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"Reprendre le contrôle" d'une "zone de non-droit du foot" : la rhétorique sécuritaire a refleuri pour critiquer les bouillants supporteurs de l'Olympique de Marseille, qui gèrent eux-mêmes leurs abonnements, après les incidents du match contre Lyon.
Il faut "aider" l'OM, "avec les pouvoirs publics, à reprendre le contrôle de son public et notamment de ses virages", tonne le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Frédéric Thiriez. Jean-Michel Aulas, le président de l'Olympique lyonnais, a lui qualifié le stade Vélodrome de "zone de non-droit du foot" après les jets d'objets, notamment de quelques bouteilles en verre, qui ont conduit à l'interruption du match au sommet de la 6e journée de Ligue 1 (1-1).
Le N.1 de l'OM, Vincent Labrune, fustige aussi, auprès de l'AFP, le comportement "inadmissible" de certains "irresponsables". Mais il tient à les isoler dans une minorité.
"Nous avons quand même largement pacifié les relations avec les supporteurs", précise Labrune, évoquant "l'immense majorité raisonnable des interlocuteurs" lors des "nombreuses réunions" avec leurs représentants.
S'il condamne ces agissements, répétant lundi que le club "prendra ses responsabilités", le président de l'OM estime qu'il "faut raison garder: on n'a que très peu d'incidents au stade, le Vélodrome n'est vraiment pas le stade le plus dangereux de France".
Le dispositif spécial pour ce match, 740 stadiers et 18 maîtres-chiens, "n'a pas permis de contrer les agissements de certains énergumènes habillés en supporteur": "Il faut en tirer les conséquences", estime Labrune.
- 'Pas diaboliser les supporteurs de l'OM' -
La palpation à l'entrée du stade sera renforcée, pour essayer de ne plus laisser passer de bouteilles en verre, et les filets de protection seront réinstallés devant la zone des virages.
"On fait beaucoup, on ne peut pas tout faire, c'est pour cela que l'on demande l'aide des pouvoirs publics", ajoute Labrune avant d'insister : "Je ne veux pas qu'on diabolise les supporteurs de l'OM".
Pour Thiriez, "la question des virages à Marseille est très difficile, historique".
Organisés en neuf groupes (Ultras, Winners, Yankee, Fanatics, Dodger's, MTP, CCS, Handi Fan Club et Amis de l'OM), les fans de l'OM assurent une ambiance digne des grandes arènes européennes au stade, mais dépassent parfois la mesure.
En début de saison, le bas du virage nord a été fermé pour deux matches en raisons d'incidents remontant au match contre Bastia, interrompu également, en fin de saison dernière. Les violences du match contre Lyon risquent de coûter une nouvelle suspension, partielle ou totale, de l'enceinte rénovée pour l'Euro-2016. Ils font également oublier les beaux "tifos" (scène formée de milliers de bouts de papiers brandis par les spectateurs) d'avant-match.
Aucun des représentants de groupes de supporteurs joints par l'AFP n'a souhaité réagir aux événements.
Autre particularité du club à la première affluence de France (55.031 spectateurs par match cette saison, chiffres LFP), les groupes de supporteurs gèrent eux-mêmes leurs abonnements, un système datant de la présidence Bernard Tapie au milieu des années 1980. Le prix du ticket pour la saison est un des moins chers des grands clubs européens (180 euros pour 19 matches en virage sud).
Traditionnellement frondeur, le public peut verser dans le goût douteux, comme de nombreux publics de foot. Le néo-lyonnais Mathieu Valbuena a subi dimanche un traitement particulièrement coriace de son ancien stade : des sifflets tout au long de la soirée, des chants insultants, et même la pendaison symbolique d'un mannequin à son effigie. Chauffé à blanc, le Vélodrome a fini par déborder.