Happy Birthday : |
© AFP/Franck Fife
Olivier Giroud
(g) et Batéfimbi Gomis après un but encaissé par la France contre le Brésil le 9 juin 2013 à Porto Alegre
La lourde défaite de l'équipe de France au Brésil (3-0) et la spirale inquiétante dans laquelle elle est engluée depuis le début de l'année (4 défaites en 5 rencontres) permettent de s'interroger sur ses chances réelles d'être présente dans un an à la Coupe du monde.
Certes, les Bleus n'auront sans doute pas à affronter des adversaires du calibre de l'Allemagne, de l'Espagne, de l'Uruguay ou de la Seleçao brésilienne, leurs bourreaux en 2013, pour tenter d'arracher leur billet pour le prochain Mondial. Mais quasiment condamnés aux barrages et menacés de ne pas être protégés en cas de désignation de têtes de série par la Fifa, ils marchent bel et bien sur le fil du rasoir.
Les promesses de l'automne (nul en Espagne, victoire en Italie en amical), attribuées pour une bonne part à la science tactique de Didier Deschamps et à cette "culture de la gagne" héritées de ses années passées en Italie, se sont subitement envolées pour laisser place au doute et à l'angoisse. Les chiffres ont de quoi faire frémir et ne présagent rien de bon pour la suite: avec 5 revers en 11 matches, "DD" présente le pire bilan d'un sélectionneur sur les 50 dernières années.
A la tête d'un groupe inexpérimenté sur le plan international et manquant cruellement de joueurs de classe mondiale et de talents, hormis Franck Ribéry, dispensé de tournée en Amérique du Sud après le triplé réalisé avec le Bayern Munich, Deschamps ne peut pas non plus faire de miracles.
"Je ne suis pas inquiet mais le niveau international ne peut pas s'acquérir du jour au lendemain, il faut accumuler les matches et de l'expérience", a-t-il ainsi déclaré juste après la défaite subie en Uruguay (1-0), mercredi.
Fragilité rédhibitoire?
Entre le potentiel de certains Français et la réalité du terrain, il y a encore une énorme marge. L'exemple de Karim Benzema est à cet égard symptomatique. Juste avant de défier le Brésil, Deschamps avait une nouvelle fois clamé sa foi envers l'attaquant du Real Madrid, pourtant sans but en bleu depuis le 5 juin 2012, expliquant qu'il ne pourrait y avoir d'équipe de France performante sans "un grand Karim Benzema ".
La prestation sans relief dimanche de l'ancien Lyonnais, qui conclut une saison très décevante sur le plan personnel (11 buts en Liga), a toutefois de quoi interpeller. Malgré des qualités techniques indéniables, Benzema n'est pas un tueur des surfaces. Ce spécimen, capable de sortir les Bleus de l'ornière même dans un jour sans, n'existe d'ailleurs pratiquement pas en équipe de France, Bafétimbi Gomis et Olivier Giroud , les deux doublures du Madrilène, étant de bons joueurs de club, sans plus.
"On a des attaquants qui marquent en L1 mais le niveau international, c'est au-dessus", avait indiqué jeudi Deschamps, frustré de ne pas posséder un joueur de la trempe de l'Uruguayen Luis Suarez , qui n'a eu besoin que d'une seule occasion pour faire mouche dès son entrée en jeu après la pause au Centenario de Montevideo.
© AFP/Franck Fife
Le défenseur Adil Rami
(g) intervient devant Neymar lors du match amical Brésil-France le 9 juin 2013 à Porto Alegre
En défense, la situation n'est guère plus reluisante. La France vient d'enchaîner son 9e match d'affilée avec au moins un but encaissé, ce qui fait désordre et témoigne d'une fragilité qui pourrait être rédhibitoire lors des matches couperets de l'automne (déplacements en Géorgie puis au Belarus en septembre, réception de la Finlande avant d'éventuels barrages en novembre).
L'absence de joueurs de très haut niveau sur le plan défensif et installés dans de grands clubs européens pose problème.
Avec Paul Pogba (Juventus Turin) et Raphaël Varane (Real Madrid), âgés de 20 ans, la relève peut sembler assurée. Le Madrilène, blessé, et le Turinois, convoqué pour le Mondial des moins de 20 ans, n'ont pas effectué la tournée en Amsud et ont donc marqué des points par défaut. Mais eux aussi doivent encore toucher du doigt la spécificité d'une rencontre internationale et la pression qui en découle.
Le joueur de Porto Eliaquim Mangala (22 ans), à l'avenir également prometteur, a payé pour apprendre en se faisant déborder comme un débutant par le rusé Suarez alors que Josuha Guilavogui, sans démériter, repart du Brésil avec une belle déculottée pour sa première titularisation. C'est ce qui s'appelle le haut niveau.