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Seul point noir dans l'exploit réalisé mercredi par Paris à Chelsea, Zlatan Ibrahimovic a fait faux bond à son équipe en se faisant exclure, démontrant à ses dépens que cette mauvaise habitude de manquer ses grands rendez-vous en Ligue des champions lui colle à la peau.
"Ibra" était pourtant attendu au tournant à Stamford Bridge pour ce huitième de finale retour. Avec plus d'une revanche à prendre sur sa propre histoire s'agissant des matches-couperets européens et, avec elle, l'obligation d'enfin casser cette image de joueur dont le génie et la force de décision s'effondrent inexorablement face à l'enjeu.
Il n'en a rien été. A la demi-heure de jeu, après un tacle qui ne s'imposait pas et qu'il n'a pas maîtrisé, le Suédois a reçu un carton rouge qui a obligé ses coéquipiers à se débrouiller sans lui à dix contre onze, non pas pendant une heure mais bien durant 90 minutes, puisque c'est au bout de la prolongation que Thiago Silva et les siens ont arraché leur exploit (2-2).
Frustré, Ibrahimovic n'a pas digéré d'être prématurément renvoyé au vestiaire: "Je ne savais pas si je devais m'énerver ou en rigoler, a-t-il expliqué après la rencontre. Quand j'ai vu le carton rouge, je me suis juste dit, ce gars (l'arbitre) ne sait pas ce qu'il fait".
"Le pire c'est après, quand j'ai vu tous les joueurs de Chelsea m'entourer. J'avais l'impression d'avoir un groupe de bébés autour de moi", tempêtait-il ensuite.
- Habitude de carrière -
"Zlatan" peut toujours fustiger la pression mise par les Blues sur l'arbitre, tout comme il est légitime a posteriori de constater que José Mourinho a réussi à faire monter la sienne mardi en stigmatisant le "jeu dur" des Parisiens. Mais force est de constater que, surtout, l'attaquant du PSG n'a pas supporté la pression qu'il s'était lui-même mise avant ce match.
Cette exclusion, sa quatrième en Ligue des champions, masque à peine une autre statistique qui plaide plus encore en la défaveur du buteur qu'il est: il n'a inscrit que sept buts en désormais 35 matches à élimination directe dans la compétition reine.
Les immenses qualités footballistiques d'Ibra étant indéniables, il est difficile d'expliquer autrement que par l'approche mentale son incapacité à se transcender dans les grands rendez-vous.
Car depuis treize ans qu'il dispute la C1, que ce soit avec l'Ajax Amsterdam (2001-2004), la Juventus Turin (2004-2006), l'Inter Milan (2006-2009), le FC Barcelone (2009-2010), l'AC Milan (2010-2012) et le Paris SG depuis trois saisons, Ibrahimovic n'est que trop rarement arrivé à peser sur le destin européen de ses équipes.
Pour ne recenser que les plus notables affiches, Ibrahimovic est resté muet face à l'AC Milan (quarts en 2003), Liverpool (quarts en 2005, huitièmes en 2008), Valence (huitièmes en 2007), Manchester United (huitièmes en 2009), l'Inter Milan (demies en 2010), le Barça (quarts en 2011 et quart retour en 2013) et donc Chelsea en huitième de finale de l'actuelle édition.
- Sentiment d'avoir puni son équipe -
Laurent Blanc , conscient du poids qu'a Ibrahimovic dans son effectif, s'évertue à n'afficher aucun doute sur la question, s'appuyant sur le théorème selon lequel "les grands joueurs tirent les équipes vers le haut, surtout les buteurs. Et Zlatan en fait partie".
A 33 ans, il constitue depuis trois ans la tête de gondole - à 15 millions d'euros de salaire annuel - de ce PSG que ses propriétaires qataris rêvent de voir dominer l'Europe dans son sillage. Pourtant, Ibrahimovic n'a toujours pas porté d'exploit parisien, malgré un but contre le Barça en quart (2013) et un doublé en 8e aller à Leverkusen la saison dernière.
Mais après la prouesse de ses coéquipiers à Chelsea, il lui reste une possibilité de rachat si la commission de discipline de l'UEFA se montre clémente à son égard.
De quoi alimenter l'optimisme de Blanc: "J'espère qu'Ibra pourra être parmi nous en quarts. Il aura sûrement à c?ur de faire un bon match car il a le sentiment d'avoir puni son équipe et que cela aurait pu être définitif".