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© AFP/Miguel Rojo
Sepp Blatter, le président de la Fifa, au 150e anniversaire de Nueva Helvecia, une ville d'Uruguay, le 14 juin 2012.
"Si je ne remets pas la Fifa sur les bons rails, alors j'aurais failli, mais je suis certain que j'y arriverai", a confié Joseph Blatter, président de la Fifa, dans un entretien exclusif à l'AFP.
Q: Est-ce vraiment votre dernier mandat?
R: "Oui je l'ai dit. Mais laissez-moi finir mon dernier mandat ! J'aimerais bien finir mon travail à la Fifa, qui n'est pas aussi mauvaise qu'elle n'est présentée dans certains médias et certaines régions du monde. Si vous regardez la carte géographique, l'Europe n'est pas très grande. Et puis il ne faut pas oublier que les deux-tiers de la population mondiale vit en Asie".
Q: Vous avez l'impression d'être maltraité en Europe?
R: "Je ne dis pas maltraité. Mal compris. Mais que voulez-vous ? Le football passionne, le football rend fou. Mais je dois dire qu'il y a cette conjoncture (alliance) germano-anglaise qui n'est pas du tout naturelle sur le plan de l'histoire du monde. La Grande-Bretagne et l'Allemagne n'ont jamais été des alliées".
Q: Les attaques venues dernièrement d'Allemagne vous surprennent ?
R: "Oui cela me surprend parce que cela vient des clubs, cela ne vient pas de la Fédération (DFB). Les clubs n'ont pas de représentant au comité exécutif (de la Fifa). Les clubs voudraient aussi un peu plus d'argent de la Fifa parce qu'ils avancent le thème suivant: +c'est nous qui donnons les joueurs pour les équipes nationales, la Fifa fait des milliards+ et ils nous disent +vous devez nous donner un pourcentage de ce revenu+. Tout cela est une question à discuter. Moi je suis absolument ouvert à cette discussion (gestes politiques et économiques supplémentaires envers les clubs) et comme cela peut-être on arrêtera de dire: +Blatter tu as assez servi, tu dois partir!+".
Q: Il y a aussi le dossier ISL, cette ex-société de marketing détentrice de l'exclusivité des droits TV de la Coupe du monde accusée d'avoir versé plusieurs millions de dollars de pots-de-vin...
© AFP/Miguel Rojo
Sepp Blatter, le président de la Fifa, au 150e anniversaire de Nueva Helvecia, une ville d'Uruguay, le 14 juin 2012.
R: "Le tribunal lui-même a dit que Blatter n'était pas impliqué dans ce dossier, que Blatter n'a jamais touché d'argent".
Q: Maintenant on vous accuse d'avoir couvert les pots-de vin à d'autres...
R: "Là dessus c'est maintenant l'affaire du juge instructeur (du comité d'éthique de la Fifa, Michael Garcia, ndlr) qui doit voir ce qu'il y a dans ce dossier et de voir ce qui est vrai ou pas vrai".
Q: M. Garcia aura accès à tous les documents?
R: "Bien sûr, il a accès à tout. On est transparent. Ce dossier était fermé légalement, maintenant il est ouvert".
Q: Cela vous a blessé toutes ces accusations sur vous ?
R: "Des journalistes soit-disant d'investigation étaient persuadés que mon nom figurait sur les reçus d'argent. Mais là ils pouvaient aller chercher longtemps. Jamais, jamais. J'aurais honte dans un cas comme cela. Il faut arrêter avec cela".
Q: M. Garcia veut par ailleurs se pencher sur les conditions d'attributions des Mondiaux 2006, 2018, 2022. Avez-vous matière à soupçonner des irrégularités?
R: "Non. La seule chose que j'ai dite en ce qui concerne l'Allemagne, qui a fait des vagues en Allemagne, c'est qu'il y a un type, lors du dernier passage du vote, qui a quitté la salle. C'est tout. Sinon il faudrait remettre en cause toutes les attributions depuis 1986, depuis que j'étais secrétaire général. Mais si quelqu'un veut aller voir (...) venez, on ouvre".
Q: Si à la fin de ce mandat vos objectifs de transparence, de réforme, ne sont pas atteints serez-vous tenté de vous représenter?
R: "Si je ne remets pas la Fifa sur les bons rails, alors j'aurais failli. Mais je suis certain que j'y arriverai".
Q: Donc, définitivement, c'est votre dernier mandat ?
R: "Il y a toujours une possibilité, mais maintenant cela fera 40 ans (à divers postes) que je suis à la Fifa et après 40 ans je crois quand même qu'on arrivera à trouver quelqu'un qui peut reprendre le flambeau de la Fifa. Mais j'aimerais bien que celui qui reprend continue de penser que le football est pour tous et pas seulement pour les riches, ça c'est important".
© AFP/Gabriel Bouys
Michel Platini
, le président de l'UEFA, lors du quart de finale de l'Euro Grèce-Allemagne, le 22 juin 2012, à Gdansk (Pologne).
Q: Michel Platini correspond à cette définition ?
R: "C'était mon disciple. Je pense que quand il fera le saut de la confédération (UEFA) à la présidence (Fifa), il faudra voir le football dans une autre dimension. C'est beaucoup plus facile de diriger l'UEFA qui est riche, qui a tout, c'est dans un fauteuil".
Q: C'est un peu trop tôt pour lui?
R: "Non, pourquoi ? Demandez-lui. En tout cas, lors de notre dernière discussion, il m'a dit +je ne pourrai pas assumer la présidence comme toi+. Mais chaque président a son style propre".
Q: Donc, c'est un un bon successeur possible ?
R: "Bien sûr c'est un bon successeur possible".