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Michel Platini , président de l'UEFA, a fait appel samedi de sa suspension par la Fifa, écrivant le nouvel épisode d'une crise au sommet du football mondial qui se déplace maintenant devant les tribunaux sportifs, déjà saisis par Joseph Blatter.
Le Français de 60 ans a officiellement interjeté appel samedi matin devant la chambre de recours de la Fifa à Zurich, comme l'a indiqué son entourage à l'AFP. L'ancien capitaine des Bleus conteste la suspension de 90 jours à titre conservatoire qui lui a été infligée jeudi par la commission d'éthique de la Fifa. Cette sanction le prive de toute activité liée au football durant cette période et l'appel déposé samedi, dont le libellé n'a pas été précisé, n'a pas de caractère suspensif.
C'est un paiement de 1,8 million d'euros reçu en 2011 de Sepp Blatter, le président démissionnaire de la Fifa (également suspendu 90 jours), pour un travail de conseiller arrêté en 2002, qui vaut à Platini cette sanction. Ce même dossier lui avait déjà valu d'être entendu fin septembre comme témoin assisté par la justice suisse.
Dans un entretien exclusif avec l'AFP le 29 septembre, Platini avait assuré avoir déclaré cette somme au fisc et avoir payé les impôts en découlant.
Samedi, Platini a pourtant reçu une première marque de soutien de poids hors d'Europe: la Confédération sud-américaine de football a ainsi jugé "disproportionnée" cette suspension et en a demandé la révision, jugeant le Français comme "pleinement" à même "de diriger la Fifa".
- Platini et FFF, même combat? -
L'appel de Platini n'est pas une surprise. Dès l'annonce de sa sanction, le champion d'Europe des nations 1984 s'était montré combatif, dénonçant une "farce".
"Je rejette dans leur intégralité les allégations qui me sont reprochées et qui reposent sur de simples apparences juridiques, elles-mêmes d'une imprécision stupéfiante. Le libellé (de la sanction, ndlr) se borne en effet à indiquer qu'un manquement au code d'éthique de la Fifa +semble avoir été commis+", écrivait-il encore jeudi.
Certes, cette suspension n'écarte pas de facto sa candidature à la présidence de la Fifa, avec une élection prévue le 26 février à Zurich. Mais c'est la commission électorale de la Fifa qui décidera et Platini devra alors se soumettre à une enquête d'intégrité menée par ceux qui viennent de le suspendre... La date de dépôt des candidatures est le 26 octobre.
Si l'appel devant la chambre de recours est rejeté, l'ancien joueur vedette de la Juventus aura ensuite la possibilité de se tourner vers le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne.
Mais le TAS pourrait être sollicité bien avant. La Fédération française de football (FFF), qui a apporté son parrainage à la candidature de Platini à la présidence de la Fifa, pourrait en effet saisir cette instance au motif que la suspension infligée à son poulain est infondée et nuit à l'image de la FFF, comme l'a annoncé samedi le quotidien Le Parisien.
- Embouteillage en vue au TAS -
Sur un plan purement théorique, des sources proches du dossier ont précisé à l'AFP que l'UEFA pourrait aussi saisir le TAS pour les mêmes motifs (sanction infondée, atteinte à l'image de l'institution) pour tenter de faire casser la suspension de son président. Ce recours n'a pas été formalisé pour l'heure.
Sepp Blatter, lui, avait fait appel dès vendredi devant la chambre de recours de la Fifa de sa suspension de 90 jours. Au passage, le Suisse de 79 ans a demandé à être à nouveau entendu par la commission d'éthique de la Fédération internationale, ce qui avait pourtant déjà été le cas le 1er octobre.
Cette demande risque d'irriter les juges de la Fifa en appel, a précisé à l'AFP un connaisseur du dossier. Mais le président en exercice de la Fifa depuis 1998 aura lui aussi la possibilité de saisir ensuite le TAS en cas de rejet de son appel.
Autre candidat poids lourd à la présidence de la Fifa, Chung Mong-joon entend saisir le TAS dès la semaine prochaine. Le Sud-Coréen a été suspendu 6 ans ferme par la commission d'éthique, notamment pour une infraction lors de l'attribution du Mondial-2022 au Qatar.
Le milliardaire, membre de la famille propriétaire de Hyundai, ancien vice-président de la Fifa, veut attaquer la commission d'éthique pour une "erreur judiciaire" qui nuit à sa "réputation".
Loin des pelouses, ce sont les avocats qui ont désormais les clés de l'avenir du football mondial.