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© AFP/Kenzo Tribouillard
L'attaquant du PSG, Edinson Cavani
, à l'entraînement le 7 août 2013 à Clairefontaine
Les investissements massifs du Paris SG et de Monaco, programmés à coups de millions pour écraser la Ligue 1, éclipsent la situation générale d'un football professionnel français qui tire la langue sur le plan économique et financier.
Deux ans après l'arrivée du Qatar et de ses gazo-dollars aux commandes du club de la capitale, le Championnat voit débarquer des Monégasques dopés par l'argent du milliardaire russe Dmitry Rybolovlev, propriétaire de l'ASM depuis fin 2011.
Résultat: une véritable course à l'armement inédite en France avec notamment les signatures records cet été des attaquants Edinson Cavani (PSG, 64 millions d'euros) et Radamel Falcao (Monaco, 60 millions d'euros).
De quoi donner le tournis et offrir l'image d'une L1 devenue soudainement riche et de nouveau ambitieuse après plusieurs années de disette marquée par une piètre 6e place à l'indice UEFA. Alors que la France s'est lancée dans un programme de construction et de rénovation de ses stades en vue de l'organisation sur son sol de l'Euro-2016, la L1 espère ainsi pouvoir rattraper ses voisins en terme de recettes et s'extraire du marasme.
Paris et Monaco peuvent aussi faire office d'accélérateur de notoriété pour la L1 et aider notamment à augmenter les droits TV à l'international, actuellement de l'ordre de 30 millions d'euros, loin derrière l'Angleterre (560 millions d'euros), l'Espagne (130 millions d'euros), l'Italie (120 millions d'euros), voire l'Allemagne (100 Millions d'euros).
© AFP/Valéry Hache
L'attaquant colombien Radamel Falcao
(d) félicité par ses coéquipiers après un but contre Tottenham en amical, le 3 août 2013 à Louis-II
Mais le tableau est beaucoup plus sombre qu'il n'y paraît. Le PSG et l'ASM sont en quelque sorte les deux arbres qui cachent la forêt.
Pertes pour la 4e saison de rang
Les chiffres parlent d'eux-mêmes: "Cette année, on aura un déficit entre 50 et 70 millions d'euros en L1 contre 61 millions d'euros la saison dernière", a ainsi expliqué à L'Equipe vendredi Frédéric Thiriez, le président de la Ligue de football professionnel (LFP).
Le cas de Lyon, maillon fort du football français durant les années 2000, est à cet égard symptomatique. Le club présidé par Jean-Michel Aulas, qui devrait accuser des pertes de l'ordre de 19 millions d'euros pour l'exercice 2013/14 (4e année de déficit), a dû se lancer dans une sévère cure d'austérité et la vente de ses joueurs à fort salaire (Bastos, Lisandro, Lovren) en attendant des jours meilleurs avec l'édification de son grand stade pour l'Euro-2016.
M. Thiriez avait déjà tiré la sonnette d'alarme en juillet à l'occasion de l'Assemblée Générale de la LFP. "Nos clubs perdent de l'argent pour la 4e saison consécutive. Pourquoi? La crise !", avait-il lancé à la tribune. Dans ces conditions, la perspective de l'adoption de la fameuse taxe à 75% sur les revenus annuels supérieurs à 1 million d'euros a bien du mal à passer auprès du secteur pro.
"Au final, seul le foot va payer, car les entreprises du CAC 40 ont les moyens de l'éviter, les artistes n'y seront pas soumis d'après nos informations, et les sportifs individuels, tennismen, pilotes de F1, y échapperont car ils sont domiciliés en Suisse", avait-il déclaré.
Selon M. Thiriez, l'une des solutions passerait par un retour à une Ligue 1 à 18 clubs. "Avec la crise et la baisse des droits télé, il faudra répondre à la question: La France a-t-elle les moyens ou pas d'avoir 20 clubs en L1? Ma réponse est non", avait-il affirmé. Des considérations loin de celles des décideurs qataris et de Dmitry Rybolovlev qui ont depuis longtemps fait de l'Europe et de la Ligue des champions leur Graal absolu.