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Le Parquet de Munich a requis jeudi cinq ans et demi de prison ferme contre le président du club de football du Bayern Munich, Uli Honess, accusé d'avoir fraudé le fisc de plus de 27 millions d'euros.
"Les conditions d'une auto-dénonciation valide ne sont pas réunies", a jugé le procureur, Achim von Engel..
Le verdict était attendu après 14h00 locales (13h00 GMT), selon une porte-parole du tribunal, Andrea Titz.
L'avocat du dirigeant du club le plus titré d'Allemagne, Hanns W. Feigen, a plaidé quant à lui pour au maximum une peine de prison avec sursis et fait valoir que son client s'était lui même dénoncé aux autorités fiscales allemandes.
"Si l'auto-dénonciation n'est pas valide, une peine de prison avec sursis est appropriée", a-t-il argumenté devant la Cour.
Le président du puissant club de football, vainqueur de la Ligue des champions l'an dernier, est jugé depuis lundi devant le tribunal de grande instance de Munich (sud) pour n'avoir pas déclaré des revenus boursiers réalisés en Suisse dans les années 2000.
D'abord estimé à 3,5 millions d'euros dans l'acte de renvoi, le préjudice fiscal a été réévalué finalement à 27,2 millions d'euros au fil des témoignages, accablants. L'accusé avait admis au premier jour de son procès avoir une dette fiscale de plus de 18 millions d'euros. Ce montant a encore été révisé à la hausse après les révélations d'une enquêtrice fiscale au deuxième jour du procès.
Uli Hoeness , 62 ans, s'était lui même dénoncé au fisc le 17 janvier 2013 pour se mettre en règle à moindre frais. Il avait alors remboursé 10 millions d'euros au fisc. Mais cette auto-dénonciation a été jugée trop tardive par le Parquet de Munich.
La justice est convaincue qu'il se savait sur le point d'être démasqué, notamment par la presse qui a d'ailleurs révélé l'affaire quelque temps après.
'Hoeness +voulait flamber+'
L'avocat de Hoeness a fait valoir qu'il ne s'agissait pas d'une affaire d'évasion fiscale typique. "Le fraudeur fiscal normal amasse de l'argent en Suisse". Mais Hoeness "voulait flamber, il ne voulait pas amasser d'argent", selon lui.
Ulrich Hoeness, également ancien grand joueur professionnel, avait admis avoir "par moment boursicoté jour et nuit" avant de mettre fin à ses activités boursières notamment à cause de la crise financière en 2008.
L'argent à l'origine de la fraude proviendrait d'un "prêt" concédé en 2001 par l'homme d'affaires français Robert Louis-Dreyfus, alors propriétaire d'Adidas, équipementier et actionnaire du Bayern Munich.
Ancien manageur du Bayern pendant quelque 30 ans, Hoeness, personnage haut en couleurs et jusqu'ici très respecté au delà du monde du football a vu son étoile ternie par ce scandale, l'un des plus gros de l'histoire du sport allemand.
Le procès suscite d'ailleurs un immense intérêt dans un pays où le football est roi. Jeudi, dès les premières heures de la matinée, un public important faisait la queue devant l'entrée du tribunal pour tenter d'assister à l'audience.
Malgré ses déboires judiciaires, il a jusqu'ici conservé ses fonctions au sein du club le plus titré d'Allemagne et reçu le soutien indéfectible des actionnaires, des dirigeants et des fans.
Mardi soir, à l'issue de la qualification pour les quarts de finale de la Ligue des champions aux dépends d'Arsenal (1-1), le milieu de terrain offensif du Bayern, le Français Franck Ribéry, avait dit "croiser les doigts" pour ce personnage "très important pour le Bayern".
Largement en tête du Championnat d'Allemagne, le Bayern Munich a réalisé l'an dernier un triplé historique (Ligue des champions, Championnat et Coupe d'Allemagne) qui font de lui actuellement l'un des clubs européens les plus prestigieux et les plus riches.