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© AFP/PHILIPPE DESMAZES
L'attaquant de Saint-Etienne Nolan Roux contre Anderlecht, le 29 septembre 2016 à Geoffroy Guichard
Bordeaux, Bastia, Montpellier ou encore Saint-Étienne: l'état catastrophique de certaines pelouses de Ligue 1, attaquées par un champignon, le "pythium", est pointé du doigt et un retour à la normale n'est pas espéré avant plusieurs semaines.
A moins d'opter pour une solution radicale: celle de changer de tapis comme cela a été fait à Toulouse en septembre.
Au stade Geoffroy-Guichard où le terrain, fortement dégradé, est en cours de traitement, le match qui opposera Saint-Étienne à Dijon, dimanche à 17H00, ne se jouera pas encore sur un billard.
"La pelouse a été resemée, les progrès sont notables", estime Raymond Chapelon, président de la commission surface de jeu à la Ligue de football professionnel (LFP). "Nous avons bon espoir que l'intensité végétale revienne très vite." Dès la réception de Dijon ? "Ce n'est pas instantané mais les choses vont bien progresser grâce à la baisse des températures", assure M. Chapelon.
Celui-ci a présidé, la semaine dernière, le troisième séminaire annuel "référents pelouses", au Parc OL de Décines-Charpieu (Métropole de Lyon), consacré à "la gestion climatique d'une surface de jeu". "Les problèmes ne concernent que quelques terrains. La qualité de nos pelouses de Ligue 1 et 2 s'est bien améliorée depuis trois ans", affirme l'expert de la LFP.
Pourtant, les gazons français souffrent de la comparaison: l'herbe serait plus verte ailleurs et durant l'Euro-2016, le mauvais état de certains terrains avait déjà fait polémique. Mais les problèmes actuels seraient aussi liés, précisément, au CHAMPIONNAT D'EUROPE.
- La faute à l'Euro ? -
"Avec l'Euro, nous avons eu des rénovations et régénérations de pelouses très tardives. Traditionnellement opérées en juin, elles n'ont été faites qu'après le tournoi. Ce décalage dans le mois a amené à faire des semis de gazon à une période très chaude et nous l'avons payé sur des substrats (supports), renforcés-fibrés, sensibles", explique Patrice Therre, autre expert en pelouses auprès de la Ligue.
"Ces substrats sont plus fragiles. Nous avons beaucoup progressé en période hivernale. En été, il va falloir avoir des moyens de gestion climatique, au moins sur la moitié sud de la France, que nous ne maîtrisions pas totalement jusqu'à maintenant", admet-il. "Nous copions le modèle anglais mais en Grande-Bretagne, il n'y a pas le climat du sud de la France."
"L'agronomie est un métier de plus en plus technique qui subit une véritable révolution depuis cinq ans. Nous devons développer l'appareil de formation. Les jardiniers ont énormément de données à gérer, des informations recueillies par capteurs, tout est informatisé", ajoute le spécialiste, soulignant que "le problème n'est pas lié à la gestion privée ou publique des stades".
- 'Privilégier les semis' -
Le problème se situe plutôt au niveau de leur utilisation, selon lui.
"Au Parc des Princes, il n'y a que du football tous les quinze jours, c'est facile. Ailleurs, l'exploitant organise parfois des événements extra-sportifs et sur-utilise sa pelouse. Tout le monde est responsable. Il n'y a qu'à voir le non-respect des zones d'échauffement réglementaires par les utilisateurs", tacle Patrice Therre.
A court terme, il est impératif de rendre un meilleur aspect visuel aux terrains et de permettre aux joueurs d'évoluer dans des conditions optimales, en tout cas meilleures qu'aujourd'hui.
"On connaît les systèmes de moquettes déroulées depuis longtemps. Elles ont leurs limites techniques mais à un moment donné, c'est la seule solution. C'est ce qui a été fait à Toulouse", souligne l'expert.
"L'objectif est de privilégier les semis. Grâce aux substrats fibrés, on peut semer car en semant sur un système fibré, on peut rejouer six à sept semaines après. Auparavant, c'était douze mois", fait-il valoir.