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Après Liverpool, le Real Madrid: sorti des tréfonds du football bulgare il y a trois ans seulement, le petit club de Ludogorets Razgrad défie un deuxième grand d'Europe d'affilée, mercredi lors de la 2e journée de Ligue des champions (Gr. B).
Deux semaines après avoir tenu en échec jusqu'aux arrêts de jeu le vice-champion d'Angleterre à Anfield, avant de s'incliner finalement avec les honneurs (1-2), Ludogorets reçoit pas moins que le décuple vainqueur de la compétition et tenant du titre.
Pas à Razgrad, bourgade du nord-est pauvre et agricole de la Bulgarie où la "Ludogorets Arena" ne dépasse pas les 6.000 places, mais à Sofia, où le stade national Vassil-Levski accueillera 40.000 spectateurs à guichets fermés.
"Le Real Madrid, c'est encore plus grand" que Liverpool, avec des superstars comme Cristiano Ronaldo , Gareth Bale ou encore Karim Benzema , jubile l'entraîneur bulgare Georgi Dermendjiev. "Nous jouons désormais contre les clubs vedettes de l'Europe."
Une perspective qui semblait encore totalement irréaliste il y a trois ans.
Fondé en juin 2001, à une époque où le club espagnol, alors emmené par Zinédine Zidane, Luis Figo et Raul, se lançait à la conquête d'un neuvième titre continental, Ludogorets a longtemps stagné en 4e division bulgare avant que les "Aigles" --son emblème-- ne prennent leur envol.
Promu dans l'élite bulgare en 2011, le club réalise d'entrée un triplé championnat-coupe-supercoupe, et conserve depuis le titre de champion.
Un succès à mettre sur le compte du richissime homme d'affaires bulgare Kiril Domoustchiev, 45 ans, qui a pris les rênes du club en 2010 et a injecté des sommes importantes pour rapprocher l'équipe des standards européens.
Malgré ces investissements, Ludogorets reste, avec un budget de 6 millions d'euros, à des années-lumières des géants d'Europe, même si la réforme Platini de la C1 a permis aux champions nationaux des petits pays d'avoir accès à la lucrative phase de poules.
- Accrocheurs et fédérateurs -
"Nous, petits clubs d'Europe de l'Est, souffrons du décalage (financier) qui nous sépare des grands", aime à souligner M. Domoustchiev, premier armateur du pays. "Le Real a eu des recettes de 603-604 millions d'euros la saison dernière", rappelle-t-il.
Limités, les moyens de Ludogorets ont su être utilisés judicieusement pour construire une équipe dépourvue de stars mais accrocheuse et soudée. Sept joueurs sur onze sur la feuille de départ face à Liverpool étaient étrangers.
Domoustchiev est également connu pour trancher dans le vif: il n'a pas hésité à se séparer au début des deux dernières saisons de ses entraîneurs, malgré le confirmation, à chaque fois, du titre de champion.
Dans un football bulgare miné par les rivalités, parfois violentes, entre le Levski Sofia et le CSKA Sofia, Ludogorets rassemble bien au-delà des clivages. Son 8e de finale en Europa League l'an passé contre Valence (0-3, 0-1) a redonné de la fierté aux fans de foot, renforcée avec la qualification en C1 cette année.
"Les Aigles ne ressemblent à aucune autre équipe bulgare, ils jouent avec une volonté de gagner jusqu'à la fin du match, quel que soit le résultat", relève Dimitar Dimitrov, 52 ans, un supporter traditionnel du CSKA.
Une envie dont a déjà fait les frais la Lazio de Rome de Miroslav Klose , éliminée la saison passée en 16e de finale de l'Europa League sur un but inscrit à la 88e minute de jeu (0-1, 3-3).
Et que dire de l'incroyable scénario face au Steaua Bucarest en barrage retour de la Ligue des champions, fin août ! Ludogorets avait inscrit un but dans les arrêts de jeu pour arracher la prolongation et la séance de tirs aux buts (1-1, 4-2 t.a.b.). Le défenseur Cosmin Moti avait enfilé les gants du gardien, exclu, et avait stoppé deux tirs du club roumain...