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Une crise d'ampleur secoue le football français après l'annulation jeudi par la Fédération française du principe de deux montées et deux relégations entre la Ligue 1 et la Ligue 2 décidée par la Ligue de football professionnel.
Alors que se profilent à grands pas les reprises de la L2 (31 juillet) et de la L1 (7 août), la guerre est déclarée entre les deux instances après ce veto inédit et une fracture béante sépare désormais l'élite de la L2, les professionnels du monde amateur. De quoi écorner l'image de la France à un an de l'Euro-2016 organisé sur son sol.
Le président de la LFP Frédéric Thiriez n'a ainsi pas hésité à qualifier la situation de "conflit majeur" et indiqué son intention de déposer un recours en référé devant le Conseil d'Etat.
"C'est une décision que j'estime illégale et grave pour l'avenir du football", a-t-il déclaré à l'issue du Comité exécutif de la FFF dont il est, de droit, l'un des 12 membres.
C'est donc désormais à la justice de trancher le litige et M. Thiriez a expliqué vouloir aller "jusqu'au bout" pour défendre cette réforme controversée, votée une première fois le 21 mai et confirmée le 9 juillet au grand dam des clubs de L2.
Pour le président de la FFF Noël Le Graët, le refus de son Comex est au contraire gage de "paix" et celui-ci "a pris une décision sage, juste et importante au nom de l'intérêt supérieur du football".
-"Pugilat"-
"On considère que séparer la Ligue 1 de la Ligue 2 et du National n'est pas une bonne chose, a-t-il poursuivi. L'unité du football français c'est aussi respecter ceux qui ne partagent pas vos convictions. Mettons nous autour d'une table".
Le patron de la FFF avait cru éteindre l'incendie lors de l'Assemblée fédérale de juin à Nantes en repoussant à décembre un éventuel vote sur un passage à deux montées et descentes entre la Ligue 2 et le National et Frédéric Thiriez avait assuré que la Ligue ferait de même entre L1 et L2. Mais la volonté des clubs de L1 de maintenir coûte que coûte le changement pour la saison 2015-16 est venue créer le désordre au sein des instances, aboutissant à cet affrontement sans précédent entre la FFF et la LFP et une césure entre L1 et L2.
"Alors que tout le monde était d'accord il y a deux mois sur le principe, on assiste à un pugilat qui n'est pas digne du monde du foot. Il faut que tout le monde revienne à la raison", a affirmé Jacques Rousselot, le président de Nancy et l'un des meneurs de la fronde parmi les clubs de L2 contre la LFP.
"Frédéric (Thiriez, ndlr) est peut-être mené par quelques-uns, mais il y a le monde amateur, deux millions de licenciés, des présidents de ligues, de districts, la Ligue 2, et voire des présidents de L1 qui ne sont pas intéressés par cette disposition. Cela intéresse 7, 8 présidents de L1. Il faut penser à l'intérêt général, pas à l'intérêt particulier", a-t-il ajouté.
Le ministre des Sports Patrick Kanner s'est dit de son côté prêt à "jouer les Messieurs bons offices", tout en affirmant à l'AFP que "le problème existe mais la solution imaginée par Frédéric Thiriez n'est pas la bonne façon de le régler".
- "Il n'y a qu'une seule instance" -
Malgré ces appels à l'unité, la rupture est consommée et M. Le Graët n'a pas voulu céder le moindre pouce de terrain, marquant clairement son territoire et rappelant la prééminence de la Fédération sur la Ligue.
"Il n'y a pas deux grandes instances, il n'y en a qu'une seule, la FFF. Une seule. C'est la Fédération qui a obtenu l'Euro-2016, pas les autres. C'est la Fédération française aussi qui a obtenu la Coupe du monde 2019 pour les filles. Et 2018 pour les moins de 20 ans", a-t-il tonné.
Effet collatéral de cette crise: le retour à la surface du débat sur le mode de gouvernance de la Ligue.
"Il faudra peut-être faire des Etats généraux du football professionnel comme on l'avait fait au niveau de la FFF. La LFP doit se réformer. Il faut peut-être un directeur général exécutif, un conseil d'administration plus restreint. Et puis il faut repenser ce qui est le fondement même de la Ligue, à savoir aller chercher des ressources, du business et augmenter nos droits et donner la possibilité à nos clubs d'avoir la capacité à assurer un compte d'exploitation", a estimé Jacques Rousselot.