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© AFP/KENZO TRIBOUILLARD
Franck Dumas le 10 janvier 2012 à Marseille
L'ancien entraîneur du Stade Malherbe de Caen (SMC) Franck Dumas a été condamné mardi en correctionnelle à trois ans de prison dont 10 mois avec sursis pour fraude fiscale après une plainte de l'administration à qui il doit un demi-million d'euros.
"Vous êtes débiteur de 557.496 euros auprès de l'administration fiscale. C'est à analyser au regard de vos revenus très importants. En 2012, vous avez perçu 1,39 million d'euros", dont plus de 730.000 euros d'indemnités de rupture non imposables, avait résumé lors de l'audience le 6 décembre Christophe Subts, le président du tribunal, qui l'a finalement condamné à une peine nettement plus lourde que celle requise par le parquet (deux ans dont un avec sursis).
En 2012, l'ex-footballeur, champion de France avec Monaco en 1997, avait été limogé par le Stade Malherbe, aujourd'hui en Ligue 1. Les faits reprochés portent sur une période allant de janvier 2011 au 31 décembre 2013.
L'ex-défenseur, 49 ans, était absent à l'énoncé du jugement. Il est actuellement en Guinée équatoriale, où il négocie un contrat de travail depuis plusieurs mois, selon son avocat Philippe Veber.
Le tribunal l'a également condamné à payer ces impôts et les pénalités de retard. Les juges ont en outre demandé que leur décision soit publiée dans les quotidiens L'Equipe et Ouest-France.
"Quel est ce bannissement qu'on impose!", a déclaré devant des journalistes Philippe Veber, après l'annonce de la condamnation, précisant qu'il allait "immédiatement" faire appel.
"On ne juge pas la fraude, on juge quelqu'un du monde" du football, a-t-il ajouté. L'appel étant suspensif, Franck Dumas reste libre.
L'ex-entraîneur est également condamné à deux ans de mise à l'épreuve durant lesquels il devra signaler toute sortie du territoire.
- "Addiction" -
"A aucun moment je n'ai voulu frauder (...) J'étais accro au jeu. C'est ce qui m'a foutu en l'air (...). J'étais capable de dépenser 100.000 euros par mois pour le jeu", s'était défendu à la barre, lors de l'audience le 6 décembre, le prévenu, qui a assuré avoir depuis arrêté les jeux d'argent.
L'ex-footballeur était rejugé après avoir été condamné mi-septembre, en son absence, à trois ans de prison ferme dans cette affaire par le même tribunal.
M. Dumas, dont le casier était jusqu'alors vierge, avait fait opposition à ce jugement comme il en avait le droit étant donné qu'il n'était pas présent à l'audience.
"Je suis Français. J'adore mon pays", avait poursuivi M. Dumas le 6 décembre. "Alors payez vos impôts", avait rétorqué M. Subts. "Il faut que je vive aussi", avait répondu l'ex-défenseur.
Mais pour le procureur adjoint Jean-Pierre Triaulaire, "M. Dumas a eu les ressources suffisantes" pour payer ses impôts. Le parquet a toutefois pris en compte l'"addiction" et "la situation professionnelle" devenue "difficile" du prévenu.
Partie civile, l'administration fiscale l'accuse d'avoir "de façon frappante" organisé son insolvabilité.
Par exemple, lorsqu'en 2012, 450.000 euros sont encaissés sur un compte joint de M. Dumas et de sa compagne d'alors, cette somme est transférée sur un autre compte joint, transformé le jour même en compte au nom de la compagne.
450.000 euros se sont ainsi "évaporés" et sont devenus "parfaitement insaisissables" par le fisc, avait relevé M. Subts. "450.000 euros, c'est ce que gagne un smicard durant toute sa vie", avait ajouté le magistrat.
"Je suis désolé, je suis pas expert", avait répondu le prévenu.
A la barre, Franck Dumas avait aussi nié avoir fui en partant au Maroc, en Chine, en Thaïlande, au Cambodge.
"Je n'avais plus le droit de travailler en France", car la réglementation avait été modifiée pour exiger des entraîneurs un diplôme qu'il n'avait pas, avait expliqué l'ex-footballeur formé au Stade Malherbe de Caen.