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© AFP/Antonio Scorza
Vue générale d'un des terminaux de l'aéroport international de Rio de Janeiro, le 20 décembre 2012
Terre sacrée du football par excellence, le Brésil rêve de donner l'image d'un pays joyeux et dynamique à un an du Mondial-2014 (12 juin-13 juillet), mais un lourd déficit d'infrastructures, notamment dans le transport aérien, inquiète toujours.
L'attente est immense: c'est la première fois que le Brésil organise une Coupe du Monde depuis celle de 1950, perdue lors du match décisif contre l'Uruguay au Maracana, un traumatisme national.
Les Brésiliens n'ont pas inventé le foot mais ils l'ont élevé au rang d'art. Et pour beaucoup, le choix du pays du foot roi comme hôte du Mondial et de la Coupe des Confédérations qui débute samedi (15-30 juin) promet une ambiance samba inégalable.
Mais le pays arrive à la Coupe des Confédérations, répétition générale en miniature du Mondial, avec une infrastructure assez basique: aéroports vétustes, sous-capacité hôtelière, transports chaotiques.
"Imagine pendant le Mondial!", lancent les Brésiliens à chaque fois que quelque chose ne fonctionne pas...
Grèves et problèmes à répétition ont retardé quantité de travaux: quatre des six stades où se disputeront les matches de la Coupe des Confédérations ont été livrés à la Fifa en retard. Une partie de la toiture du stade tout neuf de Salvador s'est déchirée après de fortes pluies "en raison d'une erreur humaine" le mois dernier.
Le Brésil fascine par sa taille continentale et ses beautés naturelles. Mais s'y déplacer est un énorme défi.
Dans les grandes villes, les embouteillages peuvent atteindre jusqu'à 200 km, les routes sont en mauvais état, les aéroports saturés, les trains de passagers inexistants.
L'une des principales préoccupations du gouvernement pour le Mondial est le transport aérien qui a explosé de plus de 120% au cours de la dernière décennie, quand 40 millions de Brésiliens ont rejoint la classe moyenne. La capacité aéroportuaire n'a pas suivi au même rythme.
Par ces aéroports déjà saturés vont transister pendant le Mondial trois millions de touristes brésiliens et un demi-million d'étrangers, dans les 12 villes hôtes du tournoi.
Pour la Coupe des Confédérations, on n'attend que 350.000 fans brésiliens et étrangers dans six villes.
Le gouvernement a progressé dans la privatisation de certains aéroports et la modernisation d'autres, mais à pas de tortue.
Pour le Mondial, "sans une bonne planification, une bonne régulation et des encouragements aux investissements, cela va être un désastre", estime Gesner de Oliveira, expert en infrastructure de la Fondation Getulio Vargas.
Le Brésil dépense près de 2% de son PIB en infrastructures quand la Chine investit plus de 7% et le Chili 5%, compare-t-il. Il peut toutefois "profiter de l'occasion pour faire un bond" et organiser un "Mondial raisonnable (...) capable de répondre à la demande de l'événement".
Il ne suffit pas d'augmenter la capacité des aéroports "s'ils ne peuvent pas fonctionner de façon satisfaisante, s'il y a des files d'attente interminables, des retards dans l'envoi et l'arrivée des bagages", a admis récemment le ministre des Sports, Aldo Rebelo.
© AFP/Yasuyoshi Chiba
Vue du stade Fonte Nova de Salvador de Bahia, le 18 avril 2013
Autre grand défi: la sécurité: le Brésil (194 millions d'habitants) enregistre chaque année 40.000 homicides, d'après une étude privée sur base de données gouvernementales. Les 12 villes du Mondial ont des niveaux de violence "endémiques".
La sécurité s'est sensiblement améliorée à Rio ces dernières années avec la reconquête progressive par la police de favelas contrôlées depuis 30 ans par les trafiquants de drogue.
Mais le viol en réunion d'une jeune américaine dans un mini-bus à Copacabana, suivi il y a quelques jours de l'agression d'un touriste allemand grièvement blessé par balles dans la favela de Rocinha, rappelle aux étrangers que la plus grande vigilance reste de mise.
La Fifa prévoit des recettes de 4 milliards de dollars avec le Mondial-2014, dont 60% issus des droits télé.
Le gouvernement brésilien aura lui dépensé 15 milliards de dollars en investissements publics pour le Mondial. D'après une étude du consultant Ernst&Young, ces investissements vont générer 70 milliards de dollars pour l'économie brésilienne.
"Le plus grand défi du Brésil n'est pas la construction des stades, du métro, la modernisation des aéroports et des télécommunications mais de profiter au mieux de ces gros investissements", souligne Pedro Trengrouse, responsable de l'ONU pour le Mondial-2014.
"Le Brésil accueille la Coupe du Monde car il peut payer la facture", ajoute-t-il. "Ce qu'il veut c'est créer de la joie, relever l'auto-estime du pays".