Happy Birthday : |
TFC veut désormais aussi dire Toulouse Football Cécifoot: le club professionnel de la Ville rose est le premier de l'élite du foot français à créer une section non-voyants, une initiative qui pourrait faire des émules.
Capitaine de l'équipe de France médaillée d'argent aux Jeux Paralympiques de Londres en 2012, après une défaite face au Brésil (2-0) en finale, David Labarre, Toulousain de naissance, voit se "concrétiser un rêve".
"J'ai toujours souhaité que le Cécifoot se rapproche du foot valide. On recherchait un club après s'être fâchés avec l'UNADEV (Union Nationale des Déficients Visuels), notre ancienne équipe. J'ai donc contacté le TFC en avril 2014 et cela s'est fait très vite", explique-t-il à l'AFP.
Samedi soir, juste avant la rencontre de Ligue 1 opposant Toulouse à Caen, l'ensemble de l'équipe cécifoot a été présentée au public du Stadium, tandis que David Labarre et Arnaud Ayax, autre international, ont donné le coup d'envoi du match.
"On avait en face de nous des sportifs de haut niveau qui nous ont demandé de l'aide. Je ne vais pas tomber dans la démagogie de dire qu'ils auraient plein de leçons à donner à certains, mais cela aurait été une faute de ne pas les aider", estime Jean-François Soucasse, directeur général du Toulouse Football Club, 10e de Ligue 1.
"Le soutien financier du TFC est très clair", ajoute-t-il, sans vouloir donner de chiffres.
- Non-voyants après mal-voyants -
Toulouse, qui axe depuis plusieurs années une partie de sa communication sur des initiatives citoyennes, marche ainsi dans les pas du Havre, devenu en 2006 le premier club à créer une section "mal voyant", soit B2-B3 dans la terminologie du Cécifoot qui fait la différenciation avec les "non voyants" (B1, comme à Toulouse). Les deux catégories comptabilisent 250 licenciés environ.
Concrètement, cette aventure toulousaine du cécifoot concerne 13 personnes: 7 joueurs de champ, deux gardiens -qui eux sont voyants?, trois entraîneurs et un préparateur physique.
Le ballon, sonore, est équipé de petites billes pour aider les joueurs à se repérer. Le championnat qui regroupe 10 équipes débutera en janvier 2015.
"Ce qu'ils font sur le terrain, c'est aussi impressionnant que les valides", assure Frédéric Boulet, un des entraîneurs de l'équipe.
Tous ces joueurs travaillent pourtant en dehors et s'entraînent seulement deux fois par semaine.
"Un international est payé avec des primes qui lui permettent de s'en sortir, mais les autres ne peuvent pas en vivre", explique David Labarre, qui participera fin novembre avec l'équipe de France au Mondial de la discipline au Japon.
- Discipline née en 1987 -
"C'est une exposition médiatique qui va servir la cause du cécifoot. Faire partie du TFC est une crédibilité supplémentaire", juge David Labarre.
Et les joueurs espèrent désormais que "cette initiative donnera des idées à d'autres clubs professionnels", avoue Aurélien Pfister, un des gardiens de l'équipe.
Principal acteur du développement de cette discipline, officiellement née en 1987, sous l'impulsion du Club Cécifoot de Saint Mandé, qu'il présidait alors, Julien Zelela, aujourd'hui directeur sportif pour la Fédération Française Handisport, ne dit pas autre chose.
"C'est la concrétisation de notre volonté de faire reconnaître le Cécifoot comme un sport à part entière. C'est un signal très fort du TFC et j'espère que cela fera des émules à Paris, Lyon ou Marseille", souligne-t-il.
"L'essor du football féminin a été très timide au début et aujourd'hui beaucoup de clubs pros ont une section féminine", abonde le capitaine des Bleus. "Et pourquoi pas nous alors ?", sourit-il.
Les joueurs du Toulouse Football Cécifoot doivent bientôt partager un entraînement avec les pros du TFC, un moment attendu par Etienne Didot, l'un des plus anciens de l'effectif toulousain: "Ce qu'ils font est génial. On va aller les voir et échanger. Rencontrer des gens qui s'investissent autant fait partie des plus belles choses de la vie".