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© AFP/JACQUES DEMARTHON
Zlatan Ibrahimovic
marque pour le Paris Saint-Germain, le 13 mars 2016 lors du match de L1 à Troyes
Les dissensions du foot français, entre le club des puissants et les autres, ont refait surface avec fracas: l'assemblée générale de la Ligue de football professionnel (LFP), qui devait élire son président et surtout son nouveau gouvernement (conseil d'administration) n'a pu se tenir mercredi faute de quorum minimum. Elle a été repoussée au 11 novembre.
Frédéric Thiriez, président de la LFP de 2002 à avril 2016, ne manquerait pas de rappeler que sous son mandat à lui, les élections étaient menées en temps et en heure. L'élection de son successeur ce mercredi n'était même pas l'enjeu principal. Déjà N.1 par intérim, Jean-Pierre Denis aurait dû être confirmé à la tête de l'instance, dans un rôle désormais honorifique, puisque c'est le N.2, Didier Quillot, déjà en poste, qui est le patron exécutif de l'instance.
Le plus important était le renouvellement du conseil d'administration, là où siègent les personnes influentes du foot français, comme Nasser Al-Khelaïfi, président du PSG, ou encore Jean-Michel Aulas, patron de Lyon. Ils étaient 14 dirigeants de L1 à briguer 8 postes au sein du CA.
Des tractations au sein des représentants de l'élite auraient dû aboutir à un consensus de candidatures. Mais, comme l'a résumé sur RMC Noël Le Graët, président de la Fédération française, "la première division est coupée en deux": "Les clubs moyens réclament un peu plus d'équilibre financier".
Et plutôt que d'avoir "le courage d'affronter les urnes", "13 clubs, 11 de Ligue 1 (parmi les puissants) et 2 de Ligue 2" ont préféré ne pas émarger sur la feuille de présence et provoquer un défaut de quorum et donc un report de l'AG, comme l'a déploré Bertrand Desplat, président de Guingamp (L1) et qui parlait mercredi au nom des clubs (petits et moyens) à qui avaient, eux, émargé.
- Fracture économique -
Le quorum était fixé à 57,71 % d'émargements sur la feuille de présence, entre clubs de L1, L2 et représentants des familles du football (syndicats d'entraîneurs, joueurs, administratifs, etc). Il n'était que de 57,25 %.
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Logo de la Ligue de football professionnel
Les clubs de L1 qui ont joué la politique de la chaise vide sont ceux qui jouent ou aspirent à jouer les premiers rôles. Dans ce club des onze, il y a les formations qui présentaient leurs dirigeants au CA -Paris SG (Nasser Al-Khelaïfi), Lyon (Jean-Michel Aulas), Nice (Jean-Pierre Rivère), Toulouse (Olivier Sadran), Lille (Michel Seydoux), Bordeaux (Jean-Louis Triaud), Monaco (Vadim Vasilyev) et Angers (Saïd Chabane)- appuyés par Marseille, Nantes et Saint-Etienne, autres marques du foot français.
Les neuf clubs de l'élite qui avaient émargés sont plutôt abonnés à la deuxième partie de tableau. Il y a ceux qui avaient aussi un candidat -Dijon (Olivier Delcourt), Guingamp (Bertrand Desplat), Lorient (Loïc Féry), Caen (Jean-François Fortin), Rennes (René Ruello), Montpellier (Laurent Nicollin)- soutenus par Bastia, Metz et Nancy.
- "Nous avons tous perdu" -
Vadim Vasilyev, vice-président de Monaco, a parlé "d'un conflit fort entre les deux syndicats": celui qui représente la L1 (Première Ligue) est fortement implanté chez les absentéistes et celui qui défend la L2 (UCPF) a des soutiens chez les clubs de l'élite qui font souvent l?ascenseur avec l'étage inférieur comme Guingamp, Dijon, Nancy, ou encore Metz, et qui voulaient voter.
"Dans le foot français il y a un pouvoir économique qui est différent du pouvoir démocratique, on a quelque part une +onzaine+ de clubs qui représente 95% du chiffre d'affaires de l'ensemble du foot et ces responsables de clubs ont souhaité être entendus sur une proposition de vote. Cette proposition avait été acceptée par l'UCPF, ça n'a pas été respecté, ce qui a engendré cette situation", a synthétisé Jean-Michel Aulas, patron tout puissant de l'OL.
Et maintenant ? Sous l'égide de la LFP, les clubs de L1 vont se réunir à partir du 19 octobre pour tenter de se mettre d'accord en vue d'une nouvelle AG convoquée le 11 novembre. Pas parce que c'est la date anniversaire de l'armistice de la première guerre mondiale - "je savais que quelqu'un allait faire cette blague", a relevé Didier Quillot -, "mais parce qu'il y a un match France-Suède ce jour-là ainsi qu'une assemblée fédérale".
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Didier Quillot, patron exécutif de la Ligue de football professionnel (LFP), le 14 août 2016 avant le match Nice-Rennes à l'Allianz Riviera
"On fait ça pour des raisons logistiques, pour ne pas faire monter les gens deux fois à Paris, dévoile Didier Quillot. Ils feront l'assemblée du foot pro et l'assemblée fédérale (celle de la FFF) le même jour."
Reste que le spectacle de ces divisions n'est pas bon pour l'image du foot français, comme le constate Vadim Vasilyev: "Nous avons tous perdu aujourd'hui. Chacun doit faire ses meilleurs efforts pour rassembler, fédérer et trouver un consensus".