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© AFP/Jonathan Nackstrand
Vue extérieure de la "Friends Arena", stade tout juste sorti de terre il y a un an à Solna, dans la banlieue de Stockholm le 13 novembre 2012
La Friends Arena, le stade flambant neuf en banlieue de Stockholm où la Suède tentera de décrocher mardi sa qualification pour le Mondial-2014, est déjà à vendre un an après son inauguration.
Le temps passe en accéléré du côté de Solna, où se dresse cette enceinte ultramoderne de 50.000 places à toit rétractable. Zlatan Ibrahimovic y a déjà marqué 10 buts avec l'équipe nationale, dont un retourné de légende contre l'Angleterre. Et ceux qui ont financé sa construction ont envie de se retirer.
On ne trouvera ni petite annonce ni prix officiel, mais cinq actionnaires de départ qui se verraient bien vendre des parts. Ils ont dépensé 3 milliards de couronnes (plus de 300 millions d'euros) à la construction et s'arrêteraient bien là.
La Fédération suédoise de football (33,3% au départ) a réussi à céder en octobre 11,1% à un nouvel arrivant, l'assureur Folksam, pour un montant non divulgué. Elle disait dans un communiqué n'avoir "aucune raison de garder à long terme la part initiale" d'un tiers.
Le promoteur immobilier Fabege (22,8%), le groupe de BTP Peab (17,2%), la Ville de Solna (16,7%) et le gestionnaire public d'infrastructures ferroviaires Jernhusen (10,0%) pourraient sortir si leur parvenait une proposition intéressante.
"Nous avons toujours dit qu'à long terme nous n'avions pas vocation à garder nos parts. Notre métier est de développer les gares ferroviaires et les infrastructures de fret", explique à l'AFP la porte-parole de Jernhusen, Cecilia Granath.
"Gérer un stade n'est pas ce que nous sommes censés faire. À long terme nous travaillons pour en sortir", dit le conseiller municipal en charge du dossier pour la Ville de Solna, Pehr Granfalk.
La Friends Arena ne s'est pas révélée une bonne affaire.
Née d'un partenariat public-privé, elle a engendré un montage financier compliqué, où une entreprise qui exploite le stade verse un loyer élevé à une autre qui possède le terrain. Les deux sociétés ont des actionnaires en commun.
© AFP/Jonathan Nackstrand
Vue extérieure de la "Friends Arena", stade national suédois tout juste sorti de terre il y a un an, à Solna, près de Stockholm le 14 août 2012
Vingt-trois millions d'euros de perte en 2013
Au final, le montant payé par un club de football résident (l'AIK) qui n'attire que 19.000 spectateurs en moyenne, les quelques matches de l'équipe nationale de Suède et les concerts et autres spectacles ne suffisent pas à rentabiliser l'endroit.
Mi-octobre, Fabege a révélé que sur les neuf premiers mois de l'année, le stade lui avait fait perdre 32 millions de couronnes (3,7 millions d'euros). La presse suédoise en a déduit que l'exploitant, Sweden Arena Management, allait afficher en 2013 une perte d'environ 23 millions d'euros.
Dan Persson, journaliste spécialiste de l'économie du sport, a provoqué une polémique en écrivant dans son blog que la Fédération de football était le principal perdant. Pour lui, elle se retrouve dans une "situation très difficile" où elle doit éponger des pertes sans tirer, contrairement aux autres actionnaires, de bénéfice de la promotion immobilière autour du stade (commerces, bureaux et logements).
De plus, Stockholm a inauguré la même année que la Friends Arena un stade de 30.000 places, la Tele2 Arena, qui concurrence la Friends Arena et s'avère plus rentable.
La Suède ne semblait pas faite pour cette démesure, elle qui a voulu maintenir un football populaire, modeste.
Ses règlements obligent les clubs professionnels à laisser 51% de droits de vote minimum aux mains d'une association à but non lucratif. Ses supporteurs préfèrent des tarifs bas dans les tribunes à des vedettes sur la pelouse. Et de fait, les salaires restent raisonnables.
D'après la presse, le joueur le mieux payé du championnat suédois serait le Sierra-Léonais Mohamed Bangura (Elfsborg), qui toucherait un peu plus de 300.000 couronnes (33.500 euros) par mois. Soit quarante fois moins que Zlatan Ibrahimovic au Paris SG.