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© AFP/MEHDI FEDOUACH
La légende Raymond Kopa
montre son autobiographie au salon du livre de Paris, le 25 mars 2007
Raymond Kopa , décédé vendredi à l'âge de 85 ans, restera comme la première star du foot français, parvenu bien avant Michel Platini et Zinédine Zidane à briller dans un grand club étranger, remporter une Coupe d'Europe et être élu Ballon d'Or.
"J'ai été le premier joueur français à quitter le pays. A l'époque beaucoup de gens m'ont pris pour un traître. J'avais juste le tort d'être un précurseur". Modeste, Kopa omettait d'ajouter qu'il avait surtout le mérite d'être talentueux comme peu l'étaient en 1956, lorsque le Real Madrid, séduit par ses dribbles redoutables et sa vision du jeu hors pair, le chipa à Reims.
Deux matches suffirent à convaincre Santiago Bernabeu, légendaire patron de la Maison Blanche, de recruter le milieu offensif. La finale de la Coupe d'Europe des clubs champions (ancêtre de la Ligue des champions), remportée par le Real aux dépens de Reims (4-3) porté par un Kopa étincelant. Et, un an plus tôt, un France-Espagne amical (2-1), illuminé par celui qui gagne alors son surnom de "Napoléon".
Un sobriquet émanant d'un journaliste anglais du "Daily Express", Desmond Hackett, frappé par le charisme du meneur d'homme, son intelligence tactique et, plus prosaïquement, par sa petite taille (1,68 m).
Un petit gabarit qui faillit empêcher ce fils d'émigré polonais, né Kopaszewski le 13 octobre 1931 à Noeux-les-Mines, d'entamer une carrière professionnelle. "Quand j'avais 18 ans, beaucoup de clubs de la région, Lens, Lille, Roubaix, Valenciennes... sont venus me voir. Mais ils m'avaient jugé trop petit."
- Trois C1 -
C'était mal connaître la détermination du jeune homme, échappé de la mine après un accident qui entraîna l'amputation d'une partie d'un pouce et d'un index, et qui finit par signer son premier contrat à Angers. "Ce ne sera plus Raymond Kopa szewski, mais Raymond Kopa ! Cela sonne bien et se retient mieux", décide alors son entraîneur Camille Cottin. L'histoire est en marche.
Elle lui fait faire ensuite les beaux jours du stade de Reims (1951-1956) avec deux titres de champions de France à la clé (1953, 1955) et cette fameuse finale de Coupe d'Europe qui lui ouvre les portes de Madrid.
En trois saisons, l'homme à la raie sur le côté et aux sourcils plongeants compose avec l'Espagnol d'origine argentine Alfredo Di Stefano et le Hongrois Ferenc Puskas - qu'il idolâtre -, le trio d'attaque le plus redoutable d'Europe. Il est le premier Français à remporter la coupe d'Europe des clubs champions (1957) et le seul à la conserver deux années de rang (1958, 1959).
A l'été 1959, revenu à Reims, son club de coeur, il retrouve Just Fontaine , son frère d'arme, avec lequel il a écrit un an plus tôt la plus belle page de l'équipe de France de l'époque.
- Joueur jusqu'à 70 ans -
Au Mondial-1958 en Suède, leurs exploits conjugués ont conduit les Bleus à la troisième place. Seul le Brésil d'un gamin nommé Pelé s'est montré plus fort en demi-finale (5-2). Mais à défaut de sacre, Kopa fut désigné meilleur joueur du tournoi que Fontaine a fini avec 13 buts inscrits (record en cours). Il reçut aussi cette année-là le prestigieux Ballon d'Or.
"Sur le terrain, ça a été un coup de foudre immédiat. On s'est trouvé de suite", racontera plus tard Fontaine avec lequel Kopa mena plus d'une bataille contre les instances du foot français, aux premières heures de l'UNFP (syndicat des joueurs pros), pour instaurer les contrats ne liant plus à vie le joueur et le club.
Premier joueur français à s'être adonné à la publicité - dont une, étonnante, vantait les mérites d'une marque de cigarette -, Kopa mit un terme à sa carrière en 1967, après deux titres de champion de France supplémentaires remportés avec Reims.
Jamais bien loin de l'ami Fontaine, devenu entraîneur du Paris SG en 1973, il accepte cette année-là de disputer un match de préparation face à Saumur et marque trois buts. Il a 42 ans. Le PSG lui propose de sortir de la retraite, en vain.
Kopa continua de jouer en amateur, jusqu'à ses 70 ans. Il fallut une ostéotomie (section d'un os), à la jambe droite cette fois, pour briser sa formidable longévité.