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Face à la multiplication des insultes racistes dans les stades de football, la justice sportive brésilienne a fait un exemple en excluant pour la première fois un club d'une compétition, une première dans un grand pays de foot.
Le Tribunal supérieur de la justice sportive (TSJD) a exclu de la Coupe du Brésil le club Gremio de Porto Alegre, à la suite d'incidents racistes dans son stade, le 28 août, en 8e finale aller de la compétition face au club de Santos.
La décision a été prise à l'unanimité et le Gremio, entraîné par l'ex-sélectionneur national Luiz Felipe Scolari , va interjeter appel, a indiqué un porte-parole à l'AFP.
Un groupe de supporteurs du Gremio avaient proféré des insultes racistes et lancé des cris de singe en direction du gardien de but noir de Santos, Aranha qui, visiblement révolté, avait tenté à grands gestes d'attirer l'attention de l'arbitre.
- 'Macaco!' -
Des images montrant très distinctement une supportrice du Gremio hurlant à de nombreuses reprises "Macaco!" (singe en portugais, NDLR) à son intention ont tourné en boucle sur les télévisions et les réseaux sociaux, suscitant une vague d'indignation dans le pays.
La jeune femme, qui encourt des poursuites judiciaires, a été entendue par la police et licenciée par son employeur.
En plus de son exclusion, le tribunal sportif a infligé au Gremio une amende de 50.000 réais (environ 16.000 euros).
Les supporteurs identifiés comme ceux ayant proféré ces insultes ont en outre été interdits de stades pendant deux ans.
Les insultes racistes, cris de singes et autres jets de bananes dans les stades de football, courants en Europe et en Amérique latine, sont généralement sanctionnés par des amendes infligées aux clubs ou des sanctions les contraignant à jouer à huis clos.
L'exclusion d'une compétition dans un tel contexte est sans précédent dans un grand pays de foot.
Le club français du Paris Saint-Germain (PSG) avait été exclu de l'édition 2008-2009 de la Coupe de la Ligue pour sa complaisance envers une banderole insultante pour les "Ch'tis", les habitants du nord de la France, déployée par des supporteurs parisiens lors de la finale de cette compétition contre le Racing Club de Lens.
Mais la justice française avait décidé de réintégrer le PSG dans la compétition, jugeant la sanction disproportionnée.
La Fifa lance régulièrement des campagnes contre le racisme, comme lors du Mondial au Brésil cet été.
Mais certains joueurs noirs ou métis victimes de ces comportements réclament, jusqu'à présent en vain, des santions beaucoup plus lourdes et dissuasives.
Le milieu de terrain ivoirien Yaya Touré a même suggéré un boycottage du Mondial-2018 en Russie après avoir été la cible d?insultes racistes lors d?un match disputé à Moscou.
Le président de la Fifa Joseph Blatter a durci le ton dernièrement en invitant, à plusieurs reprises, les instances du football à sévir plus durement contre ce phénomène.
"Nous serons très sévères. Les comités de discipline doivent bannir une équipe d?une compétition ou lui enlever des points. Ce n?est que par ce genre de décisions qu?il sera possible de lutter contre le racisme et la discrimination", avait-il notamment déclaré lors d'un dîner à Londres en 2013, à l'occasion du 150e anniversaire de la Fédération anglaise de football.
Jeudi, "Sepp" Blatter s'est félicité de cette sanction sur son compte twitter: "J'ai toujours dit que le football DOIT (écrit en majuscules) agir avec plus de force dans la lutte contre le racisme. Le Brésil a envoyé le bon message en excluant une équipe de la Coupe nationale en raison des chants racistes de ses supporters".
- 'Une plaie' -
Au Brésil, dont la moitié des 200 millions d?habitants a des origines africaines, "le racisme dans les stades est une chose de plus en plus courante", a expliqué à l'AFP, Marcos Guterman, auteur du livre "Le football explique le Brésil".
"Ce n'est pas aussi grave qu'en Europe, mais c'est en train de devenir une plaie", a déploré ce spécialiste, saluant la "fermeté" de la justice sportive contre le Gremio.
Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que les supporteurs de ce club sont accusés de racisme. Un incident similaire, alors qualifié "d'isolé" par la direction du club, s'était déjà produit en mars.
Le Gremio vient de lancer une campagne contre le racisme. Lors de son dernier match du championnat brésilien, à leur entrée sur le terrain, ses joueurs ont déployé une banderole sur laquelle on pouvait lire: "Nous sommes bleus, noirs et blancs. Dis +non au racisme+".