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© AFP/EZRA SHAW
L'attaquante internationale américaine Alex Morgan
lors d'un match face à la Roumanie, le 10 novembre 2016 à San José
A quoi va ressembler le football dans le futur? De nombreux acteurs du foot français ont planché sur le sujet mardi lors d'une conférence à Paris et prédisent un sport un peu plus féminisé et familial, qu'on ne regardera plus seulement à la télé et au stade mais aussi en direct au cinéma ou sur les réseaux sociaux.
Quant à l'économie du foot, elle poursuivra inexorablement son exode vers l'Est et les investisseurs asiatiques, a martelé l'une des intervenantes, Nathalie Nénon Zimmermann, responsable de la division sport chez Kantar Média, une société de conseil et d'études de marché.
- L'effet Mondial féminin -
Dans l'assistance, plusieurs centaines d'acteurs du milieu du foot, des dirigeants, responsables politiques, diffuseurs ou journalistes réunis à l'Université Paris-Dauphine par News Tank Football, un service de veille destiné aux professionnels.
Au coeur des débats, les mutations en cours dans le milieu du foot, et elles sont loin d'être cantonnées aux questions technologiques ou économiques. "L'innovation aujourd'hui c'est la mixité" femmes-hommes, a ainsi insisté Brigitte Henriques, secrétaire générale de la Fédération française (FFF).
L'enjeu est double pour les clubs: professionnaliser et développer leurs équipes féminines, mais aussi, et c'est complémentaire, attirer un public plus diversifié pour les affiches masculines. Et la marche est haute puisque près de 90% des spectateurs des matches de Ligue 1 sont des hommes, selon une étude de la LFP en 2014.
"Il va y avoir un vrai effet de levier du Mondial-2019" féminin, organisé en France, assure Nathalie Iannetta, l'ancienne conseillère sport de l'Elysée, désormais à l'UEFA. "Aujourd'hui les jeunes filles qui aiment le foot prennent encore Antoine Griezmann comme idole, mais avec le Mondial, elles vont se trouver de nouveaux modèles". Et le nombre de licenciées en France, un peu plus de 100.000 aujourd'hui (en nette hausse), contre plus de deux millions chez les garçons, va augmenter.
Plus largement, Thierry Braillard, le secrétaire d'Etat aux Sports, veut que les stades deviennent "de vrais lieux de vie", avec une ambiance et un spectacle plus familial. Avec la question de l'horaire des matches qui peut parfois poser problème. "Le dimanche soir à 21 heures, quand vous voulez emmener vos enfants qui ont école le lendemain, c'est compliqué", regrette-t-il.
- 'Immersion' -
Le spectacle va aussi être plus interactif, pense Loïc Fery, le président du FC Lorient. "Je sais que je vais faire hurler les entraîneurs, mais pourquoi ne pas imaginer que le dernier remplaçant d'un match, entre la 85e et la 90e, soit choisi par un vote des spectateurs", sourit-il.
Côté télévision, les diffuseurs soulignent l'arrivée de définitions encore plus hautes (la 4K), pour une "vraie immersion dans l'image". "Les écrans vont être de plus en plus grand et le son va vraiment vous plonger dans l'événement", raconte François-Charles Bideaux, directeur de la production des Sports chez Canal+. "Il y a aussi de possibles déploiements dans des cinémas ou des théâtres pour des diffusions en direct", expose-t-il.
Lui et ses concurrents mettent volontiers en avant leur présence sur les réseaux sociaux, mais la présentent encore comme un complément aux matches diffusés sur leurs chaines. "Attention!", les met toutefois en garde Alexandre Delpérier, directeur de Yahoo Sport: "Les acteurs du web ne se sont pas encore alignés pour les droits télé du foot, mais ils vont finir par y aller".
Cette nouvelle concurrence va tout bouleverser, pronostique aussi la spécialiste du marketing Nathalie Nénon Zimmermann. "On constate déjà une baisse des audiences en Premier League (Angleterre). Les chaines de télévision linéaire vont-elles toujours pouvoir mettre autant d'argent pour les droits?", s'interroge-t-elle.
Dans l'ensemble, l'économie du foot se déplace aussi de plus en plus vers l'Est, avec le Mondial en Russie (2018), au Qatar (2022) et les investissements mirobolants des clubs chinois. "Aujourd'hui les joueurs ne vont plus seulement finir leur carrière en Chine, mais la poursuivent sur place," explique-t-elle à l'AFP. Dans toutes les têtes, le récent transfert du milieu brésilien Oscar (25 ans), de Chelsea à Shanghai SIPG pour une somme record, estimée à 60 millions d'euros.