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© AFP/Kirill KUDRYAVTSEV
Le vice-Premier ministre russe Vitaly Mutko, le 7 mars 2017 à Moscou
L'homme fort du sport russe, le vice-premier ministre Vitaly Moutko ne pourra plus siéger à la Fifa où il était présent depuis 2009, après avoir été déclaré "non éligible" en raison d'un risque de conflit d'intérêt.
Egalement président du Comité d'organisation du Mondial-2018 en Russie, M. Moutko, 58 ans "n'a pas été admis comme candidat à un poste de membre du Conseil de la Fifa en raison de sa fonction de vice-Premier ministre", a expliqué la Fifa dans un communiqué mis en ligne vendredi dans l'après-midi sur son site internet.
La commission de gouvernance de la Fifa, présidée par le Portugais Luis Miguel Poiares Maduro, ancien magistrat à la Cour européenne de justice de Luxembourg, a mis en avant les principes de "neutralité politique et de prévention d'ingérence gouvernementale" pour déclarer M. Mutko "inéligible".
Vendredi matin, une source proche de la Fifa, citée par l'AFP avait annoncé que M. Moutko était écarté "en raison du poste de vice-Premier ministre qu?il occupe et des risques d'interférence et de conflit d?intérêt possible au regard du statut de la Fifa et de l?art 14 du code d?éthique".
Le rapport McLaren sur le dopage d'Etat en Russie, dans lequel M. Moutko est cité, "n?est absolument pas entré en ligne de compte dans la décision", avait ajouté la même source.
M. Moutko a indiqué qu'il "n'est pas question de faire appel" de cette décision. Il a par ailleurs affirmé que cela n'affecterait pas la tenue du Mondial-2018 en Russie.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré à la presse: "Le Kremlin ne commente pas cette décision".
- Cité dans le rapport McLaren -
Le vice-Premier ministre fait partie des responsables russes cités dans le rapport McLaren, commandé par l'Agence mondiale antidopage (AMA) et consacré au vaste scandale de dopage d'Etat en Russie de 2011 à 2015, notamment lors des jeux Olympiques d'hiver de Sotchi en 2014.
Ancien ministre des Sports et actuel président de la Fédération russe de football, M. Moutko, membre depuis 2009 du Conseil de la Fifa, était candidat à un nouveau mandat au sein de cette instance qui définit les grandes orientations et la stratégie du football mondial.
Il faisait partie au côté du Hongrois Sandor Csyani, du Chypriote Costakis Koutsokoumnis, du Monténégrin Dejan Savicevic et de l'Islandais Geir Thorsteinsson, d'une liste de cinq candidats présentée par l'UEFA fin décembre afin de pourvoir 5 sièges vacants au Conseil de la Fifa et réservés à la confédération européenne.
Un 6e nom avait été proposé, Reinhard Grindel, président de la Fédération allemande de football, a-t-on appris auprès de la même source.
- 'Humiliation pour Moscou' -
Hormis Moutko, les cinq autres candidats ont été déclarés éligibles, a précisé cette source.
Quatre sièges seront attribués pour des mandats de quatre ans. Un autre représentant sera élu pour un mandat de deux ans.
Cette décision d'inéligibilité, prise par une commission de contrôle de la Fifa, a été transmise vendredi à l'UEFA qui n'a pas souhaité faire de commentaire et a renvoyé "vers la Fifa".
Cette décision n?a "pas d?influence" sur le poste de président du comité d'organisation du Mondial 2018 occupé par Moutko car "cela ne relève pas de la juridiction de la Fifa", a précisé la source proche de la Fifa.
Selon les règlements de la Fifa, "dans certains cas, un conflit d'intérêt potentiel peut suffire à rendre quelqu'un inéligible" (paragraphe 3b, note sur les contrôles d'éligibilité).
La commission de contrôle de la Fifa est chargée d'examiner l'éligibilité des candidats présentés par chaque confédération, pour être élus à la fois dans leur confédération et à la Fifa.
Ce contrôle renforcé constitue l'une des réformes introduites par la Fifa à la suite du vaste scandale qui l'a éclaboussée et entraîné la démission de son ancien président Joseph Blatter.
Son successeur, l'Italo-Suisse Gianni Infantino, juriste de métier et alors secrétaire-général de l'UEFA, faisait partie de la commission de la Fifa qui a proposé ces réformes.
"Dans le contexte actuel, je ne vois pas comment Moscou ne peut pas considérer cette décision comme une humiliation", a réagi une autre source proche de la Fifa, interrogée par l'AFP.
"Il faut aussi s'interroger sur certaines décisions de cette commission car dans le même temps d'autres candidats sont déclarés éligibles alors même qu'un risque de conflit d'intérêt peut être soulevé", a ajouté cette source, citant le Malgache Ahmad Ahmad, candidat à la présidence de la Confédération africaine (CAF) et vice-président du Sénat de son pays. Ou encore le Hongrois Sandor Csyani, président de la banque OTP, l'un des plus grands groupes financiers d'Europe centrale et proche du Premier ministre hongrois Viktor Orban.
Pour une autre source proche de la CAF, "un problème de cohérence se pose dans les décisions de cette commission de contrôle car beaucoup de responsables, notamment en Afrique, occupent à la fois des postes de responsabilité, politiques et sportifs, à commencer par M. Ahmad".