Happy Birthday : |
© AFP/PASCAL POCHARD-CASABIANCA
Les joueurs de Lyon Rafael Da Silva (d) et Jordan Ferri (g) sont protégés par le staff lyonnais lors des échauffourées à la mi-temps du match contre Bastia, le 16 avril 2017 à Furiani
Des échauffourées brèves mais violentes, des joueurs lyonnais confinés dans le stade pendant deux heures avant de pouvoir quitter la Corse: la rencontre entre Bastia et Lyon, définitivement arrêtée à la mi-temps, a donné lieu à des scènes de chaos, dimanche à Furiani.
La semaine est décidément très agitée pour les Lyonnais, qui avaient déjà débuté leur quart de finale aller d'Europa League avec 45 minutes de retard jeudi face à Besiktas, la faute à l'envahissement du terrain par des supporters lyonnais voulant se mettre à l'abri de jets de pétards et de projectiles lancés par leurs homologues turcs.
- 'On va pas à la guerre' -
A Bastia, ce sont des supporters corses qui ont envahi la pelouse, avant le coup d'envoi. Une cinquantaine d'entre eux, provenant de la tribune occupée par le groupe de supporters Bastia 1905, ont interrompu l'échauffement des Lyonnais en les prenant brièvement mais violemment à partie.
"Faut arrêter, faut arrêter hein, ils ont frappé les joueurs", déclare dans la foulée l'entraîneur lyonnais Bruno Genesio à son président Jean-Michel Aulas, dans les couloirs du stade. "On va pas à la guerre", bougonne encore Genesio en retournant dans le vestiaire lyonnais.
Dans la suite de la séquence filmée par le diffuseur BeIN Sports, le président de Lyon, qui avait déjà dû déployer des trésors de persuasion pour convaincre ses supporters de rejoindre leur place en tribune jeudi au Parc OL, se tourne alors vers un membre de l'encadrement bastiais et explique: "Fallait les convaincre... On va jouer, mais vous pourrez dire que c'est grâce à moi."
A l'issue d'une réunion entre les deux capitaines, le Lyonnais Maxime Gonalons et le Bastiais Yannick Cahuzac, les deux présidents de clubs Pierre-Marie Geronimi et Jean-Michel Aulas, l'arbitre de la rencontre Amaury Delerue, le délégué de la Ligue de football professionnel (LFP) et la préfecture, décision a en effet finalement été prise de jouer la rencontre, avec près d'une heure de retard.
Toutefois, aucune des deux équipes n'a réussi à rentrer dans son match lors de la première mi-temps. Et au retour aux vestiaires, une altercation a éclaté entre le gardien lyonnais Anthony Lopes et le secrétaire général de Bastia, Anthony Agostini. Elle a rapidement dégénéré en de nouvelles échauffourées qui ont duré moins d'une minute.
Le match a ensuite été officiellement arrêté par la Ligue de football professionnel (LFP), interruption définitive prise "conformément aux instructions émises par le Directeur départemental de la sécurité publique, représentant le préfet de Haute-Corse, lors de la réunion de crise avant le début de la rencontre", selon un communiqué de l'instance.
Une enquête en flagrance pour "violences" a été ouverte sur ces faits, a par ailleurs annoncé le procureur de la République Nicolas Bessone, arrivé sur place durant la rencontre. L'enquête a été confiée à la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP).
C'est seulement vers 21h00, et après quelques atermoiements en raison de la présence de supporters bastiais aux grilles du stade, que les Lyonnais ont pu rejoindre l'aéroport de Bastia à la suite de l'intervention des gardes mobiles. Ils ont ensuite pu décoller en avion privé vers 22h00.
"Trop, c'est trop", a ensuite réagi auprès de l'AFP la présidente de la Ligue de football professionnel (LFP) Nathalie Boy de la Tour.
"Nous déplorons que le SC Bastia donne une image horrible de notre football, cela nuit à l'image du football professionnel, qui ne mérite pas cela", a-t-elle asséné.
© AFP/PASCAL POCHARD-CASABIANCA
Des supporters de Bastia lors du match contre Lyon (OL) le 16 avril 2017 à Bastia
"Ce sont des images qui n'ont pas le droit de salir ce football. J'espère que cela sera sanctionné et qu'on ne reverra plus ça", a réagi de son côté l'attaquant de l'Olympique de Marseille, Bafétimbi Gomis, dimanche après le match de clôture de cette journée de championnat face à Saint-Etienne.
"Le dimanche de la honte", "à pleurer" (L'Equipe), "carton rouge pour les supporteurs corses" (Le Parisien), "semaine noire" pour le football (Le Figaro) : la presse de lundi est scandalisée.
- Autre public bouillant jeudi -
Le contexte est explosif depuis plusieurs semaines à Bastia, où des groupes de supporters réclament la démission des dirigeants du club lanterne rouge de Ligue 1.
Ces débordements peuvent aussi avoir pour explication les mots de l'ancien entraîneur corse, François Ciccolini, qui après un match aller tendu à Lyon avait déclaré: "Il va falloir venir chez nous. Il ne faut pas avoir la grippe quand tu vas venir à Bastia, ni la gastro car cela va se régler comme d'habitude, comme des hommes, comme des Corses".
© AFP/PASCAL POCHARD-CASABIANCA
Des policiers affrontent des supporters de Bastia le 16 avril 2017 à Bastia
Le club, qui sera dès jeudi visé par l'ouverture d'une procédure disciplinaire, a rapidement annoncé vouloir "prendre les mesures fortes et adéquates suite à ces incidents" qu'il a "condamnés fermement". Mais ces échauffourées risquent de lui coûter très cher dans l'optique du maintien.
Le Sporting venait tout juste d'enregistrer la réouverture de sa tribune Est, fermée pour trois journées à la suite de cris racistes proférés contre l'attaquant italien de Nice Mario Balotelli fin janvier. A cette occasion, la commission de discipline de la LFP avait infligé à Bastia le retrait d'un point avec sursis.
Pour les Lyonnais, les conséquences de ces événements pourraient être davantage sportives. Déjà perturbés par le contexte extra-sportif de leur quart de finale aller d'Europa League -- dont le bilan total est de douze supporters lyonnais et turcs interpellés et sept personnes blessées, selon les autorités --, ils joueront jeudi dans un autre stade bouillant, celui de Besiktas.