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La rupture est consommée entre la Ligue 1 et la Ligue 2: dix-neuf clubs de l'élite ont franchi le pas en créant mardi un syndicat autonome pour faire avancer leurs revendications concernant la compétitivité du football professionnel français.
Cette organisation, baptisée "Première Ligue", est dirigée par le président du conseil de surveillance de Saint-Etienne, Bernard Caïazzo, avec quatre vice-présidents dont les patrons de Lyon Jean-Michel Aulas et du Paris SG Nasser Al-Khelaifi. Seul Guingamp, ancien club du président de la Fédération française de football Noël Le Graët, manque à l'appel parmi les 20 équipes de L1.
L'appellation de cette nouvelle structure est déjà en soi un programme et annonce la couleur puisque les formations de l'élite ne cachent pas depuis plusieurs semaines leur volonté de s'émanciper de la L2 et de copier la Premier League anglaise en transformant à terme la Ligue de football professionnel en une société commerciale.
L'enjeu est surtout financier, la L1 voulant profiter d'une éventuelle autonomie pour gérer elle-même ses droits TV (607 millions d'euros annuels actuellement, 726,5 millions pour la période 2016-2020) et ne plus avoir à en reverser une partie à la L2.
A l'issue de la dernière saison, la "deuxième division" a perçu plus de 85 millions d'euros alors que les diffuseurs ne versent que 18 millions d'euros (22 millions d'euros pour la période 2016-2020) pour retransmettre ses rencontres.
- 'Pas contre la Ligue 2' -
Dans un communiqué transmis à l'AFP, le nouveau syndicat a ainsi expliqué vouloir "?uvrer aux réformes nécessaires pour assurer le succès du football professionnel français, dans une période économique très difficile et face à une concurrence européenne exacerbée".
"C'est une structure spécifique à la Ligue 1, qui se crée pour la Ligue 1 et pas contre la Ligue 2, a souligné auprès de l'AFP Bernard Caïazzo. Nous continuerons notre contribution financière dans les mêmes termes de solidarité sur nos droits télévisés. Nous considérons la Ligue 2 comme des alliés mais pour des raisons de compétitivité européenne et de nécessité de réformes, nous avons l'absolue nécessité d'aller vers une nouvelle gouvernance de notre football professionnel."
Cette annonce intervient dans un contexte de fortes tensions au sein du football professionnel français. Ces 19 clubs de Ligue 1 avaient déjà démissionné le 11 août de l'UCPF, syndicat représentant jusque-là l'ensemble des clubs professionnels et qui a été peu à peu vidée de sa substance.
Les équipes de l'élite ont également contesté devant le Conseil d'Etat l'annulation par le Comité exécutif de la Fédération du passage à deux montées et deux relégations entre L1 et L2. La plus haute juridiction administrative en France a donné raison à la FFF en référé le 14 août, en attendant un jugement sur le fond entre novembre 2015 et janvier 2016.
- 'Conflit stupide' -
"C'est une erreur stratégique pour l'avenir des clubs et ça leur donne une mauvaise image, a déclaré à l'AFP le président démissionnaire de l'UCPF Jean-Pierre Louvel. Je ne vois pas l'utilité de ce syndicat, c'est un élément supplémentaire de confusion dans des discussions déjà compliquées. Un problème va se poser à la fin de la saison avec les équipes qui monteront en L1 et qui décideraient de ne pas adhérer à ce syndicat, et avec les clubs qui descendront."
M. Louvel a pointé "la lourde responsabilité" de Frédéric Thiriez, le président de la LFP. "Il représente 43 clubs et pas 19. Pourquoi n'a-t-il pas pris l'initiative de tous nous réunir autour d'une table?", s'est-il demandé.
"Il est entré dans un conflit stupide avec la Fédération, a-t-il ajouté. Peut-être qu'il pense que ça lui sert d'avoir un syndicat qui l'appuie en justice."
La réforme du mode de gouvernance de la Ligue sera donc le grand chantier des prochaines semaines pour M. Thiriez. En poste depuis 2002, le patron de la LFP a clairement pris fait et cause pour la L1, au risque d'accentuer encore un peu plus la division.