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La possibilité de porter le voile ou le turban a été officiellement intégrée samedi dans les règles du football, ce qui devrait contribuer à lever la barrière religieuse à son développement dans plusieurs pays du globe.
L'International Football Association Board (IFAB), l'organe garant des lois du ballon rond, avait autorisé à titre d'essai le port du voile sous certaines conditions strictes il y a deux ans, à la demande de plusieurs pays musulmans. Le Board avait ensuite accepté d'étendre cette expérience aux joueurs masculins après qu'un conflit autour du turban par des Sikhs avait débordé sur les terrains de football au Québec.
"Une expérience a été menée et la décision restait à prendre. Cela a été confirmé: les joueuses peuvent avoir la tête couverte pour jouer", a déclaré le secrétaire général de la Fédération internationale de football (FIFA), Jérôme Valcke, lors d'une conférence de presse.
"Nous ne pouvons faire de discrimination. Ce qui s'applique aux femmes peut s'appliquer aux hommes. Les hommes peuvent aussi porter dans les différentes compétitions un couvre-chef", a ajouté Jérôme Valcke.
Le Board a jugé ne plus avoir de raisons valables d'interdire une telle mesure si les consignes fixées sont bien respectées. Car ce couvre-chef n'aura rien à voir avec le voile ou le turban de tous les jours. Il doit être collé à la tête, être en accord avec la tenue du joueur, ne pas être rattaché à son maillot, ne pas constituer un danger pour quiconque et ne doit avoir aucune partie qui dépasse. Les épinglettes pour le faire tenir aux cheveux sont aussi bannies.
Une circulaire sera envoyée aux différentes fédérations pour expliquer les détails.
La question du voile avait agité la planète du ballon rond ces dernières années. L'Iran était allé jusqu'à porter plainte contre la FIFA parce que les joueuses de son équipe nationale, faute d'être autorisées à couvrir leurs têtes, avaient dû faire une croix sur les qualifications pour les jeux Olympiques de Londres en 2012.
Le débat avait ressurgi au Canada en juin 2013, quand la Fédération québécoise de football s'était opposée au port du turban par des Sikhs sur les terrains. La Fédération canadienne, qui y était favorable, avait décidé de suspendre la branche québécoise avant que la Fifa ne calme le jeu, en étendant son expérience aux joueurs masculins.
- Principe de laïcité -
Pour les instances dirigeantes du ballon rond, c'est l'aspect sportif qui a primé sur le débat autour du symbole religieux. "C'était une requête qui venait d'un groupe de pays et d'un groupe de joueurs qui disaient que cela contribuerait au développement du football et ce fut le principal argument qui a poussé l'IFAB à dire oui", a souligné Jérôme Valcke.
Cela ne veut pas dire pour autant que la décision sera appliquée partout.
En Italie, la Fédération (FIGC) s'est déclarée "favorable à la décision de l'IFAB" et a donné récemment l'autorisation à une arbitre femme d'officier avec le voile, et à un homme de siffler avec un turban.
A l'inverse, en France, où le débat sur le voile fait rage dans toutes les strates de la société, la fédération nationale de football avait déjà interdit à ses licenciées le port du voile, il y a deux ans, afin "de respecter les principes constitutionnels et législatifs de laïcité" qui prévalent dans l'Hexagone.
Samedi, la FFF a rappelé que ces mêmes principes restaient valables y compris "en ce qui concerne la participation des sélections nationales françaises dans des compétitions internationales". La fédération a aussi réaffirmé "l'interdiction du port de tous signes religieux ou confessionnels" dans le pays.
Frédéric Thiriez, président de la Ligue de football professionnel (LFP) qui représente les clubs, a déploré pour sa part une "grave erreur" qui selon lui "malmène le principe d'universalité du football".
"Alors que la charte olympique exclut tout signe religieux, cette autorisation va à l'encontre du droit des femmes et menace la neutralité d'un football préservé des querelles religieuses et politiques".
L'IFAB a aussi amendé les règles concernant les tenues des joueurs afin d'interdire plus clairement tout slogan, déclaration ou image à caractère politique, religieuse ou personnelle sur la partie visible ou sur les sous-vêtements.
Les joueurs qui soulèvent leur maillot pour montrer au public un message écrit s'exposeront ainsi à des sanctions.