Happy Birthday : |
Les affaires qui secouent le foot français ne sont pas la seule préoccupation du secteur: le syndicat des clubs professionnels a fait jeudi le constat d'un "décrochage sportif et économique" par rapport aux voisins européens.
. "On tire le signal d'alarme"
"Depuis l?arrêt Bosman de 1995 et une ouverture des frontières européennes faite sans harmonisation, ni régulation, les clubs professionnels français subissent un décrochage", pose l'UCPF en préalable du document présenté jeudi.
Cet décision de la Cour de justice des communautés européennes interdit de limiter le nombre de sportifs des nationalités concernées dans une équipe ou une compétition professionnelle.
Selon l'UCPF, ce "décrochage" est à la fois sportif, avec une sixième place à l'indice UEFA sérieusement menacée par la Russie, et économique, avec "des ressources inférieures" à celles de nos voisins et des "écarts qui se sont creusés".
"On a pris l'arrêt Bosman comme point de départ car il marque une vraie césure. A cette époque on est 2e à l'indice UEFA. Ensuite on s'est retrouvé dans un marché du travail européanisé puis presque mondialisé, dans lequel on s'est aperçu de manière douloureuse que les pays n'avaient pas les mêmes environnements juridique, fiscal ou de charges", a expliqué à l'AFP Philippe Diallo, directeur général de l'UCPF.
"Ca n'est pas une rupture, ou un effondrement, mais bien un décrochage progressif sur presque deux décennies. Mais on voit sur les cinq dernières années un fléchissement qui s'accentue. C'est pour ça qu'on tire le signal d'alarme", a-t-il ajouté.
Longtemps restée 4e à l'indice UEFA, la France a en effet glissé au 5e puis au 6e rang en 2012, pour prix de résultats insuffisants sur la scène européenne, avec une seule demi-finale lors des cinq dernières années, celle de Lyon en C1 en 2010.
. Charges: "écarts gigantesques"
Dans son document, l'UCPF identifie un certain nombre de freins à la réussite des clubs de L1 et L2.
Le principal est, sans surprise, lié aux charges et impôts. Selon l'UCPF, les charges sociales montent en France à 60.000 euros pour un joueur au salaire annuel brut de 600.000 euros. Au Royaume-Uni, elles ne sont que de 13.500 euros. En Espagne elles s'élèvent à... 900 euros.
Quant aux charges patronales, elles s'élèvent à 186.000 euros à la charge du club pour le même joueur, contre 12.000 euros en Allemagne ou 14.000 en Espagne.
"Les clubs français n'ont pas l'ambition de modifier le système français de protection sociale", explique M. Diallo. "Mais chacun doit prendre conscience que lorsqu'on parle des charges, les écarts sont gigantesques".
L'UCPF regrette également la disparition du DIC (droit à l'image collective) et l'application de la fameuse taxe à 75%, qui aurait coûté 85 millions d'euros sur deux ans aux clubs français, symboles selon le syndicat d'une "instabilité fiscale et sociale pénalisante".
Même s'ils sont en hausse, les droits télé restent en outre loin de ceux versés en Italie et, surtout, en Angleterre. L'UCPF rappelle ainsi que Cardiff, dernier de Premier League en mai, a touché 77 millions d'euros, presque deux fois plus que les 40 millions du PSG, champion de France.
. "Aucune fatalité"
Pour l'UCPF, il n'y a "aucune fatalité à ce décrochage", à condition de "lever les freins".
"On parle de décrochage. Est-ce que ça veut dire qu'on a la tête dans le sac, qu'on n'a pas d'espoir, qu'on est définitivement écarté ? Ca n'est pas du tout notre état d'esprit", assure M. Diallo.
Pour lui, le foot français a des atouts, avec une formation "qui reste une des meilleures d'Europe", la construction achevée ou en cours "de stades modernes" ou "des actionnaires fidèles".
L'heure des solutions viendra plus tard, avec une réunion de l'UCPF prévue le 18 décembre, mais quelques pistes sont déjà évoquées, autour du format des compétitions, de l'allégement du calendrier ou de la gestion du marketing.
L'allongement de trois à cinq ans de la durée du premier contrat professionnel, "pour protéger les fruits de notre formation", est une autre hypothèse soulevée par M. Diallo.
Et c'est aussi dans et autour des stades, avec notamment le naming, que les clubs français peuvent selon leur syndicat trouver de nouvelles ressources.