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© AFP/Greg Baker
De jeunes Chinois lors d'un entraînement de foot, le 14 décembre 2016 à Pékin
La Chine rêve d'être "au sommet du foot mondial d'ici 2050" et investit tous azimuts dans la formation des jeunes. Mais pour les parents, le sport n'est souvent qu'un loisir qui ne doit pas détourner leur enfant des manuels scolaires.
Le président chinois Xi Jinping, féru de ballon rond, a affiché son espoir que la Chine organise, se qualifie puis remporte un jour la Coupe du monde.
Mais le chemin sera long: la sélection nationale occupe une indigne 83e place mondiale au classement Fifa. Et malgré l'arrivée de l'entraîneur italien Marcello Lippi , l'équipe de Chine est bonne dernière de son groupe de qualification pour le Mondial-2018.
A long terme, l'amélioration des programmes de formation est la clef de la réussite. Pékin veut donc créer d'ici quatre ans 20.000 écoles de football et espère que 30 millions d'élèves de primaire et de collège se mettent à pratiquer le ballon rond.
Mais les jeunes Chinois sont soumis à une forte pression scolaire. A 18 ans, les résultats du très sélectif bac local (le "gaokao") déterminent l'entrée ou non à l'université et l'avenir professionnel. Les parents privilégient ainsi souvent les études de leur enfant, promesse d'ascenseur social et de revenus stables.
"L'obstacle, c'est l'idée selon laquelle le football détourne des études", déclare à l'AFP Tom Byer, un consultant spécialisé dans le ballon rond, recruté par le ministère chinois de l'Education pour créer des programmes de formation innovants.
- 'Juste un passe-temps' -
Dans un club de Pékin, des parents observent leurs enfants s'entraîner balle au pied. Le sport est un excellent moyen pour leur progéniture d'apprendre à surmonter l'échec, soulignent-ils. Mais pas question de sacrifier les études.
Gao Fei, papa d'un petit garçon, explique qu'il "ne le laissera jamais devenir footballeur car le milieu du foot professionnel en Chine n'est pas sain".
Song Feng, 41 ans, estime que le football est "juste un passe-temps, un exercice" pour son fils de 11 ans. Les études seront toujours prioritaires "parce que le système éducatif en Chine est comme ça à l'heure actuelle", dit-elle.
La pression scolaire "laisse très peu de temps pour le sport", souligne Mary Gallagher, professeur de sciences politiques à l'Université du Michigan, aux Etats-Unis.
La Chine est 25 fois plus peuplée que l'Angleterre, mais bien loin d'avoir comme elle 37.000 clubs de football, souligne Rowan Simons, auteur d'ouvrages sur le ballon rond et fondateur d'un club à Pékin.
© AFP/Greg Baker
De jeunes Chinois lors d'un entraînement de foot, le 14 décembre 2016 à Pékin
Sans équipe de jeunes et sans réserve de joueurs, "peu importe combien le gouvernement investit dans le football, celui-ci ne s'épanouira que si les gens aiment vraiment ce sport", souligne-t-il.
- 'Comme un adjudant' -
Autre problème, selon Mark Dreyer, fondateur du site internet China Sports Insider: les méthodes d'entraînement "à la dure", avec un coach "comme un adjudant qui hurle des ordres en imposant des exercices répétitifs. Franchement, quel gamin aime ça?".
Dans les autres pays, dit-il, "ils jouent au football avec le sourire aux lèvres".
Les clubs de Super League chinoise (1re division) dépensent des fortunes pour recruter entraîneurs et joueurs étrangers. Parmi eux, beaucoup sont originaires d'Amérique latine, où les enfants apprennent très jeunes les bases du football, souligne Tom Byer.
Et si la Chine veut produire les Neymar et Ronaldo de demain, le ballon rond doit s'y imposer partout, à la maison comme à l'école, selon lui.
"Cela prendra quelques décennies", note M. Byer. "En matière de formation des jeunes, il faut attendre 10 ans avant de voir si le travail a porté ses fruits."
Mais le soutien gouvernemental au football sera-t-il pérenne? Certes, l'actuel président est un fan, mais il devrait quitter le pouvoir en 2022.
"Et si le prochain +gars+ n'aime pas le football?", s'interroge Mark Dreyer. "Alors ce sera peut-être le basket et Yao Ming (ancien pivot chinois des Houston Rockets, mesurant 2,29 m, ndlr) qui seront sur le devant de la scène."