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Les incidents survenus samedi à l?issue du derby Nice-Bastia soulèvent des questions concernant la sécurité de l'Allianz Riviera de Nice, notamment l'absence de structures empêchant l'envahissement de la pelouse de ce stade qui accueillera des rencontres de l?Euro-2016.
"Comme tout bâtiment neuf on s'aperçoit à l'usage qu'il peut y avoir des améliorations ici ou là, par exemple pour canaliser dans certaines situations des flux de supporteurs hostiles", note le directeur départemental de la sécurité publique dans les Alpes-Maritimes, Marcel Authier, qui émet régulièrement des souhaits d?aménagements sur le stade niçois, inauguré il y a un an.
Selon un spécialiste des stades au sein des instances de football, la conception des stades modernes entraîne forcément une petite part de risque.
"A partir du moment où l'on transforme les stades en lieux de vie, en lieux conviviaux où l'on invite les spectateurs à rester plus longtemps, à partir du moment où l'on supprime les grilles entre la pelouse et les supporteurs, où l'on facilite la circulation, on est plus exposé", a souligné le responsable, préférant garder l'anonymat.
"Certes, il n'y a pas de grille et de fosses mais les contrôles humains sont optimisés avec une personnalisation des billets, des caméras vidéos", note pour sa part Lionel Maltese, professeur à la Kedge Business School de Marseille, spécialiste des stades, en jugeant que "les nouveaux stades sont plus adaptés aux mouvements de foule".
Le patron de la division nationale de lutte contre le hooliganisme, Antoine Boutonnet n?a pas non plus grand chose à reprocher à l?Allianz Riviera même s?il pense que quelques points de sécurité peuvent être facilement améliorés, notamment "la réactivité des stadiers".
- 'Laxisme des clubs'-
Samedi soir, une bannière à tête de Maure brandie par Jean-Louis Leca, le gardien remplaçant bastiais, a déclenché l'irruption sur la pelouse d'ultras niçois de la "Populaire Sud", facilitée par l?absence de grillage entre tribune et pelouse.
Quatre supporteurs niçois ont été immédiatement interpellés, trois devront se présenter devant le tribunal le 15 décembre, tandis qu'un quatrième, mineur, sera convoqué ultérieurement par la justice.
Le stade de France a des grillages amovibles à hauteur réglable, d?autres comme le Vélodrome (Marseille) ou le Louis-II (Monaco) ont opté pour le dispositif dit "Wembley" avec des tendeurs horizontaux.
Au-delà de son élégance architecturale et de son confort, l'infrastructure sportive azuréenne a été construite avec le parti pris de l'ouverture et d?une libre circulation.
Ce modèle préconisé depuis le drame du Heysel a d'ailleurs séduit familles et spectateurs, dont l?affluence a doublé. Mais, de source proche du club résident, il n'est pas adapté aux soirées dites "protégées", comme celle de Nice-Bastia, avec plus de 500 stadiers malgré l'interdiction de déplacement de supporteurs insulaires.
Lors d'un incident plus sérieux, le 24 novembre 2013, des supporteurs stéphanois avaient transformé plus de 200 sièges, insuffisamment scellés, en projectiles avant le coup d'envoi de Nice-ASSE (0-1). Onze stadiers et policiers avaient été légèrement blessés.
Ce premier incident avait conduit une filiale de Vinci, constructeur et gestionnaire de l?enceinte, à procéder au renforcement et à la surélévation des garde-corps de la tribune visiteurs.
Mais tous les connaisseurs du dossier préfèrent pointer les comportements de certains fans de football. L'une des quatre personnes interpellées samedi soir sur la pelouse venait juste de purger six mois d?interdiction de stade.
"Certains clubs ont eu le courage de refuser ou de résilier des abonnements pour incitation à la haine, je ne l?ai pas encore vu à Nice", lance ainsi le commissaire Boutonnet, qui évalue les fauteurs de troubles à quelque 80 individus.
Le ministre de l?Intérieur, Bernard Cazeneuve, a vivement condamné lundi ces "débordements inadmissibles" et souhaité que l?enquête conduise "à des poursuites judiciaires et des interdictions administratives de stade".
Quelques heures auparavant, le président de la Ligue de football professionnel Frédéric Thiriez avait demandé à la commission de discipline d?examiner le dossier dès jeudi en vue de possibles mesures à titre conservatoire.