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Canal+ a depuis 30 ans réussi à rester "la" chaîne du football en s'emparant du championnat de Ligue 1. Mais tout peut basculer le 4 avril, si elle perd tout ou partie des droits de diffusion pour 2016-2020.
Dès sa naissance en 1984, la chaîne payante s'est construite sur les matches de L1, qui auparavant était pratiquement absents du petit écran. Seuls les radios diffusaient -- sans rien payer -- les mutliplex, hormis quelques extraits à partir de 1977 sur l'émission Téléfoot de TF1. Les téléspectateurs ne connaissaient que les matches de l'Equipe de France.
Canal+ innove en commençant à diffuser dès 1984 un match de L1 par semaine, une décision-clé qui fera décoller le nombre de ses abonnés. Pendant plus de quinze ans, Canal+ sera seul maître du championnat, et instaure en rituel "le" grand match de L1 le dimanche soir.
Ce règne sans partage est écorné une première fois par l'arrivée de TPS, bouquet créé en 1996 par TF1 et M6 pour concurrencer Canal+. En 1999, TPS remporte une partie des droits de L1, avec le 2ème meilleur match de chaque journée. Jusqu'en 2005, TPS et Canal+ se disputent les droits, dans une surenchère qui fait monter les prix. Mais en 2004, Canal+ réussit un coup de force : la chaîne débourse 650 millions d'euros, un record pour l'époque, et rachète la totalité des droits de L1. Affaiblie par l'opération, largement privée de foot, TPS est finalement rachetée par Canal+ fin 2005.
Canal+ rester seul diffuseur du championnat de L1 pendant 4 ans, et limite la hausse des droits.
Mais en 2008, un nouvel arrivant, Orange, qui a décidé de devenir diffuseur de contenus, arrache une partie de droits de la L1 pour 2008-2012, dont le grand match du samedi soir. Canal+ garde la part du lion mais Orange s'offre trois lots sur douze pour 208 millions d'euros.
- 'Un moment de vérité' -
Changeant de stratégie sous son nouveau PDG Stéphane Richard, Orange jette l'éponge pour l'appel d'offres sur 2012-2016. Mais Canal+ voit débarquer un nouvel acteur bien plus puissant, et qui cette fois affiche des ambitions durables : Al-Jazira Sport, filiale de la chaîne qatarie Al-Jazira, financée par l'Emir du Qatar, rebaptisée BeIN Sports. La Ligue a tout fait pour attirer ce nouvel entrant.
Al-Jazira Sport, encore timide, acquiert les droits des 3ème et 4ème meilleurs matches, ainsi que les droits internationaux du championnat français et ceux de la Ligue 2, tandis que Canal+ garde les deux meilleures affiches de chacune des 38 journées. La surenchère n'a pas lieu : la totalité des droits payés par les deux chaînes atteint 607 millions par an, moins que les 668 millions pour 2008-2012.
Pour l'appel d'offres du 4 avril sur 2016-2020, BeIN souhaite cette fois obtenir des matches premium. D'autant que le Qatar étant aussi propriétaire du PSG, la chaîne de l'Emirat ne veut plus se passer plus longtemps des matches de son club.
La bataille s'annonce donc acharnée pour les meilleurs matches, le "Lot 1" de l'appel d'offres. Pour favoriser un partage entre diffuseur, la Ligue a redécoupé ce Lot 1, qui ne comporte plus que le meilleur match de 28 journées sur 38. "Même si Canal+ l'emportait, ce sera destructeur de valeur par rapport à ses droits actuels, beaucoup d'abonnés risquent de partir chez BeIN", note un proche du dossier". "Mais si elle ne l'a pas, ce sera une catastrophe".
Quant au scénario où Canal+ paierait cher pour tout rafler, il semble peu probable au vu des moyens énormes du Qatar. Globalement, selon Natixis, la surenchère pourrait faire augmenter les droits de 25%, autour de 750 millions.
"Cet appel d'offres est un moment de vérité. On va voir si BeIN Sports accepte un partage avec Canal+ ou cherche un monopole et veut tuer Canal+", commente-ton de même source.