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© AFP/FRANCISCO LEONG
Le président de la Fédération française de football (FFF) Noël Le Graët avec François Hollande, le 10 juillet 2016 au Stade de France lors de la finale de l'Euro-2016 France-Portugal
Le foot français se sent floué et envisage une contre-attaque après les révélations du livre "Un président ne devrait pas dire ça..." dans lequel François Hollande confie être intervenu dans l'appel d'offres pour les droits TV de la Ligue 1.
Retour sur les étapes d'un nouveau dossier brûlant dans le foot pro par ailleurs en conflit sur sa gouvernance.
. Des droits TV record...
En avril 2014, les droits TV de la Ligue 1 et de la Ligue 2 pour la période 2016-2020 sont alloués pour un montant record de 748,5 millions d'euros annuels (contre 607 M EUR annuels de 2012 à 2016).
Le fait que le diffuseur historique Canal+ réussisse à décrocher les trois principales affiches de chaque journée constitue une surprise, au vu de l'appétit de son concurrent beIN Sports, chaîne arrivée sur ce marché en 2012 munie de moyens colossaux, du fait de sa proximité avec le richissime Etat du Qatar qui s'active dans le sport d'ici la Coupe du monde 2022 organisée sur son sol.
L'appel d'offres a été lancé de façon anticipée car Frédéric Thiriez, alors président de la Ligue de football professionnel (LFP), entendait profiter d'un contexte sportif jugé "optimal" avec l'afflux de stars au Paris SG et à Monaco, conjugué à la concurrence acharnée entre les deux diffuseurs.
. ... mais un 'demi-succès'
Malgré la progression de plus de 23% des droits TV, qui soulagent des clubs en grande difficulté financière depuis plusieurs saisons, le compte n'y est pas : le prix de réserve fixé au départ (non dévoilé) n'a étrangement pas été atteint, alors que la lutte s'était auparavant aiguisée entre Canal+ et beIN, y compris sur le terrain judiciaire.
Les dirigeants de la LFP font la moue. "Ce n'est pas un triomphe, mais un résultat honorable", concède M. Thiriez. "C'est un demi-succès, on n'est pas très loin de ce que l'on voulait, mais (on n'y est) pas tout à fait non plus", note de son côté Bernard Caïazzo, dirigeant de Saint-Etienne et un des responsables du dossier au sein de la Ligue.
"Ce jour-là, on a vu que ça se déroulait comme on l'avait rêvé", dira Rodolphe Belmer, directeur général de la chaîne cryptée à l'époque, dans le Canard Enchaîné du 2 novembre 2016.
. Hollande entre en jeu
"On a sauvé Canal", clame François Hollande auprès des journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme dans leur fameux livre paru le 12 octobre.
Et le chef de l'Etat leur décrit son intervention : "J'ai reçu discrètement (Rodolphe) Belmer et (Bertrand) Méheut (anciens patrons de la chaîne cryptée, ndlr). J'ai appelé l'émir du Qatar et lui ai dit : +Vous allez venir en France en juin, on vous a défendus par rapport aux Saoudiens, on est à vos côtés, mais là, qu'allez-vous faire sur les Rafale ? Il y a aussi l'histoire du foot... Je souhaite qu'il y ait un partage+".
. La LFP fourbit ses armes
La LFP et son nouvel homme fort, Didier Quillot, refusent toute réaction officielle mais mandatent leurs conseils juridiques pour examiner ce dossier. Ils doivent rendre leurs conclusions une fois élu le nouveau conseil d'administration de la Ligue, le 11 novembre.
. Thiriez et Aulas à l'offensive
Thiriez, qui a démissionné de la présidence de la Ligue en avril dernier, s'est dit "très choqué" dans L'Equipe du 25 octobre. "Nous avions des soupçons, aujourd'hui nous avons des preuves. C'est une infraction grave au droit de la concurrence. Le football français a été spolié. Il doit maintenant se porter devant les tribunaux afin de réclamer à l'État réparation du préjudice subi."
Jean-Michel Aulas, président de l'Olympique lyonnais et personnage incontournable du foot français, crie à "l'affaire d'Etat" : "On parle d'1,5 milliard d'euros qui auraient été subtilisés aux clubs de foot, il faut absolument que le Conseil de la concurrence s'auto-saisisse de cet ignoble arrangement sur le dos des clubs qui investissent, mais aussi sur le dos des supporters et des actionnaires."
"Je compte sur le président de la Fédération (Noël Le Graët) et de la Ligue (qui sera élu le 11 novembre, ndlr) pour savoir qui a été lésé, de combien, et que les clubs puissent récupérer ces sommes qui sont parties en fumée", insiste M. Aulas.
. Hollande reçoit Le Graët
"Le Président a vu Noël Le Graët ce matin à 8h30, comme il le fait régulièrement", a indiqué l'Elysée à l'AFP vendredi matin, sans autre précision sur la teneur de l'entrevue.
"C'était un petit-déjeuner amical de 45 minutes, sollicité par l'Elysée, dans une ambiance détendue parce qu'ils ont une très bonne relation, ils sont de la même famille politique (PS) et Hollande est un bon connaisseur du foot", a confié à l'AFP une source proche des instances du foot français, sans s'avancer sur le dossier des droits TV.