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Elle est la première femme à entraîner une équipe de football professionnel en France: au Clermont Foot, Corinne Diacre prépare le début du championnat de Ligue 2 avec sérénité et détermination, loin du battage médiatique suscité par sa nomination.
Dans son bureau sans fenêtre du Stade Gabriel-Montpied, dans un quartier sensible au nord de Clermont-Ferrand, l'ex-capitaine des Bleues, 39 ans, planche, concentrée, sur la composition de son équipe pour les matches à venir.
"J'ai trouvé à peu près ma base, sachant que d'autres joueurs viendront se greffer au groupe, car on n'est pas à l'abri de blessures ou de méforme au cours de la saison. J'aurai donc besoin de tout le monde, mais ceux qui ne se sentiront pas concernés resteront dans la réserve", prévient-elle sans ambages.
Directe, Corinne Diacre l'est assurément. Déterminée aussi. Celle qui a remplacé au pied levé la Portugaise Helena Costa, dont la nomination avait fait le tour du monde, jusqu'aux pages du New-York Times, assure ne ressentir ni "appréhension" ni "responsabilité particulière" à l'égard de son statut de première femme entraîneur d'une équipe masculine professionnelle.
- Pression assurée -
"Cela m'est égal d'être attendue au tournant. Je sais pourquoi je suis là et ce que j'ai envie de faire. De la pression, j'en aurai, assurément. Mais l'idée, c'est de s'en mettre le moins possible pour que mes joueurs se sentent bien sur le terrain", affirme la coach aux grands yeux bleus ourlés de mascara violet.
Première femme à avoir obtenu, en mai, le Brevet d?entraîneur de football professionnel (BEPF, qui permet d?entraîner des clubs de Ligue 1 et de Ligue 2), Corinne Diacre entend "inculquer", "sans froisser", son "mode de fonctionnement" au sein du club auvergnat, où elle a signé pour les deux prochaines saisons.
Objectif: "assurer a minima le maintien" du Clermont Foot, habitué au ventre mou de la 2e division, même si elle ne cache pas "d'autres ambitions".
Pour l'heure, après un nul (0-0) contre Bastia (L1) et deux victoires contre Nîmes (L2), 2-1, et Limoges (CFA), 3-0, lors des récents matchs amicaux, ses premiers pas d'entraîneur rassurent.
"Son approche du club est très cohérente. Elle a su très vite s'imposer alors qu'elle est arrivée après déjà dix jours de préparation (...) Elle va marquer le club de son empreinte", considère le directeur sportif, Olivier Chavanon, dont les propos tranchent avec ceux tenus à l'encontre de l'ex-recrue Helena Costa.
La Portugaise l'avait mis en cause personnellement dans la presse pour expliquer son départ fracassant de Clermont.
- Douches séparées -
Dans les couloirs du stade Gabriel-Montpied, le chapitre Costa semble définitivement clos. "Helena Costa , on ne l'a pas connue. Mais les joueurs auraient été finalement déçus de ne pas être entraînés par une femme", souligne l'entraîneur adjoint, Emmanuel Gas.
"Aujourd'hui, c'est Corinne la patronne. Au départ, elle a nous a observés puis elle a pris son rôle à coeur. Elle sait s'imposer pour se faire respecter", confie-t-il.
"Elle est méthodique, à l'écoute. Rien ne diffère chez elle d'un coach masculin... à part peut-être le fait qu'on ne prenne pas nos douches ensemble!", renchérit avec humour son homologue, Jean-Noël Cabezas.
Du côté des supporteurs, cette nomination, considérée par beaucoup comme un "coup de com'" du président Claude Michy, réjouit, tout comme la récente exposition du club dans les médias.
"La rencontre Brest-Clermont Foot (comptant pour la 1re journée du championnat) va être retransmise lundi sur Eurosport. Je suis fière qu'on parle du club de la sorte. Et il y a bien des femmes dans tous les corps de métier, alors pourquoi pas dans le foot professionnel?", interroge la présidente de l'Amicale des supporteurs du Clermont Foot, Véronique Soulier.
"Elle a déjà un beau palmarès en tant que joueuse. Vous verrez, elle se débrouillera comme un homme. Espérons seulement que les joueurs soient à la hauteur", glisse Hubert Pfohl, 72 ans, indéfectible supporteur du club depuis plus de 25 ans.