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© AFP/FRANCK FIFE
Nathalie Boy de la Tour tout juste élue à la tête de la LFP, le 11 novembre 2016 à Paris
Devenue présidente de la LFP sur un "concours de circonstances", comme elle le reconnaît elle-même, la discrète Nathalie Boy de la Tour n'était pas candidate pour le poste, mais a accepté par devoir pour le foot pro, dont elle connaît les arcanes et où elle est appréciée.
Double exploit pour cette quadragénaire blonde, menue et vêtue de noir: non seulement elle a été élue présidente d'une Ligue professionnelle encore très largement masculine - elle est la seule femme du conseil d'administration élu vendredi -, une rareté dans le football. Mais en plus elle l'a été sans même être candidate.
Une femme à la tête de la LFP? "C'est ce que je voulais depuis juin", a pourtant assuré vendredi Bernard Caïazzo, président du syndicat des "gros" clubs. "Malheureusement Nathalie ne voulait pas, ne pouvait pas pour des questions d'ordre familial. Mais il y a eu finalement un certain nombre de choses qui font qu'elle a accepté."
- Embrouillamini Domenech -
C'est en effet à la suite de l'embrouillamini Domenech, candidat proposé vendredi matin par le Conseil d'administration de la LFP mais retoqué quelques minutes plus tard, que cette mère de famille de 48 ans a accepté de prendre le poste.
Il ne s'agit "pas du tout" d'une "candidature par défaut", prévient néanmoins Guillaume Naslin, sondé par l'AFP, qui travaille à ses côtés au FondaCtion du football, organe hébergé par la FFF et dont le but "est de promouvoir une vision citoyenne du football".
Mme Boy de la Tour, "très appréciée" au conseil d'administration de la LFP où elle siège depuis 2013, est quelqu'un de "très pragmatique", qui a une "grande capacité à rassembler", poursuit auprès de l'AFP Guillaume Naslin. Ce chargé de projet au FondaCtion décrit une "grande bosseuse", "assez tenace, qui va au bout des choses" et qui, de par la nature de l'activité qu'elle a au FondaCtion, a une "grande capacité de créativité et d'innovation".
Les réactions étaient unanimes à la sortie de l'assemblée générale de la LFP. "Pleine d'humanité, de sagesse" selon Noël Le Graët, Mme Boy de la Tour sera "une bonne présidente" selon Caïazzo, "une femme formidable" et "pas une potiche", selon Bertrand Desplat, le représentant des "petits" clubs de L1.
Consultante en stratégie chez Bossard Consulting de 1992 à 2002, elle est devenue en 2004 directrice générale de Galaxy Foot, le premier salon grand public du football. "C'est ce qui m'a fait découvrir le monde du football, son écosystème", a-t-elle expliqué vendredi matin. "Ensuite je l'ai revendu et la FFF m'a approchée pour le FondaCtion, dont je suis déléguée générale depuis 8 ans".
"C'est moi qui l'ai fait rentrer à la Ligue comme administratrice, parce qu'elle est compétente", a aussi glissé Jean-Michel Aulas, l'influent patron de l'Olympique lyonnais. Qui prévient aussi, à propos de celle qui est membre du Conseil d'administration d'OL Fondation, qu'il s'agit d'une "femme dans un monde de brutes, parce que la Ligue est un monde de brutes".
- Duo 'complémentaire' -
De quelle marge de manoeuvre disposera-t-elle? Elle a assuré qu'elle connaissait bien Didier Quillot, le directeur général exécutif de la Ligue avec qui elle entend former un "duo" "complémentaire", mais qu'il faudrait leur "laisser un tout petit peu de temps pour qu'on se réunisse et qu'on définisse les priorités à venir".
Or la réforme des statuts de la Ligue, entrés en vigueur vendredi, confère à Didier Quillot l'essentiel des pouvoirs exécutifs. Le président, ou en l'occurrence la présidente, s'inscrit a priori davantage dans un rôle de représentation, puisque sa mission telle que définie par la Ligue est de "représenter la LFP dans les actes de la vie civile dans ses rapports avec les tiers et dans ses relations avec les instances sportives nationales".
Nathalie Boy de la Tour a en tout cas été élue pour quatre ans, et a encore du temps devant elle pour se familiariser avec cette organisation. "Ce n'est pas une élection qui était attendue, maintenant j'en suis extrêmement heureuse et j'espère être à la hauteur des attentes. Nous devons retrouver une unicité, la confiance, il y a des enjeux importants devant nous", a synthétisé la nouvelle présidente. Une chose est sure, glisse encore Guillaume Naslin: à la Ligue comme ailleurs, "elle est là pour agir".