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Longtemps, la France a tout pardonné à Zlatan Ibrahimovic , récemment entré au musée Grévin, mais cette fois, son dérapage verbal - "pays de merde" - a choqué jusqu'à Manuel Valls et la polémique s'est greffée sur la saison pourrie d'une star qui approche de la fin de son règne à 33 ans.
C'est une saillie captée par une caméra à l'issue de la défaite du PSG 3 à 2 à Bordeaux dimanche après-midi - "En quinze ans, je n'ai jamais vu un tel arbitre. Dans ce pays de merde. Ce pays ne mérite pas le PSG" - qui a déclenché la tempête. Lundi, sur de nouvelles images, on entend aussi un "putain de trou du cul!", lancé par le Suédois.
Joseph-Antoine Bell, ancien gardien de l'OM, Saint-Etienne ou Bordeaux, avait bien résumé dans L'Equipe, avant même ce dernier incident, le sentiment qui escorte l'attaquant, dont l'étoile pâlit: "Il n'y a pas de raison qu'on pardonne à Ibrahimovic ses fautes (...) C'est dommage car il va vers la fin de sa carrière, et avec de tels comportements, il montre qu'il n'a pas compris l'esprit d'équipe".
Et les excuses rapides de la star dimanche soir par communiqué - "Je tenais à préciser que mes propos ne visaient ni la France ni les Français. J'ai parlé de football et non d'autre chose" -, réitérées lundi dans une vidéo du PSG - "J?étais très énervé à ce moment-là. Je crois aussi que les Français sont suffisamment intelligents pour comprendre la situation" - n'ont pas calmé les esprits.
- Manuel Valls choqué -
Le Premier ministre Manuel Valls s'est déclaré "choqué" lundi soir sur Canal+, appelant le joueur à avoir "un comportement exemplaire en permanence". "Quand on s'en prend comme ça à l'arbitrage, c'est difficile après pour les éducateurs, le samedi ou le dimanche", a souligné Valls.
Le SAFE, syndicat des arbitres de football d'élite, indigné par ce "nouveau déchaînement de haine et de violence verbales", ne dit pas autre chose: "Le retentissement de tels propos" est "terrible en définitive, avec des phénomènes de violence qui s'amplifient dans les footballs de nos campagnes les plus reculées ou de nos cités les plus difficiles".
Jeudi, la commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP) "va prendre connaissance des rapports - arbitre et délégué - puis décider ou non de convoquer le joueur sous trois semaines", donc le 9 avril au plus tard, a précisé une source proche du dossier. Le Paris SG pourra alors demander d'avancer la convocation. Le Suédois risque jusqu'à quatre matches de suspension ferme selon le barème en vigueur.
- Carrasso et Lizarazu le défendent -
Voilà qui tomberait mal alors que l'ancienne vedette de l'Inter Milan et de l'AC Milan vit une saison plus que difficile. L'international suédois, qui n'avait pas réussi à qualifier son pays pour la Coupe du monde au Brésil, a été absent des terrains sept semaines à l'automne en raison d'une talalgie (blessure à un talon). Pendant sa convalescence, le foot français s'est découvert un nouveau héros, de dix ans son cadet, Alexandre Lacazette, qui caracole en tête du classement des buteurs de L1 (23 contre 14 pour "Ibra") et est leader du Championnat de France avec Lyon.
Zlatan a inscrit un doublé dimanche à Bordeaux, déjà oublié, emporté par la tornade médiatique. Pire, le PSG a réalisé un exploit en se qualifiant à Chelsea pour les quarts de finale de la Ligue des champions, sans "Ibra", exclu au bout d'une demi-heure... De quoi renforcer sa réputation de joueur qui ne brille pas dans les grands rendez-vous.
Lundi, quelques voix se sont élevées pour le défendre. "Il s'est excusé, passons à autre chose", a glissé l'ancien champion du monde français Bixente Lizarazu sur RTL. Cédric Carrasso, gardien de Bordeaux, a dénoncé sur le site de Sud-Ouest "un petit acharnement" contre Zlatan: "Je comprends sa frustration. Même s'il n'a pas à dire ça, je trouve dommage qu'il y ait des micros partout". Cela suffira-t-il à lui éviter une lourde sanction qui viendrait ternir un peu plus sa saison?