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© AFP/Grégory Boissy
L'arbitre Norbert Hauata (à gauche) à Papeete le 17 janvier 2014
Norbert Hauata enchaîne les sprints sur le petit terrain de sport de Papetoai, sur l'île de Moorea en Polynésie française. Mercredi, il a appris qu'il serait le seul arbitre français du Mondial de foot au Brésil.
Le soir même, il passait sur la chaîne locale TNTV, le lendemain à la une des journaux. Depuis, il ne peut plus faire un pas sans être félicité.
La fierté des Polynésiens est teintée d'un peu d'amertume: la presse nationale a titré qu'il n'y aurait aucun Français parmi les arbitres du mondial, oubliant Norbert, sélectionné en zone Océanie. Beau joueur, il s'est surtout dit "déçu pour Stéphane Lannoy", l'arbitre métropolitain qui n'a pas été sélectionné, mettant en lumière la crise traversée par l'arbitrage français. Puis ce fervent protestant a "remercié le Seigneur".
Passée la surprise et les "larmes aux yeux", le Tahitien a depuis repris le chemin de l'entraînement. "Au moins deux heures par jour, surtout des courses, du fractionné" glisse-t-il après un slalom entre les petits plots jaunes qu'il a disposés sur l'herbe.
Norbert Hauata joue depuis l?âge de 13 ans, toujours dans les petits clubs de Moorea et arbitre depuis ses 21 ans, "pour aider les clubs". En 2007, la FIFA lui propose de devenir arbitre international. Il officie lors de nombreuses rencontres en Océanie, puis en Coupe du monde des moins de 17 ans.
Un parcours impressionnant pour celui qui nourrit sa compagne et ses trois enfants avec un emploi d'ouvrier dans le bâtiment et fêtera ses 35 ans juste avant le Mondial.
300 spectateurs
En fin d?après-midi, il prend le ferry pour rejoindre Tahiti, à vingt minutes de Moorea, pour arbitrer un match entre deux des meilleures équipes tahitiennes, Tefana et Dragon. A peine arrivé, il est félicité par joueurs et spectateurs. Il sourit, acceptant de bonne grâce quelques accolades. Un jeune joueur le regarde entrer sur le terrain et lâche, admiratif: "Il va mettre des cartons à des joueurs comme Ronaldo ou Ribéry, c?est lui le boss".
© AFP/Grégory Boissy
L'arbitre Norbert Hauata le 17 janvier 2014 à Papeete
Le championnat local équivaut au niveau CFA. Mais ce match de play-off est très engagé entre deux équipes qui visent le titre. Norbert distribuera 5 cartons jaunes. Depuis la table de marque, un homme observe ses décisions. Alain Devienne, le président de la commission fédérale des arbitres en Polynésie, est très fier du choix de la FIFA.
"C?est mérité parce qu?il a l?intelligence du terrain, et aussi la force de s?entraîner seul ou presque : on n?a que 35 arbitres ici, pas beaucoup d'internationaux, on est tout petits", confie-t-il à l'AFP. Sur quoi peut-il progresser ? "Son coup de sifflet, il doit être plus sec".
Sur le terrain, les joueurs tentent à plusieurs reprises de contester ses décisions. Dans le public, une spectatrice chambre un joueur rebelle. "L'arbitre au moins, il va à la Coupe du monde!".
A la fin du match, l'homme en noir sourit de cette "bonne pression". Mais il y avait moins de 300 spectateurs dans le petit stade de Puurai, à Faa?a, au nord de Tahiti. En juin, au Maracana de Rio de Janeiro, ils seront près de 100.000 à crier le nom des stars mondiales du football et à conspuer l'arbitre.
Il lui reste cinq mois pour s'y préparer.