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Plusieurs entreprises multinationales, dont Nike, Adidas et Coca-Cola, associées au sponsoring de la Coupe du monde de football ont exhorté mercredi la Fifa à faire le ménage en son sein après l'inculpation de plusieurs de ses dirigeants pour corruption.
Les cartes de crédit Visa sont allées jusqu'à menacer de se désengager. Faute de changements, "nous avons informé (la Fifa) que nous réévaluerions notre parrainage", a fait valoir Visa dans un communiqué, évoquant ses "profondes déception et inquiétude", a dit Visa dans un communiqué.
"En tant que sponsor, nous comptons sur la Fifa pour prendre des mesures rapides et immédiates pour régler ces problèmes", a ajouté Visa, expliquant que son parrainage avait pour but d'"encouragerles communautés au rassemblement et de célébrer l'esprit de compétition et de réussite personnelle".
"Cette longue controverse a terni la mission et les idéaux de la Fifa et nous avons déjà exprimé de façon répétée nos inquiétudes sur ces accusations sérieuses", a réagi pour sa part Coca-Cola, qui verse une trentaine de millions de dollars à la Fifa par an. Dans un courriel transmis à l'AFP, il a enjoint l'organisation à se saisir des questions de corruption.
Même son de cloche chez le géant du fast-food McDonald's qui a souligné prendre "très au sérieux" les problématiques ayant trait à l'éthique et à la corruption, et jugé "extrêmement inquiétantes" les révélations de la justice américaine.
Idem pour le brasseur belgo-brésilien AB Inbev (Anheuser-Busch), autre sponsor important par le biais de sa marque de bière Budweiser, qui souhaite que "tous ses partenaires maintiennent de grandes exigences en matière d'éthique et opèrent dans la transparence".
- Nike coopère -
L'équipementier sportif allemand Adidas de son côté a souligné qu'il maintenait son soutien financier au football mais a encouragé la Fifa "à continuer de mettre en place et à respecter des normes conformes à la transparence dans tout ce qu'elle fait".
Son concurrent américain Nike a lui affirmé "coopérer" avec l'enquête américaine qui, sans le citer nommément, l'identifie toutefois assez précisément.
"Nous avons coopéré et continuerons de coopérer avec les autorités", écrit la marque à la célèbre virgule (The Swoosh) dans une déclaration à l'AFP.
Selon le département de la Justice américain (DoJ) qui a inculpé des dirigeants de la Fifa, "certains faits répréhensibles sont liés à la sollicitation et à la réception de pots-de-vin et de dessous de table liés au sponsoring de la fédération brésilienne de football (CBF) par un important équipementier sportif américain, la sélection du pays hôte de la coupe du Monde 2010 et l'élection du président de la Fifa en 2011".
Selon des documents judiciaires, l'entreprise américaine en question a également signé un contrat exclusif en 1996 pour équiper et chausser exclusivement la sélection brésilienne. Cet accord sur 10 ans, était évalué à 160 millions de dollars.
Parallèlement, cette même société aurait versé 40 millions de dollars sur un compte bancaire suisse appartenant à un responsable d'une entreprise achetant et vendant des droits marketing au Brésil. Une partie de cet argent aurait été versée à un responsable de "haut rang" de la Fifa et à un dirigeant du football brésilien.
Le sponsor officiel de l'équipe brésilienne est Nike.
- 'Pression politique et commerciale' -
Le géant du gaz russe Gazprom s'est borné à souligner qu'il n'y avait pas d'accusation "concrète" contre lui. C'est la Russie qui doit organiser la Coupe du monde de football en 2018.
"Toutes ces entreprises doivent réagir comme si elles faisaient partie de la solution. Elles doivent prendre les devants en réclamant un grand nettoyage, ou menacer de retirer leur soutien à terme", souligne David Carter, au Marshall Sports Business Institute à l'Université de Californie du Sud.
Les sponsors "peuvent exercer une pression politique et commerciale. Ils ont du poids et peuvent s'en servir s'ils estiment que ce scandale de corruption est avéré et peut potentiellement à long terme avoir des effets négatifs", souligne-t-il.
Andrew Zimbali, du Smith College (Massachusetts, nord-est), estime pour sa part que "c'est une bonne journée pour la Fifa car c'est le début du grand nettoyage d'une organisation corrompue qui se détruisait elle-même".
"La plupart des sponsors qui investissent avec la Fifa connaissaient déjà le problème", selon lui, et vont maintenant pouvoir faire pression pour des réformes.