Happy Birthday : |
© AFP/François Guillot
Le joueur de football franco-algérien Zahir Belounis (à droite) parle à son avocat Me Frank Berton lors d'une conférence de presse au siège de l'Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP) à Paris le 3 décembre 2013
La défense du footballeur Zahir Belounis, qui a été retenu un an au Qatar, a annoncé mardi son intention de porter plainte contre le frère de l'Emir, une façon de porter au plus haut niveau la polémique sur le parrainage des étrangers dans le Golfe.
Escroquerie, travail dans des conditions inhumaines et extorsion de fonds: Me Frank Berton, avocat du joueur franco-algérien, a ciblé trois fondements à la plainte qui devrait être déposée dans les prochains jours à Paris.
Parmi les personnes visées doit figurer le frère de l'Emir du Qatar, le Cheikh Joaan bin Hamad Al-Thani, président du club d'Al-Jaish où Belounis évoluait depuis 2010.
Pour obtenir son visa de sortie, Belounis a confié avoir dû signer un licenciement antidaté au 1er février 2013, et renoncer ainsi à son contrat qui courait jusqu'en juin 2015 pour une valeur de 120.000 à 150.000 euros.
"Officiellement, on m'a fait des excuses, +on est désolé de ce qu'on t'a fait+. J'ai compris que je n'avais pas trop le choix et puis j'étais psychologiquement à bout", a-t-il déclaré mardi.
Le joueur a pu quitter le Qatar jeudi dernier après près d'un an de blocage.
La plainte visera en fait les "sponsors", ou parrains du joueur qui, en tant qu'employé étranger, était soumis - au même titre que l'ensemble des travailleurs immigrés dans les pays du Golfe - au système de la "Kafala", où chaque salarié est en fait la quasi-propriété de son "sponsor", son "Kafil".
La plainte visera donc également le président de Military Sport Association, Gamaan Al Hamad, qui avait recruté Belounis en 2007 avant qu'Al-Jaish ne rachète son club.
"Même des membres de la famille royale"
En parallèle, Me Berton a également indiqué mardi vouloir déposer une plainte dans le dossier de l'homme d'affaires français Nasser Al-Awartany, également coincé au Qatar et dont il défend aussi les intérêts.
"Il a reçu ce matin un coup de fil lui proposant d'obtenir son visa de sortie contre 200.000 euros, a indiqué Me Berton. Cette plainte portera, elle, sur escroquerie, tentative d'extorsion de fonds et abus de confiance".
Là aussi, la famille royale sera directement impliquée puisque le "sponsor" visé n'est autre que Mansoor Jassim Thani Jassim Thani, cousin de l'Emir.
Une fois les plaintes déposées, le Parquet aura six mois pour désigner ou non un juge d'instruction.
"On espère la mise en examen des sponsors, même si ce sont des membres de la famille royale. La justice française est compétente pour le faire, a assuré l'avocat lillois. Tout délit subi par un Français à l'étranger peut être étudié par la justice française, c'est une compétence exclusive du Parquet de Paris".
Derrière cette imminente offensive juridique, l'avocat et ses clients espèrent surtout que soit repensé le système de la "Kafala".
Il est d'ailleurs soutenu dans son entreprise par le syndicat international des joueurs de football (FIFPro), qui tente lui aussi de peser sur le dossier.
"La FIFPro a pris contact avec les autorités qataries, à Doha la semaine dernière, pour obtenir que dans le futur les joueurs de foot ne puissent plus être retenus. Seul l'avenir nous dira si les promesses que nous avons eues seront tenues", a déclaré son président Philippe Piat.
"Tant mieux pour les footballeurs s'ils y arrivent. Je suis persuadé que le football peut faire beaucoup plus que les ONG. Ce serait alors une porte ouverte pour tous les autres travailleurs", a réagi Me Berton.