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Le 3e Ballon d'Or remporté lundi par Cristiano Ronaldo , aussi logique et mérité soit-il, alimente plus que jamais les questionnements sur le caractère prévisible de ce trophée et sur une certaine forme de sclérose dans son mode d'attribution, au risque de lasser le public.
. Ronaldo-Messi: un duo inamovible?
" Lionel Messi et Cristiano Ronaldo sont deux joueurs différents, mais cela ne fait aucun doute qu'ils sont les meilleurs. Dans ces conditions, la Fifa devrait attribuer deux Ballons d?Or: l?un qui les départagerait dans une compétition entre eux deux, et l?autre pour laisser une chance de le gagner à tout le reste des joueurs". La phrase a été prononcée lundi à Zurich par Angel Di Maria, entre résignation et force de proposition.
Le point de vue du milieu de terrain argentin traduit probablement une forme de lassitude, partagée par un grand nombre d'acteurs, de spectateurs, qu'ils soient professionnels ou simples amoureux du ballon rond. D'une part parce que depuis 2008 les deux rivaux trustent les trophées (2008, 2013, 2014 pour le Portugais du Real Madrid; 2009, 2010, 2011, 2012 pour l'Argentin de Barcelone), d'autre part parce que, c'est entendu depuis longtemps et pour certainement encore pas mal de temps encore, ces deux-là "sont les meilleurs", comme le pense Di Maria.
Les deux stars ne volent évidemment pas leurs Ballons d'Or. Leurs performances régulièrement stratosphériques et décisives tous les week-ends en attestent. Leurs très nombreux buts ne cessent de gonfler leurs statistiques et de faire voler en éclats les records. Et sur ce critère du tout-chiffré, ils n'ont pas de rivaux. Or c'est ce critère qui prédomine et constitue le plus fort coefficient, depuis que la Fifa s'est associée à France Football en 2010 pour l'organisation du prestigieux trophée individuel.
. Un mode d'attribution sclérosé?
Les votants, à savoir les sélectionneurs, les capitaines d'équipes nationales, ainsi que des journalistes, ne sont pas pour autant tenus de partager cette vision ni de se soumettre à ce barème. Pourtant, dans leur grande majorité, ils ont comme ces six dernières années - à l'exception notable de 2010 lorsque les Espagnols Iniesta et Xavi ont fini derrière Messi - adoubé le talent de l'Argentin et du Portugais, comme si leur valeur intrinsèque, donc marchande, ne pouvait être remise en cause et ce, quelle que soit la réussite, la qualité de leur saison écoulée.
Autre exemple appuyant cette tendance, ce sont 20.000 joueurs professionnels à travers le monde, membres du syndicat FIFPro, qui ont été chargés de désigner l'équipe-type de l'année 2014. L'étonnement, voire la perplexité, ont été grands pour beaucoup en découvrant les noms de Thiago Silva et David Luiz en défense centrale. Ceux-là même qui ont sombré avec le Brésil en demi-finale de "leur" Mondial face à l'Allemagne (7-1, Silva était certes suspendu), avant de perdre 3-0 lors du match pour la 3e place contre les Pays-Bas. De la même façon, on est en droit de contester la présence de l'Espagnol Iniesta, très effacé l'an passé.
. Neuer: une occasion manquée d'apporter du changement?
La 3e place sur le podium de Manuel Neuer , rempart quasiment infranchissable de l'Allemagne championne du monde, était écrite d'avance, mais elle n'a pas manqué de décevoir et pas qu'outre Rhin. D'autant que le Bavarois a, comme l'a vainement défendu son sélectionneur Joachim Löw, "marqué de son empreinte le rôle de gardien de but". Neuer cumulait donc le palmarès, son immense contribution au succès allemand et une aptitude à révolutionner le poste.
Autant d'arguments, surtout le premier, qui devaient primer aux yeux de plusieurs personnalités fortes telles que Michel Platini ou Diego Maradona : ils avaient espéré avant ce lundi voir l'Allemand de 28 ans couronné.
Cette solution aurait pu avoir un double avantage: rompre la monotonie d'un palmarès qui s'écrit à deux noms, et accorder la distinction suprême à un gardien pour la première fois depuis le Soviétique Lev Yachine en 1963.