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Franck Ribéry a pris tout le monde de court mercredi en faisant ses adieux à l'équipe de France dans un entretien accordé au magazine allemand Kicker, deux mois après son forfait pour le Mondial-2014 en raison d'une lombalgie.
A 31 ans, l'attaquant du Bayern Munich tire donc un trait sur sa carrière internationale après 81 sélections (16 buts) et laissera comme dernière image en bleu sa sortie en catimini de Clairefontaine, le 6 juin, quelques heures après avoir dû renoncer, la mort dans l'âme, à la Coupe du monde au Brésil.
"J'arrête. J'ai réalisé que le moment était venu, a déclaré Ribéry. Je veux consacrer plus de temps à ma famille, me concentrer sur mes taches avec le Bayern Munich et aussi laisser ma place aux nombreux jeunes de talent de l'équipe nationale. Il faut savoir s'arrêter, le moment est venu d'aller de l'avant", a expliqué celui qui a porté pour la dernière fois le maillot frappé du coq le 5 mars contre les Pays-Bas, en amical au Stade de France (2-0).
Même si la France, en atteignant les quarts de finale du Mondial, a montré au Brésil qu'elle pouvait parfaitement se débrouiller sans lui, la nouvelle est tout de même une énorme surprise à deux ans de l'Euro-2016 organisé à la maison et prive Didier Deschamps d'un joueur de dimension internationale, une denrée rare dans le paysage bleu malgré le beau parcours de 2014. 3e du Ballon d'Or et élu meilleur joueur de l'année par l'UEFA en 2013, Ribéry était la pièce maîtresse des Tricolores depuis le départ à la retraite de la légende Zinédine Zidane en 2006.
Mais il faut reconnaître qu'il avait subi un gros contre-coup psychologique après son échec derrière Cristiano Ronaldo et Lionel Messi dans la course au Ballon d'Or et que son passage en sélection aura globalement été marqué par quelques fiascos retentissants, à l'Euro-2008 (élimination au 1er tour) et surtout lors du Mondial-2010 avec la fameuse grève de l'entraînement, à l'origine d'une des plus graves crises de l'histoire du football français.
Considéré comme l'un des meneurs de la mutinerie en Afrique du Sud, son image, déjà passablement écornée à l'époque par l'affaire Zahia, en a avait pris un sacré coup avant une réhabilitation progressive avec les arrivées aux commandes de Laurent Blanc (2010-2012) et surtout de Didier Deschamps en 2012.
"Il y a eu des hauts et des bas", a convenu mercredi Ribéry en parlant de ses 8 années passées en équipe de France.
- Cassure -
Sa défection, trois jours avant le départ pour le Brésil pour des douleurs dorsales, avait causé une nouvelle cassure avec les Bleus que les bons résultats des Français en Amsud n'ont fait qu'accentuer, montrant que "Francky" n'était plus aussi indispensable qu'auparavant. Son remplaçant, Antoine Griezmann , sans avoir le même impact, a bien rempli son rôle et incarne désormais l'avenir à tout juste 23 ans.
"On a vu pendant le Mondial qu'il n'y avait pas de soucis à se faire pour le futur de l'équipe de France", a d'ailleurs reconnu Ribéry auprès de Kicker.
La gestion de sa lombalgie a été également à l'origine d'une polémique entre le médecin de l'équipe de France Franck Le Gall et celui du Bayern, le réputé Hans-Wilhelm Müller-Wohlfahrt, et Ribéry n'avait pas hésité à prendre le parti de son club en fustigeant les arguments du camp bleu. Un épisode de plus dans sa relation mouvementée avec l'équipe nationale.
Ironie du sort, la retraite internationale de Ribéry intervient trois jours après celle de Samir Nasri , l'enfant terrible du football français, non retenu par Deschamps au Mondial pour son comportement néfaste au sein du groupe. Le sélectionneur, qui va se lancer à partir de septembre dans une campagne de matches amicaux pour préparer le CHAMPIONNAT D'EUROPE, va ainsi pouvoir se consacrer entièrement à la promotion d'une nouvelle génération ayant commencé à faire ses preuves au Brésil.
Une page se tourne avec le départ de Ribéry, pas forcément la plus glorieuse de l'histoire des Bleus. Le N.7 du Bayern laissera le souvenir d'un feu follet sur son côté gauche, adepte de fulgurances balles au pied, amuseur de vestiaire mais incapable d'assumer un quelconque leadership moral ou même technique. Le vide causé par son absence a déjà été partiellement comblé et Deschamps, pourtant pressé de questions à son sujet durant la Coupe du monde, s'est toujours refusé à évoquer son cas depuis deux mois. En quittant les Bleus, Ribéry a mis lui-même définitivement les choses au point.