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© AFP/Shah Marai
Les supporteurs afghans célèbrent le premier des trois buts de leur équipe vainqueur du Pakistan (3-0) à Kaboul le 20 août 2013
L'Afghanistan a ravi ses supporteurs en liesse mardi à Kaboul en corrigeant son voisin pakistanais (3-0) lors du premier match de football international organisé dans la capitale afghane depuis dix ans malgré la guerre.
Gonflés à bloc, les quelques 6000 supporteurs qui garnissaient les tribunes du stade de la Fédération afghane football ont au coup de sifflet final salué d'une énorme ovation la victoire des leurs face au Pakistan, que leur pays n'avait plus affronté chez lui depuis plus de 35 ans.
La sélection afghane, 139e au classement de la Fifa et qui n'avait plus disputé de match international à domicile depuis celui de 2003 contre le Turkménistan, n'a jamais été inquiétée au cours de la partie.
Les locaux ont pris les devants dès la 21e minute sur un beau mouvement en triangle conclu dans la surface de réparation, avant d'ajouter deux autres buts en seconde période.
© AFP/Massoud Hossaini
Les joueurs afghans en rouge face à leurs homologues pakistanais en vert lors d'un match international à Kaboul le 20 août 2013
Si le match avait été présenté comme un symbole de la capacité du football à contribuer à la paix, son résultat sans appel a été célébré par de nombreux Afghans comme une douce revanche sur un voisin que beaucoup considèrent comme un faux frère.
"J'adore le foot, et ce match était très important pour nous, a expliqué à l'AFP Shabir Ahmad, un fonctionnaire de 27 ans. Car même s'il était organisé pour promouvoir la paix, il y a toujours beaucoup de rivalité entre l'Afghanistan et le Pakistan."
L'Afghanistan accuse régulièrement son voisin d'aider les rebelles talibans à reprendre le pouvoir à Kaboul, des accusations rejetées par Islamabad qui accuse de son côté les autorités afghanes de laisser opérer sur leur territoire les talibans pakistanais.
Match retour en décembre
Des policiers et des forces spéciales afghanes munis de boucliers étaient déployés dans et autour du petit stade installé au pied de montagnes escarpés.
Les aficionados afghans du ballon rond, dont des femmes rassemblées dans une section spéciale des tribunes, se sont époumonés dès l'hymne national et pendant une grande partie du match.
Ahmadzai Fazeli, 25 ans, a même traversé des barrages de talibans, qui contrôlent une partie du pays, pour venir au match depuis sa province du Wardak, au sud-ouest de Kaboul. "En me rendant ici, les talibans m'ont arrêté pour me demander pourquoi j'allais à Kaboul. Je leur ai dit que j'allais voir le match de football Pakistan-Afghanistan et ils m'ont laissé passer en souriant", a-t-il confié à l'AFP.
La Fifa souhaitait un duel amical entre ces deux pays voisins aux relations tendues qui ne s'étaient pas affrontés sur une pelouse de football à Kaboul depuis 1977, deux ans avant l'invasion soviétique.
La tenue pacifique de ce match est un accomplissement en soi pour l'Afghanistan, pays miné par plus de trois décennies consécutives de guerre et qui, malgré l'insécurité, a lancé l'an dernier son premier championnat national de football, l'Afghan Premier League.
Sous les talibans, au pouvoir de 1996 à 2001, le football n'était certes pas interdit mais une autre enceinte de Kaboul, le vieux stade Ghazi, était plus célèbre pour les lapidations en public que les joutes de ballon rond.
Le Pakistan, géant de 180 millions d'habitants ayant érigé le cricket en religion, n'a pas accueilli d'événement sportif majeur depuis l'attaque en 2009 de la sélection nationale de cricket du Sri Lanka par des islamistes armés à Lahore, la grande ville de l'est du pays.
Cette parenthèse devrait prendre fin en décembre dans la même ville avec le match retour prévu contre l'Afghanistan, royaume du bouzkachi, sport dans lequel deux équipes de cavaliers doivent porter une carcasse de chèvre jusqu'en territoire adverse.