'à 20.000 couronnes (2.150 euros) au marché noir.
"C'est sûr qu'il y aura des sentiments conflictuels... Ce sera un match historique de voir Zlatan venir affronter sa propre équipe, son équipe d'origine", avance-t-il. Mais "toute notre région soutient le Malmö FF, peu importe qui ils jouent".
Ibrahimovic "a des sentiments très forts pour Malmö", rappelle Max Wiman, journaliste sportif du quotidien régional Sydsvenskan. Mais même s'il est un personnage "énorme" dans cette ville et sera probablement acclamé quand le speaker prononcera son nom, "la plupart des gens encourageront Malmö", assure-t-il.