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© AFP/ALAIN JOCARD
Le président de la Fédération française de football Noël Le Graët, le 12 juillet 2016 à Paris
Il n'annoncera que vendredi sa décision de briguer ou non un nouveau mandat de président de la Fédération (FFF), mais Noël Le Graët a livré un indice dans un entretien à l'AFP mardi, en déclarant: "Je me sens jeune".
A 74 ans, il dévoilera ses intentions devant les familles du football vendredi, avant France-Suède en éliminatoires du Mondial-2018 au Stade de France.
Q: Quel est le bilan sportif 2016 ?
Q: "Tous les clignotants sont au vert. L'équipe de France a fait un très beau parcours à l'Euro, finaliste c'est très bien. On était en quart de finale il y a deux ans à la Coupe du monde au Brésil, en finale là, la progression est importante. Nos Espoirs n'ont pas réussi (à se qualifier à l'Euro-2017, ndlr), mais toutes les autres équipes, U17, U19, U20, ont été championnes du monde ou d'Europe, en garçons ou filles: c'est une année remarquable. Quand le classement UEFA des jeunes va être fait dans les semaines qui viennent, on devrait être la première nation par le cumul des résultats".
Q: Quel a été le moment le plus intense ?
R: "Battre l'Allemagne (2-0 en demi-finale de l'Euro, ndlr), c'est une tellement grande nation de foot!".
Q: Le but vainqueur d'Eder en finale de l'Euro vous hante-t-il ?
R: "Pas à ce point-là. Je pense plutôt au poteau de Gignac, ça se joue à un millimètre. Mais il ne faut pas trop se plaindre, on a été au bout, dans une période extrasportive compliquée: la crainte des incidents, le stress du sport, la sécurité ont hanté nos journées entières".
Q: Votre ligne de conduite sur Karim Benzema a été parfois mal perçue...
R: "Ça m'est égal, chacun prend ses responsabilités. Je ne demande pas à être cru tout le temps, je n'ai pas raison tout le temps, mais en tout cas j'ai une ligne de conduite. Je connais ce garçon bien mieux que tout ceux qui le critiquaient. Il y a eu un incident (l'affaire de la sex-tape de Valbuena, ndlr), qui n'est toujours pas réglé, et ça me navre. C'est une affaire, certes, mais ce n'est pas l'affaire du siècle, quand même! Comme bien sûr c'est Benzema, qui était déjà avant l'affaire plus critiqué que les autres, souvent..."
Q: Mais quand Benzema dit que Deschamps a cédé "à une partie raciste de la France" pour expliquer sa non sélection à l'Euro...
R: "Quand je vois tous les gens qui parlent tous les soirs à la télé, ils feraient mieux quelquefois de manger du chewing-gum ou de réfléchir. Il a dit ça, mais bon, il le regrette cinq minutes après. Il a été déçu de ne pas être sélectionné".
Q: Serez-vous candidat à votre succession en mars ?
R: "Je n'en parle pas avant vendredi".
Q: Le 30 mai 2014, vous déclariez sur RMC: "C'est le dernier mandat. J'aurai fait six ans, j'aurai 75 ans et il sera temps de laisser la place à des plus jeunes". Etes-vous toujours d'accord avec vous-même ?
R: "Je me sens très jeune" (sourire).
Q: Sur un autre sujet, comment percevez-vous l'arrivée de capitaux étrangers ?
R: "Pour le moment, l'afflux d'argent, il n'y a que le PSG, et ça se passe très bien. Il réussit à avoir une très belle équipe, très proche des grandes équipes européennes. A Lyon, c'est un actionnariat minoritaire, cette formule me plaît bien. A Marseille, il fallait faire quelque chose. Ce n'est pas parce qu'il (le repreneur américain Frank McCourt) a fait des choses intéressantes aux Etats-Unis que ça va forcément réussir, mais c'est le souhait complet que ça fonctionne. Margarita (Louis-Dreyfus, ex-propriétaire de l'OM) ne s'en occupait plus trop. Marseille a trouvé quelqu'un, s'il met l'argent qu'il a promis, Marseille peut retrouver rapidement de quoi taquiner le PSG, taquiner seulement. Il est certain que Marseille ne peut pas être 14e. Par contre, que tous nos clubs se vendent aux étrangers demain, non, je suis plutôt fâché. Imaginons que les vingt clubs soient repris avec le même budget que le Qatar: il y aurait un dernier, dix faillites (si les investisseurs repartent, déçus de pas être premier, ndlr), des crises dingues. Il faut quatre grands clubs, de façon assez régulière, comme dans tous les grands championnats, et des outsiders qui travaillent, qui peuvent taquiner. Mais il ne faut pas quinze clubs avec des capitaux venant de je ne sais où, ce n'est pas jouable. La Ligue allemande a interdit aux capitaux étrangers d'être majoritaires. Ça me plaît bien".
Q: Pourriez l'envisager ?
R: "On pourrait mais je ne vais pas le faire. Mais je préfère ça à ce que tous nos clubs soient bradés. On a l'impression que tout à coup il n'y a que des bons Chinois et des mauvais Français".
Propos recueillis par Yann BERNAL