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La diminution des montées et descentes de trois à deux clubs entre L1, L2 et National à partir de 2016 est-elle la première étape d'un changement plus profond, celui d'une élite à 18 clubs au lieu de 20, voire d'une Ligue un jour fermée?
La fermeture totale de la Ligue, sans montée ni descente à l'image de ce qui se passe aux États-Unis, a ses partisans. C'est le cas de l'ex-DG du Losc, Frédéric Paquet, qui voyait dans le modèle NBA "le seul système qui permette aux clubs de gagner de l'argent, de faire du spectacle et d'attirer du monde".
"Les descentes fragilisent les clubs. La tentation forte pour les ligues, c'est de limiter voire fermer les accès", analyse Didier Primault, directeur du Centre d'économie et de droit du sport de Limoges (CDES).
Rendre le championnat plus élitiste, pour quoi faire? Pour Lionel Maltese, professeur de marketing sportif à la Kedge Business school de Marseille, les "clubs des métropoles vont avoir de plus en plus d'importance, en raison de la nécessité d'avoir une grande zone de chalandise pour avoir un grand club".
Jeudi, le conseil d'administration de la Ligue de football professionnel (LFP) a voté le principe de deux montées/deux descentes entre la L1 et la L2 et entre la L2 et le National. "Si c'est une première mesure pour arriver plus tard à 18 clubs, alors ça va dans le bon sens", a commenté Laurent Blanc , entraîneur du PSG.
Si la LFP et son président Frédéric Thiriez parviennent à imposer la seconde étape de leur scenario restrictif, le passage de la L1 de 20 à 18 clubs, y accepteront-ils des Ajaccio, Bastia, Guingamp, Lorient, Reims? "Les possibilités de générer des revenus sont très réduites pour les agglomérations faibles en taille", souligne Didier Primault.
- Les petits "vont poser des recours" -
Sans parler de l'ultime conséquence: la désaffection progressive d'un public en manque de suspense, si venait à s'imposer ce que Wladimir Andreff, professeur d'économie du sport à la Sorbonne, appelle une "peu glorieuse certitude de la victoire" des clubs financièrement les plus forts.
Olivier Dall'Oglio, entraîneur de Dijon (L2), prévient d'ailleurs: "Cela va tuer le suspense un peu plus tôt, et le spectacle en pâtira pour les télés et les spectateurs".
En tout cas, le passage de trois à deux descentes/montées ne passe pas chez les pensionnaires de L2, qui voient leurs chances d'accéder à la L1 se réduire et promettent une fronde.
Olivier Echouafni, entraîneur de Sochaux (L2), dénonce ainsi "une aberration" et prévoit que "les clubs vont sans doute poser des recours". Dall'Oglio abonde dans son sens: "Il va y avoir des clubs de Ligue 2 qui vont contester cela. C'est une décision qui va dans le sens des plus riches".
"Cela va rassurer les investisseurs qui veulent mettre de l'argent dans les clubs de Ligue 1, mais pas en Ligue 2", a-t-il encore regretté.
Le président de Nancy (L2) Jacques Rousselot, "très, très en colère", veut "faire valoir les choses au comité exécutif et en assemblée générale à la FFF, parce qu'on ne fait pas les choses comme ça dans le football".
Et de faire souffler le vent de la révolte: "De toute façon, je vous le dis, ça ne passera pas. Cette histoire n'est pas finie. Si Frédéric Thiriez est encore l'homme de la situation à la LFP? Non, je ne pense pas, je pense que ce n'est pas un patron."