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© AFP/
Yaya Touré ici lors d'une conférence de presse le 2 octobre 2013
L'UEFA, interpellée par le milieu de terrain ivoirien de Manchester City Yaya Touré au sujet de cris racistes entendus mercredi à Moscou, a décidé jeudi d'ouvrir une procédure contre un CSKA soucieux de défendre son honneur.
"Une procédure a été ouverte contre le CSKA en raison du comportement raciste de ses supporteurs selon l'article 14 du règlement disciplinaire, mais également en raison du jet de fumigènes, article 16, lors du match de Ligue des champions du CSKA Moscou contre Manchester City", a annoncé l'instance européenne dans un communiqué.
Elle examinera le dossier le 30 octobre.
Touré avait été interrogé par Sky à l'issue de la rencontre remportée 2-1 par son équipe mercredi.
"Je ne suis pas seulement déçu, je suis furieux car en tant que capitaine, je portais justement un brassard sur lequel était écrit +non au racisme+", avait-il enragé.
"Nous voulons que ça s'arrête et l'UEFA doit être très forte, et peut-être suspendre le stade pour quelques années ou quelques mois. Si l'UEFA n'intervient pas, cela va continuer", avait-il souligné.
Lors du match, Touré s'était plaint auprès de l'arbitre, le Roumain Ovidiu Hategan, d'avoir entendu des cris de singe. Après le coup de sifflet final, Manchester City, appuyant les propos de son joueur, avait annoncé son intention de saisir l'UEFA.
L'arbitre en question
Le CSKA a très vite pris position en publiant sur son site un communiqué intitulé "le CSKA contre le racisme". Le club y fait part de sa "surprise", rappelant qu'il n'a "pas été mis en cause une seule fois" pour de tels agissements au cours de son histoire.
"Nous n'avons entendu aucun chant (de la sorte). De plus, il y a eu divers appels et bruits adressés à d'autres joueurs, et pas seulement ceux de couleur noire", a déclaré le directeur général du CSKA, Roman Babayev, qui s'est engagé à "revoir avec attention les faits rapportés".
L'attaquant ivoirien du club moscovite Seydou Doumbia a assuré lui aussi n'avoir rien entendu. Il accusé son compatriote d'avoir "réagi avec excès".
Porte-parole de l'UEFA, Sergei Borisov a assuré de même n'avoir entendu "aucun chant raciste".
Jeudi, la position de l'arbitre de la partie était au coeur de multiples discussions.
Avant l'annonce de l'ouverture de la procédure, le directeur de la communication de l'UEFA David Farrelly avait indiqué que l'instance attendait le rapport de l'homme en noir pour prendre position.
Il faut donc croire que, à la différence de certains officiels du club russe, ces cris ne lui ont pas échappé.
Dérapages en Europe de l'Est
Mais la FifPro, le syndicat mondial des joueurs, a déploré sa position. Son vice-président Bobby Barnes, également président de l'association des pros anglais, a estimé que M. Hategan n'avait pas respecté le protocole prévu.
Le règlement stipule que lorsqu'il est averti d'un tel incident, l'arbitre doit en référer au délégué à la sécurité dans le stade, qui doit alors passer une annonce dans le stade demandant l'arrêt des chants.
"Le travail de l'arbitre, c'est de protéger les joueurs. Pourquoi est-ce qu'il n'a pas fait son travail, arrêté le match et géré la situation?", s'est de son côté interrogé Lord Herman Houseley, président de l'association anti-raciste "Kick it out".
Cet épisode malheureux vient s'ajouter à une longue liste de dérapages racistes de supporteurs dans les stades en Europe de l'Est, et particulièrement en Russie, alors que les autorités sont pressées d'agir contre ce fléau en vue du Mondial-2018 organisé dans le pays.
Cette saison, le Dinamo Zagreb (Croatie), le Legia Varsovie (Pologne) et Honved (Hongrie) ont ainsi déjà vu leurs stades suspendus pour des faits similaires.