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Les gradins du stade sont remplis et la foule des supporteurs chante à tue-tête mais sur la pelouse, pas de match: bienvenue à la soirée de chants de Noël du FC Union, l'un des deux clubs de foot pro de Berlin.
Mardi, les "Weihnachtssingen" (chants de Noël) de ce club de deuxième division se chanteront à guichets fermés et devraient attirer quelque 27.500 fans dans le stade de la "Alte Försterei" (l'ancienne maison forestière) qui accueillera aussi pour l'occasion une chorale, un orchestre et organisera également un petit service religieux.
Aux abords du stade, installé dans les bois du quartier de Köpenick, à l'est de la capitale allemande, les supporteurs trouveront des bougies gratuites et des carnets de chant pour entonner côte à côte sur la pelouse ou en tribunes "O Tannenbaum" (Mon beau sapin) ou "Stille Nacht" (Douce Nuit).
L'idée a séduit d'autres clubs allemands comme Munich 1860 (2e division) ou Alemannia Aix-la-Chapelle (Ligue régionale) qui l'ont également adoptée.
"Pour moi, c'est le meilleur de deux univers, il y a cette atmosphère de Noël avec le Glühwein (vin chaud), les chants mais également l'ambiance du foot avec ce stade plein", explique à l'AFP Juri Denecke, supporteur de l'Union.
L'évènement est né en 2003, lorsqu'un groupe de 89 fans a eu l'idée d'escalader les barrières du stade, armés de gâteaux de Noël et de Glühwein, pour un concert impromptu sur la pelouse.
Par la force du bouche-à-oreille, l'évènement "secret" s'est amplifié chaque année jusqu'à devenir le plus important rendez-vous annuel du club. Torsten Eisenbeiser, qui participe à l'organisation, était l'un des précurseurs: "Personne n'aurait imaginé que cela allait prendre une telle dimension".
Cette année, pour la première fois, seuls les heureux possesseurs d'un ticket -- 5 euros pour une place debout, 10 pour une assise -- pourront entrer dans l'enceinte de ce club de l'ancien Berlin-Est, souvent considéré comme le plus populaire de la ville. L'an passé, plusieurs centaines de personnes n'avaient pas pu rentrer.
"Les préparatifs durent depuis des semaines", explique l'attaché de presse du club, Christian Arbeit. "Le plus dur est d'avoir assez de personnel car c'est évidemment la veille du jour de Noël et nombreux sont ceux qui sont en vacances ou préparent leur propre Noël".
M. Arbeit n'est pas seulement en charge de l'organisation de l'évènement, il en fera également partie.
"Il y a toujours la chorale de la même école du quartier et le prêtre de la paroisse, mes parents et moi, nous jouerons du trombone, de la clarinette et de la trompette, comme dans une petite fête familiale", raconte-t-il. "On peut se sentir comme à la maison, même si maintenant, il y a vraiment beaucoup de monde".
Face à l'affluence, la pelouse est protégée. En 2012, le club avait dû débourser 250.000 euros pour en faire poser une nouvelle après qu'elle eut été ravagée par les fortes pluies et le piétinement de plusieurs milliers de fans.
Face au Hertha Berlin, son rival de l'ouest de la ville, qui évolue lui dans l'élite du football allemand, le FC Union soigne son profil social et sa réputation de club de passionnés, jaloux de leur héritage.
Créé en 1966 dans l'ancienne RDA communiste, le FC Union est né dans un quartier ouvrier de Berlin-Est. Soutenu par les syndicats, il faisait figure de petit poucet face au Dynamo Berlin, soutenu par la toute-puissante police politique du régime, la Stasi, et champion de RDA de 1979 à 1988, sans interruption.
Quand le club de la vieille maison forestière a voulu moderniser le stade, il y a six ans, environ 2.500 supporteurs ont donné 140.000 heures de travail entre mai 2008 et juin 2009.
Et en 2004, alors que le club était menacé de faillite, ses fans ont organisé une campagne "saigner pour l'Union": l'argent gagné par les dons du sang des supporteurs aux hôpitaux berlinois a servi à payer la licence du club, à l'époque en division régionale.