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© AFP/Lionel BONAVENTURE
Unai Emery, le 14 février 2017, au Parc des Princes
Il subit depuis son arrivée d'incessantes critiques sur ses qualités d'entraîneur et sa propension à transcender ses joueurs: Unai Emery a fait taire pour un moment ses détracteurs en pilotant un PSG en mode supersonique contre Barcelone (4-0) en 8e de finale aller de Ligue des champions. Un succès retentissant sur la planète foot.
Bien vite après l'époustouflant match des Parisiens face à une équipe de Barcelone éteinte par le pressing et l'activité des hommes d'Emery, des petits malins ont commencé à republier sur Twitter les avis définitifs émis, il y a quelques mois, par certains commentateurs sur un coach pas au niveau, selon eux, pour le PSG.
Il était ainsi accusé de "fragiliser" le club par son management, de ne pas traiter avec assez d'égards la recrue Hatem Ben Arfa , d'être arrivé sans "références" (malgré un statut de triple tenant du titre avec Séville en Europa League), et même de semer le doute chez ses gardiens...
"L'Emery-bashing, ça existe en France, comme on l'a eu avec Bielsa (ex-entraîneur argentin de Marseille), avec Jardim (coach portugais de Monaco), même avec Ancelotti (technicien italien passé au PSG)", expose à l'AFP Romain Molina, auteur d'une biographie de l'entraîneur basque publiée début février aux éditions Hugo Sport. "Il y a eu un acharnement à un moment donné".
"Les entraîneurs français, et le monde du foot en général en France, ont beaucoup de confiance en eux, et regardent toujours les nouveaux arrivants avec scepticisme", expliquait déjà en octobre dernier à l'AFP Jan Van Winckel, adjoint belge de Bielsa à Marseille.
- Consécration internationale pour Emery -
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Les joueurs du PSG, le 14 février 2017, au Parc des Princes
Les sceptiques ont pris un gros coup sur la tête mardi soir: jamais depuis qu'il est passé sous pavillon qatari, en 2011, le PSG n'avait réussi une performance collective aussi aboutie en Ligue des champions, qui plus est face à un très grand d'Europe.
Résultat, le monde du football est unanime mercredi matin: "Chef d'oeuvre tactique d'Emery", salue la Gazzetta dello sport. "Emery brise le Barça", abonde Marca. "Emery, digne des plus grands, un récital tactique. Le mérite lui en revient", s'enflamme même l'ailier algérien de West Ham Sofiane Feghouli, qui a évolué sous les ordres du Basque à Valence.
"On avait vraiment travaillé, le staff avait fait un boulot exceptionnel, ils ont énormément préparé ce match", a expliqué après cette démonstration collective le milieu et capitaine d'un soir Blaise Matuidi . "On a beaucoup travaillé tactiquement, essayé d'appliquer ce que le staff nous a demandé et ça a porté ses fruits."
Car si le PSG a déjà signé quelques exploits depuis qu'il vise, sous la houlette de son président Nasser Al-Khelaïfi, une victoire en Ligue des champions, il n'avait jamais maîtrisé à ce point son sujet. Sans oublier que le PSG était privé de deux cadres incontournables comme Thiago Motta (suspendu) et Thiago Silva (blessé).
Reste encore le match retour à ne pas louper -"il faut garder la tête froide, ne pas s'enflammer" a immédiatement déclaré Matuidi- le 8 mars dans un Camp Nou qui reste malgré tout une forteresse européenne. Mais d'ores et déjà, la performance de mardi a marqué durablement les esprits.
- Meneur d'hommes et vidéos -
© AFP/NICOLAS TUCAT
Unai Emery, derrière Angel Di Maria, le 24 janvier 2017, à Bordeaux
Et le PSG dit merci Emery. "Le coach connaissait le Barça très, très bien, il a bien regardé comment le Barça jouait" à l'aide de vidéos, a d'ailleurs insisté Nasser Al-Khelaïfi.
Le Basque n'est pas qu'un tacticien. Lui qui n'avait auparavant battu le Barça qu'une fois en 23 confrontations, demeure un redoutable meneur d'hommes. Passionné de psychologie, il avait métamorphosé son équipe de Séville en mai dernier, à la mi-temps de la finale de l'Europa League. Dans un stade de Bâle totalement acquis à la cause de son adversaire Liverpool, après une première période écrasée par les Reds de Jürgen Klopp, son équipe avait retourné la finale en deuxième période (3-1).
Cité dans le livre de Romain Molina, le défenseur de l'équipe de France Adil Rami , qui a évolué sous les ordres d'Emery à Valence puis Séville, expliquait: "Je devais bien respirer car son discours était tellement beau que j'avais envie d'enc**** l'attaquant (adverse, ndlr) en sortant du vestiaire".
Le chemin est encore long pour que le PSG, 2e du championnat à 13 journées de la fin, pas encore qualifié pour les quarts de finale de Ligue des champions (son plafond de verre depuis quatre saisons) atteigne ses objectifs.
Mais l'exploit de mardi est un premier gros coup de boutoir sur la scène européenne pour le PSG version Emery.