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© AFP/PASCAL POCHARD-CASABIANCA
Des supporters de Bastia envahissent le terrain lors du match Bastia-Olympique Lyonnais, le 16 avril 2017, à Bastia
"Pourquoi la passion devient déraison?": fustigeant "le machisme et la bêtise" et le "supportérisme dévoyé", le procureur de Bastia a requis mardi jusqu'à 6 mois de prison ferme à l'encontre de 15 hommes, dont un cadre du SC Bastia, jugés pour les incidents du match Bastia-OL du 16 avril.
"C'est un gâchis sportif considérable", a regretté Nicolas Bessone, dénonçant des "comportements inadmissibles".
La rencontre avait démarré en retard après l'envahissement du terrain par des supporters bastiais, qui avaient pris à partie des joueurs et des membres du staff lyonnais pendant leur échauffement, avant d'être définitivement interrompue après de nouveaux incidents à la mi-temps.
- 50 personnes déchainées -
"Les joueurs chambrent peut-être, mais ça ne justifie en rien cette pénétration (sur le terrain) où ils sont clairement victimes de ces agressions, avec 50 personnes déchainées qui viennent à leur contact", a soutenu M. Bessone.
"Ici, ce qui ne plaît pas aux gens, c'est la surmédiatisation. Non, Bastia n'a pas les seuls envahissements de terrain, mais des déchaînements de cette nature... Ce qui est hors norme, c'est qu'un stadier et celui qui doit assurer la sécurité" des matchs s'en prennent à des joueurs adverses, a-t-il déclaré, faisant référence entre autres à Anthony Agostini, le directeur des services généraux du SC Bastia.
Contre ce dernier, il a requis devant le tribunal correctionnel de Bastia une interdiction de cinq ans d'exercer toute activité au SC Bastia et une interdiction de stade de la même durée, assortis de trois mois de prison avec sursis et 500 euros d'amende.
Pour les 14 autres prévenus poursuivis pour avoir pris part à ces incidents ou être simplement entrés sur le terrain dans la confusion, M. Bessone a requis des peines allant jusqu'à six mois de prison ferme --deux prévenus seulement, dont un en état de récidive, sont concernés par une réquisition de prison ferme--, des interdictions de stade allant jusqu'à 5 ans et des amendes montant jusqu'à 1.000 euros.
- 'Ce sport rend fou' -
Lundi, au premier jour du procès, les prévenus ont regretté être entrés "bêtement" sur le terrain, avoir "suivi la foule sans réfléchir" ou avoir été "emportés par la passion".
Le tribunal correctionnel de Bastia s'était aussi penché de plus près sur l'altercation qui a opposé à la mi-temps M. Agostini et Anthony Lopes, le gardien de l'Olympique Lyonnais, entendu comme témoin par visio-conférence. Ce dernier a soutenu avoir été menacé et insulté par des supporters en tribune puis avoir été agressé verbalement et physiquement par M. Agostini, ce que ce dernier dément, évoquant des provocations du joueur lyonnais.
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Le dirigeant du SC Bastia Anthony Agostini, le 16 mai 2017 à Bastia
"Vous n'aviez pas à y aller, qu'est-ce que vous êtes allés faire? L'incident déclencheur de la deuxième bagarre, incontestablement, c'est vous", a lancé M. Bessone à M. Agostini. "Concernant l'attitude de Lopes, elle n'est pas pire que d'habitude, il va chercher sa bouteille, il va toiser le public mais ça dure une seconde", a-t-il estimé.
M. Bessone a aussi eu un mot particulier pour l'étudiant Maxime Beux. Le jeune homme assure avoir perdu un oeil suite à un tir de Flash-ball de la police lors d'incidents après un match Reims-Bastia en février 2016, à la suite desquels de nombreuses manifestations avaient eu lieu en Corse, entraînant parfois des débordements violents. Récemment, l'étudiant a aussi été mis en examen pour d'autres incidents avec des policiers, survenus deux mois plus tard, en avril 2016, après un match Ajaccio-Bastia. A Bastia depuis lundi, il fait partie des 10 prévenus poursuivis pour être entrés sur les terrain dans la confusion des incidents.
"Il faut protéger Maxime Beux de ses propres démons", a lancé le procureur: "Je suis désolé pour Maxime Beux, quand on a 22 ans et qu'on a perdu un oeil, c'est une mutilation permanente, mais c'est désespérant que tout le monde pense à lui sur ces évènements-là".
"Ce sport rend fou, on ne va pas tout foutre en l'air pour un match de ballon, même si on est passionné", a conclu le procureur.
Les plaidoiries de la défense sont attendues mardi dans l'après-midi.