Happy Birthday : |
© AFP/Franck Fife
L'attaquant de l'équipe de France Karim Benzema
, lors d'un match contre la Géorgie, le 6 septembre 2013 à Tbilissi
C'est cru, réel, cruel: déjà sur la pente descendante, Karim Benzema est brutalement tombé de son piédestal d'attaquant N.1 de l'équipe de France vendredi en étant remplacé à l'heure de jeu contre la Géorgie (0-0), plus de vingt heures après son dernier but en Bleu.
Vingt heures et vingt-six minutes exactement, soit 15 matches traversés par "Benz" sans rien avoir à célébrer. Une stérilité d'autant plus rude qu'elle accompagne celle de l'équipe de France, qui a battu vendredi son record d'inefficacité avec un cinquième match d'affilée sans trouver les filets.
Pour Benzema, les matches se suivent et se ressemblent... ou presque, car à l'heure de jeu, c'était bien le N.10 qui s'affichait sur le panonceau du quatrième arbitre, une petite déflagration dans le monde des Bleus. Jamais le Madrilène n'était sorti aussi tôt d'un match de qualifications de l'ère Deschamps.
Lors des cinq précédentes rencontres sur la route du Mondial-2014, l'attaquant n'avait été remplacé que deux fois, contre l'Espagne, à Madrid par Giroud (87e), qui allait égaliser, puis au Stade de France par Sissoko (82e). Vendredi, Didier Deschamps a estimé plus avantageux d'associer Giroud et Gignac (61e) au détriment de son titulaire jusque-là indiscutable.
Protégé par Ribéry?
© AFP/Franck Fife
Karim Benzema
et Franck Ribéry avant le match Géorgie-France, le 6 septembre 2013 à Tbilissi
Surtout, le sélectionneur a ostensiblement ignoré "Karim" lorsque celui-ci a regagné le banc. Une attitude glaciale qui tranche avec les petites marques d'affection habituelles, ou la tape minimale.
L'intéressé a mêlé mea culpa et méthode Coué: "Je sais quand j'ai été bon et quand je n'ai pas été bon. Ce (vendredi) soir, ça a été difficile, je ne vais pas dire que j'ai été extraordinaire. A moi, à titre personnel, de faire mieux au prochain match. Il y a des matches où tu es bien, et des matches où tu n'es pas bien, j'ai l'habitude. Aujourd'hui, je n'ai pas été terrible mais il faut se concentrer pour le prochain match et aller chercher les trois points pour le barrage".
Mais, à l'instar du joueur qui met les pieds dans le plat statistique, la question se pose: à quand ce prochain match ? Le maintien du 4-4-2 au Belarus pourrait sauver sa place de titulaire, mais le retour plus probable au 4-2-3-1 ou au 4-3-3 pourrait en sonner le glas.
Certes, Benzema est mine de rien, à 25 ans, le troisième joueur le plus capé de l'effectif (60 sélections, 15 buts), derrière Ribéry et Abidal, et il pèse dans l'effectif. "Il y a aussi ce que je ressens avec le staff par rapport à sa place dans le groupe et les affinités avec les joueurs", avait confié Deschamps à l'AFP fin août. Par exemple avec Ribéry, poids-lourd du groupe et complice sur le terrain et en dehors.
Changement de ton
© AFP/Franck Fife
L'attaquant de l'équipe de France Karim Benzema
est remplacé lors d'un match contre la Géorgie, le 6 septembre 2013 à Tbilissi
"Je peux être amené à ce qu'il ne débute pas un match si je pense que c'est mieux pour l'équipe, avait aussi averti DD. On ne va pas dire jusqu'à quand, quelle limite... Mais ce serait évidemment très bien pour lui et tout le monde qu'il marque ce but". Et toujours rien.
Ses coéquipiers l'avaient défendu au début du rassemblement. "On montre Karim du doigt parce que c'est l'attaquant de pointe mais c'est injuste", avait ainsi dit Sagna.
Subtil changement de ton vendredi soir après le match: plusieurs joueurs (Lloris, Nasri...) ont souligné la qualité de la dernière demi-heure ou du dernier quart d'heure, justement sans Benzema sur le terrain.
"C'est dommage d'avoir commencé à être percutant dans nos intentions dans la dernière demi-heure. Si on avait commencé le match comme ça plus tôt, on se serait mis à l'abri", a observé Giroud, ce qui ne devrait pas contribuer à développer une complicité toujours au point mort.
Le président de la Fédération (FFF) Noël Le Graët, lui, a lâché une phrase très ambiguë: "Quelqu'un titulaire au Real ne peut pas être aussi mauvais que ça". Certes...
La déchéance de Benzema dans le Caucase fut en tout cas telle qu'elle a allumé une lueur d'espoir chez un joueur de la région, évoluant au Kuban Krasnodar (Nord-Caucase russe). "Je vais tout faire pour reporter ce maillot", a twitté, photo de lui en Bleu à l'appui, un certain Djibril Cissé.